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Le père Olinto Marella, ici dans les années 1960 dans les rues de Bologne. Le père Olinto Marella, ici dans les années 1960 dans les rues de Bologne. 

Béatification du père Olinto Marella, le «clochard de Dieu»

Ce prêtre atypique et pionnier dans les méthodes d'éducation, qui avait été suspendu de son ministère, avait ensuite été réhabilité et réintégré dans le diocèse de Bologne. C'est dans cette ville que sa messe de béatification a été célébrée ce dimanche par le cardinal Matteo Zuppi.

Roberta Barbi - Cité du Vatican

De la suspension a divinis du sacerdoce à la béatification: le chemin terrestre d'Olinto Marella est atypique. Originaire de Pellestrina, une petite île de la lagune vénitienne située entre Venise et Chioggia où il est né en 1882, il y a passé ses années de formation, dans une période d’effervescence où le catholicisme était animé par de forts mouvements de renouveau interne. La pauvreté qu'il voyait autour de lui était l'incitation décisive pour qu'il devienne un grand témoin de la charité.  

D'une intelligence peu commune et avec une vocation mûrie très tôt , Olinto part à Rome pour étudier au séminaire. Mais bientôt, la vie le rappelle en Vénétie, en raison d’un deuil familial. Cela ne l'empêchera pas d'approfondir des thèmes théologiques tels que la piété, et de développer une pensée personnelle, critique des méthodes rigides d'enseignement alors courantes, mais qui, selon lui, étouffaient la liberté de l'individu.

Dans ces années-là, il fut un camarade de classe d'Angelo Roncalli, le futur Pape Jean XXIII, qui se souviendra toujours de lui comme d'un «ami très cher». Après son ordination en 1904, Olinto a été envoyé au séminaire de Chioggia pour enseigner l'histoire ecclésiastique et l'Écriture Sainte. Là, il a pu immédiatement expérimenter sa nouvelle méthode d'approche directe de l'Évangile et se confronter à des thèmes qui étaient alors tout juste émergents, comme la relation entre l'Église et l'économie ou entre l'Église et le développement scientifique.

Le père Olinto, grand éducateur

Mais ce qui occupe avant tout les pensées et les préoccupations de Don Marella, ce sont les conditions de vie des gens qui vivent sur son île et qu'il rencontre tous les jours. Avec son frère, qui est étudiant en ingénierie, il fonde la "Récréation populaire", un projet éducatif unique dans ce territoire, qui vise à lutter contre l'analphabétisme rampant dès la petite enfance. Dans les écoles qui le composent, le prêtre devient un père pour tous, et c'est ainsi qu'on commence à l'appeler "Père Olinto".

Les jeunes l'adorent parce qu'ils trouvent en ce prêtre un camarade de jeu qui leur enseigne par le biais du théâtre, de la bibliothèque itinérante, du sport... De plus, dans les écoles de la Récréation, les deux sexes vivent ensemble. Cette mixité, très rare à l’époque, était considérée par le père Olinto comme un atout pour le développement mutuel, et pour faire grandir un idéal de fraternité et une véritable intégration humaine pour les jeunes.

Pendant des années loin du sacerdoce, mais pas de l'éducation

Cependant, tout le monde n'apprécie pas le travail du père Olinto, qui fait de plus en plus parler de lui. Même au sein du clergé, il se fait des ennemis qui, s'ils ne le qualifient pas directement de subversif, le définissent au moins comme «trop évangélique et pas très canonique». Cette suspicion aura des conséquences graves: le 24 septembre 1909, il est informé de la suspension a divinis signée par le Pape Pie X.

Le prêtre déchu ne pouvait qu'accepter avec obéissance ce "martyre spirituel", même si la motivation de la mesure infligée le faisait souffrir: ses accusateurs lui reprochaient d'avoir été vu en compagnie de Romolo Murri, un prêtre également suspendu a divinis et ensuite excommunié la même année en raison de son engagement politique et social.

Olinto a dû reconstruire sa vie et il l'a fait à partir de son travail. Il s'engage dans l'armée engagée dans la Première Guerre mondiale, obtient des diplômes d'histoire et de philosophie, et un diplôme d'enseignement. Puis il commence à faire la seule chose qu'il sait faire, et qu'il a toujours faite: enseigner, précisément. En tant que professeur, il parcourra toute la péninsule, C’est finalement en 1925 qu’il sera réhabilité par le cardinal-archevêque de Bologne, qui l’accueille dans son diocèse.

La plus connue des nombreuses œuvres dont il est initiateur est certainement la Cité des enfants en 1948, où il éduque sans contrainte de jeunes orphelins et abandonnés, en appliquant la méthode de l'autogestion encadrée. Il peut enfin approfondir le thème, qui lui est si cher, de l'éducation fondée sur la liberté, mais une véritable liberté personnelle qui vient du Christ. Il essaie de dépasser le modèle de la leçon horizontale classique, à laquelle il préfère la conversation directe avec ses élèves. Il les interroge, les stimule, les réconforte. En un mot: il les aime.

En raison de cette proximité non seulement spirituelle mais aussi physique avec les personnes dans le besoin, le père Marella a été surnommé «le clochard de Dieu». D'abord, en effet, il a incarné la relation qu'il doit y avoir entre l'Évangile et la vie, entre l'Évangile et la charité, une charité qui pour lui n'aura pas de limites. Sa mort, le 6 septembre 1969, provoquera une vive émotion dans toute la population de Bologne, qui s'était attachée à sa bonté et à sa présence.

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04 octobre 2020, 15:12