Une église de Zurich en mai 2020, image d'illustration. Une église de Zurich en mai 2020, image d'illustration.  

Rôle des femmes, abus sexuels et migrants au centre de la plénière des évêques suisses

La Conférence épiscopale suisse (CES) s’est réunie le 15 septembre dernier pour sa 329e session plénière dans le canton du Jura. Une assemblée dominée par des discussions autour du rôle des femmes et des laïcs dans l'Église suisse, le point sur les abus sexuels dans l'Église et la situation dramatique des réfugiés à Lesbos.

Parmi les temps forts de la session, rapporte le site de la CES, la rencontre d'une délégation d'évêques, accompagnée de délégués du Conseil des femmes de la Conférence épiscopale, et d'une délégation de la Ligue suisse des femmes catholiques (Lsfc) pour discuter de la question des femmes dans l'Église dans le cadre du chemin de renouveau ecclésial décidé l'année dernière par la CES, un événement «historique» pour l'Église suisse. Bien que les évêques suisses aient déjà initié des rencontres individuelles avec des femmes et des hommes sur le thème du renouveau de l'Église et avec des membres individuels de la Ligue pour la rendre plus participative, c'est la première fois qu'une rencontre à ce niveau a lieu avec la Lsfc, une organisation qui regroupe plusieurs associations féminines catholiques de la Confédération.

La réunion s'est articulée autour de quatre ateliers axés sur les paragraphes 99 à 103 de l'Exhortation apostolique post-synodale du Pape François Querida Amazonia consacrée à la force et au don des femmes dans l'Église. Ce fut une occasion importante de se connaître et de dialoguer sur le thème du rôle des femmes dans l'Église, que la Ligue considère encore trop marginal, notamment en ce qui concerne les postes de direction et de responsabilité. Les trois délégations ont convenu que le renouvellement de l'Église ne peut avoir lieu sans la participation active des femmes. Mgr Charles Morerod s'est également exprimé en ce sens : «Les diocèses ne peuvent pas espérer que tout reste comme ça, car nous ne serions plus crédibles. Une conversion commune est nécessaire», a déclaré l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, qui a également reconnu les difficultés sur la façon de concrétiser un changement. 

Une autre question délicate abordée lors de l'assemblée concernait la «La conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l'Eglise», un document publié le 29 juin dernier par la Congrégation pour le Clergé. Tout comme en Allemagne, ce texte a suscité un certain débat également dans l'Église helvétique, où il existe une longue tradition de collaboration entre le clergé, les religieux et les laïcs dans le service ecclésial. Il s'agit notamment de comprendre comment concilier une expérience désormais bien établie dans le pays, qui laisse de toute façon certaines questions ouvertes, et les directives de l'Église universelle.

Lutte contre les abus sexuels et soutien aux réfugiés

Au cours de ces travaux, les évêques suisses ont fait le point sur la lutte contre la pédophilie dans l'Église et sur les réparations accordées aux victimes. L'assemblée s'est vu présenter les statistiques recueillies en 2019 par les différentes commissions d'experts mises en place dans les diocèses. L'année dernière, 29 cas prescrits par la justice civile ont été signalés, dont 21 concernaient des crimes commis entre 1950 et 1980 et 8 entre 1981 et 2000. Six abus concernent des cas actuels commis après l'an 2000. Ces chiffres n'incluent toutefois pas ceux de la Cecar, la Commission spéciale indépendante créée en 2016 pour l'écoute, la conciliation, l'arbitrage et l'indemnisation des victimes, qui a présenté son rapport à Lausanne le 17 septembre. Les informations présentées à la CES semblent indiquer que les mesures adoptées par les évêques en 2002 fonctionnent, même s'il ne s'agit que de la partie émergée d'un iceberg dont on ignore la profondeur, comme l'a souligné Mgr Felix Gmür, président de la Conférence épiscopale suisse, qui a une nouvelle fois exhorté les victimes à dénoncer les abus subis.  

Enfin, les évêques se sont penchés sur la situation des réfugiés à Lesbos après les incendies qui ont détruit le camp de demandeurs d’asile de Moria. Les évêques ont exprimé leur consternation face à la nouvelle aggravation de la situation sur l'île grecque et ont salué la récente décision du Conseil fédéral d'accepter 20 mineurs du camp de Moria. Ils ont également été réconfortés par la volonté manifestée par plusieurs villes suisses d'accueillir d'autres réfugiés et ont demandé aux différentes institutions ecclésiales de mettre leurs installations à disposition. Bien qu'il s'agisse d'un problème qui ne peut être laissé à un seul pays, mais qui doit être traité au niveau international, la CES estime que cette contribution de la Suisse est importante.

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20 septembre 2020, 14:03