Des Philippins suivant à la télévision le discours du président Duterte, le lundi 27 juillet 2020. Des Philippins suivant à la télévision le discours du président Duterte, le lundi 27 juillet 2020. 

L’Église s’élève contre la peine de mort aux Philippines

Deux évêques catholiques et un prêtre jésuite ont attaqué une déclaration du président Rodrigo Duterte, publiée dans son discours sur l'état de la nation, selon laquelle la peine de mort serait la solution au problème de trafic de drogue et de délinquance.

La peine capitale, abolie aux Philippines en 2006 par l'ancienne présidente Gloria Arroyo, fait régulièrement l’objet de déclaration du chef de l’État en faveur de son rétablissement, mais pour le moment il n’y est pas parvenu car le Sénat a bloqué le vote de la loi adoptée en 2017 par la chambre des représentants, qui est, elle, majoritairement favorable au président.

Dans son discours au Congrès, ce lundi 27 juillet, Rodrigo Duterte a déclaré que le rétablissement de la peine de mort pour trafic de drogue et autres crimes odieux inspirerait la peur aux criminels. Mgr Joel Baylon, évêque de Legazpi, président de la Commission épiscopale pour la pastorale pénitentiaire, a cependant souligné dans une déclaration rapportée par UCA News que cette croyance a été «démentie à plusieurs reprises» dans diverses études.

«L'Église, a-t-il dit, a toujours soutenu que la peine de mort, sous quelque forme que ce soit, n'est jamais un moyen de dissuasion du crime. Des études l'ont montré à plusieurs reprises». Au lieu de rétablir la peine de mort, a donc poursuivi le prélat, l'administration Duterte devrait se concentrer sur des options plus dignes, car «avec la peine de mort, la justice n'est rien d'autre qu'un châtiment et jamais un moyen de réformer le coupable. La véritable justice, cependant, est réparatrice, jamais punitive.»

Un danger pour les Philippins de la péninsule arabique

Mgr Ruperto Santos, évêque de Balanga, a voulu souligner un autre problème qui se pose en rétablissant la peine de mort, à savoir que «nous perdons l'autorité morale et la crédibilité pour supplier d'épargner la vie de nos travailleurs philippins emprisonnés à l'étranger». «Nous voudrions convaincre des pays comme l'Arabie saoudite que les Philippines sont un pays catholique dont les habitants aiment la vie, a-t-il expliqué. Nous croyons que les gens changent pour le mieux, mais avec la peine de mort, nous perdons le pouvoir de le dire aux pays qui l'appliquent».

Le père jésuite Silvino Borres, président de la Coalition contre la peine de mort, a déclaré au cours de la messe célébrée après le discours du président, que les criminels ont «le droit à la réhabilitation». «Chaque fois que la mort d'une autre personne est invoquée, même seulement en pensée, nous sommes déjà en train de pécher contre le Seigneur qui appelle tout le monde à la vie». En fait, «même s'il demande justice pour les pécheurs et pour ceux qui ont commis des crimes, a-t-il poursuivi, «il les appelle à vivre et à être réhabilités parce que le Seigneur ne se réjouit pas de la mort des méchants». Le prêtre a ensuite conclu en soulignant que bien que la peine de mort ait été suspendue dans le pays, «la culture de la mort est toujours présente ici parmi nous».

Vatican News Service - AP

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29 juillet 2020, 13:02