Désinfection d'un médecin en service à Juba, la capitale du Soudan du Sud, le 24 avril 2020. Désinfection d'un médecin en service à Juba, la capitale du Soudan du Sud, le 24 avril 2020. 

Au Soudan du Sud, une neuvaine de Pentecôte pour lutter contre la pandémie

Dans le diocèse de Tombura-Yambio, l’Église appelle à invoquer le Saint-Esprit pour demander la consolidation de la paix et la reprise de la formation du nouveau gouvernement, le processus politique ayant été suspendu par l'arrivée du virus.

Federico Piana- Cité du Vatican

Le diocèse de Tombura -Yambio est situé au Soudan du Sud, un pays d'Afrique centrale et orientale affligé par la guerre civile, la pauvreté, les crises environnementales et maintenant aussi la dureté du virus. Son évêque, Mgr Eduardo Hiiboro Kussala, a appelé à une neuvaine en préparation de la Pentecôte, la solennité dans laquelle l'effusion de l'Esprit Saint est célébrée, avec un espoir : «Que l'Esprit nous illumine et nous donne la force d'accepter et de faire face aux défis dans lesquels nous nous trouvons maintenant. Et qu'il nous montre la voie pour être chrétiens dans une situation où même notre façon de prier a été mise à l'épreuve.»

Comment avez-vous vécu le confinement qui a empêché les célébrations avec le peuple et a fermé les églises?

Nous avons passé Pâques dans nos chambres, de manière individuelle. Pendant des mois, les fidèles n'ont pas prié ensemble, ce qui pourrait également fausser la spiritualité avec laquelle ils retourneront à l'église. Avec cette neuvaine, nous demandons à l'Esprit Saint de nous faire rester toujours unis, comme une seule Église, même si pour l'instant nous restons dans nos maisons.

Le but de la neuvaine est aussi de demander la paix pour une nation traversée par des conflits et des tensions...

Ce n'est pas seulement le problème de la pandémie. Le coronavirus est arrivé alors que nos dirigeants tentaient de former un nouveau gouvernement, qui est resté incomplet. Avec la neuvaine, nous demandons à l'Esprit Saint d'éclairer les dirigeants du pays et son peuple afin que tous puissent travailler ensemble pour construire la paix.

En période d'urgence sanitaire, comment peut-on définir la situation politique ?

Tout est suspendu. Il ne se passe rien. Par exemple, le gouvernement n'a pas pris la gestion de la pandémie au sérieux : le virus a même touché le vice-président et son épouse, le ministre de la Défense et d'autres ministres. Avant l'urgence, le gouvernement national aurait dû avoir fini de se former, mais maintenant tout est bloqué. Prions le Saint-Esprit de reprendre le chemin du rétablissement de la paix.

La suspension dont vous parlez pourrait-elle être un déclencheur de nouvelles tensions et de violences?

C'est possible. Le compromis pratiqué jusqu'à présent par les forces politiques n'a pas porté ses fruits, car la confrontation entre les parties persiste. Et puis il y a un manque de leadership dans toutes les régions du pays qui pourrait générer de nouveaux conflits. La communauté internationale n'est pas suffisamment proche de nous, elle devrait faire plus.

Tous les fidèles et nos amis dans le monde doivent continuer à prier pour nous. Parce que nous n'avons pas d'instructions pour combattre le virus : nous nous en remettons entièrement au Seigneur. Dans les villages, nous prions, mais cela ne suffit pas, il faut que tout le monde prie. Alors nous avons aussi besoin d'une aide matérielle. Je suis bien conscient que l'Europe et les autres pays occidentaux sont occupés à panser leurs propres blessures, mais je demande qu'ils se penchent également sur nos propres besoins. Ne nous oubliez pas!

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28 mai 2020, 18:25