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"Trop c'est trop!": les évêques haïtiens s'alarment de la violence des gangs

La conférence épiscopale haïtienne s’exprime après le meurtre du bâtonnier de Port-au-Prince, il y a quelques jours. Cet énième assassinat témoigne d’une situation sécuritaire devenue délétère sur l’île caribéenne où la violence des gangs s’exerce en toute impunité. Les évêques fustigent l’indifférence des autorités et se font les porte-voix d’une exaspération croissante au sein de la société.

Maitre Montferrier Dorval a été tué alors qu’il rentrait chez lui, sur les hauteurs de la capitale haïtienne, dans la nuit de vendredi à samedi dernier. La photo de son corps criblé de balles a circulé sur les réseaux sociaux, suscitant la colère et l’indignation de nombreux Haïtiens.

Cette réalité est malheureusement devenue «le quotidien de la population», observent les évêques qui présentent leurs condoléances à la famille de la victime. Cette atteinte à la vie se double d’une atteinte à «la justice et au droit», ainsi qu’à «la convivialité sociale». L’épiscopat s’élève «contre cette insécurité endémique», générée par la violence des gangs qui minent le pays, semant la mort et le deuil parmi les habitants.

L'inaction et l'indifférence des autorités

Les assassinats ciblés de ce type augmentent en effet de manière inquiétante; quelques heures avant le meurtre de maître Dorval, c’est un homme d’affaire qui a été retrouvé tué dans sa voiture, en plein jour, dans le centre même de Port-au-Prince. Fin juin et début juillet, deux manifestations pacifiques organisées dans la capitale pour dénoncer ce climat d'insécurité avaient été violemment réprimées par la police. Des membres de gangs avaient ensuite défilé dans les rues du centre-ville, exhibant leurs armes et tirant régulièrement en l'air, sans que les forces de sécurité n’interviennent.

Et les évêques d’interpeller directement les autorités, les mettant face à leur inaction: «pourquoi les autorités et les forces de l’ordre restent-elles indifférentes, les bras croisés, sans rien faire ? Pourquoi le pays est-il livré aux mains des bandits et des assassins ?». Les pasteurs se font l’écho d’une exaspération grandissante au sein de la «population civile paisible», lasse des «discours creux, des vaines promesses et des enquêtes sans suite». Ce peuple meurtri et éprouvé «veut et réclame tout de suite des actions concrètes et fortes pour éradiquer définitivement l’insécurité et l’impunité qui augmentent sa misère et le désespoir. Nous disons avec lui : Trop, c’est trop !»

159 meurtres en 6 mois

La situation exige une intervention immédiate des autorités, avertissent les évêques, et pour cause: «le pays s’enfonce chaque jour davantage dans les ténèbres du marasme économique, de la souffrance, du désespoir. Il faut absolument un sursaut citoyen national, général, de toutes les forces morales et spirituelles du pays, sinon il va sombrer à tout jamais dans le gouffre. Et nous serons tous perdants, gouvernants et gouvernés».

La violence gratuite de ces groupes armés vient compliquer un peu plus la situation dramatique d’Haïti. Entre janvier et juin 2020, le bureau des Nations Unies en Haïti a relevé qu'au moins 159 personnes avaient été tuées et 92 autres blessées en raison de leurs exactions.

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01 septembre 2020, 17:10