Des migrants interpelés par l'armée le 3 octobre dernier. Des migrants interpelés par l'armée le 3 octobre dernier. 

Guatemala : les évêques appellent à ne pas criminaliser les migrants

La Conférence épiscopale du Guatemala (CEG) appelle à une considération fraternelle des migrants, alors que plus de 3 300 Honduriens viennent d’être expulsés du pays. Dans une lettre pastorale publiée en ce début du mois du rosaire, les évêques invitent également les citoyens à se montrer prudents face à la menace de contagion et soulignent combien le report sine die des élections pour nommer les principaux magistrats du pays est le signe d’une crise institutionnelle dans le pays.

Vatican News

La société guatémaltèque et en particulier les fidèles catholiques sont invités à s’engager auprès des frères de pays voisins. Dans leur lettre intitulée «J'ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle», les évêques appellent à l’empathie et à la solidarité avec les migrants en quête d’une vie meilleure.

La lettre évoque l’arrivée dans l’est du pays, le 1er octobre dernier, d’une caravane de migrants en provenance du Honduras. Elle avait forcé un cordon militaire, puis s’était fragmentée en différents groupes qui ont essayé de se diriger vers le Mexique, pays qui a fermé ses frontières en raison de la pandémie et à l’approche des élections américaines du 3 novembre.

Expulsion de 3 384 migrants

Cette nouvelle vague d’arrivée met «une fois de plus en lumière ce drame humain», estiment les évêques qui demandent à chacun de prendre en considération «leurs histoires de souffrances et de pauvreté», en considérant fraternellement leurs frères.

«Puissent les États et chacun d'entre nous ne pas tomber dans la tentation de criminaliser leur présence, mais de les considérer comme une voix urgente pour créer de meilleures conditions afin d'empêcher les migrations de notre propre terre», ajoute le message.

Depuis, les 3 384 migrants honduriens ont été expulsés du pays. Le président Alejandro Giammattei l’a annoncé dimanche soir à la télévision. Ces migrants représentaient selon lui «un facteur de risque pour la propagation du virus». Au Guatemala, pays d'environ 17 millions d'habitants, près de 94 000 cas d’infection dont quelques 3 300 décès ont été officiellement enregistrés depuis mars. Dimanche, le président a également annoncé avoir surmonté son infection à la Covid-19, deux semaines après sa contamination.

Possible retour à l'église 

Après quatre mois de restrictions strictes, le pays a repris ses activités économiques en juillet. Le premier octobre dernier, un nouvel assouplissement est entré en vigueur. «La fin de l'état de calamité et l'ouverture des activités sont l'occasion de reprendre les relations sociales avec espoir, en maintenant toujours la prudence indiquée par les autorités sanitaires pour éviter une nouvelle vague de contagion», souligne le document.

Les églises pourraient rouvrir et les fidèles de nouveau participer à la messe. Une période de transition qui exige «une plus grande responsabilité de la part des citoyens». La conférence épiscopale assure qu’un protocole a été mis en place pour les célébrations liturgiques.

Crise insitutionnelle

Autre sujet abordé dans cette lettre pastorale, la nomination des juges de la Cour suprême et des cour d’appel. Il est urgent d’organiser des élections, estiment les évêques. Le vote aurait dû se tenir le 13 octobre 2019. Il a été reporté, puis suspendu une énième fois le 24 juin dernier par le Congrès en raison d’illégalités et de bévues administratives. Aucune date n’a été fixée. Cette «longue période» sans élections en bonne et due forme «en dit long sur la crise institutionnelle» en cours. Les évêques espèrent une élection transparente et légitime pour «donner de l’espoir à ceux qui souhaitent un autre Guatemala»

Enfin, le message revient sur l'importance de la défense et du respect de la vie et de la famille. «La véritable dignité des femmes n'est pas liée à la promotion du crime qu’est l'avortement», écrivent-ils. Ils appellent à protéger les générations présentes et futures dont dépend l'avenir de la nation et invoquent la protection de Notre-Dame du Rosaire, pour «un Guatemala différent, meilleur à tous égards, et surtout pour vivre une fraternité responsable au sein de la société».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

07 octobre 2020, 12:27