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Mgr Natale Paganelli, administrateur apostolique de Makeni en Sierra Leone Mgr Natale Paganelli, administrateur apostolique de Makeni en Sierra Leone 

Dans un climat de tensions en Sierra Leone, l’appel à la paix de Mgr Paganelli

Au cours d’une homélie prononcée à l’occasion de la fête de Notre-Dame de Fatima, l'administrateur apostolique du diocèse de Makeni, Mgr Natale Paganelli, a lancé un appel aux Sierra-Léonais pour qu'ils retrouvent le chemin de la paix, évitent les divisions tribales et osent le dialogue.

Paul Samasumo et Festus Tarawalie - Cité du Vatican

Mgr Natale Paganelli, missionnaire xavérien, évêque titulaire de Gadiaufala et administrateur apostolique de Makeni, s’est exprimé devant une assemblée très clairsemée ce 13 mai, en raison des mesures de prévention liées au Covid-19, qui frappe aussi ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

«Cette année, nous sommes peu nombreux. Mais nous représentons l'ensemble du diocèse. Tout le diocèse de Makeni est spirituellement présent dans cette cathédrale. Les fidèles prient avec nous», a expliqué le prélat. Ce 13 mai représentait «une occasion spéciale de prier Marie, notre Mère, pour protéger notre diocèse, notre pays bien-aimé et le monde entier de ce virus mortel», a-t-il poursuivi. Notre-Dame de Fatima est en effet la patronne du diocèse de Makeni.

Après Ebola, un nouveau drame sanitaire

«Il y a seulement cinq ans, nous avons vécu la tragédie du virus Ebola. En tant que pays, nous avons réussi à vaincre le virus. Mais le prix à payer fut très élevé. Des milliers de nos frères et sœurs ont perdu la vie. Le pays s'est retrouvé confronté à une grave crise financière qui conditionne encore aujourd'hui la vie de nombreux Sierra-Léonais. Cette fois, la pandémie est plus dangereuse. Le coronavirus est un ennemi dont nous ne savons pas où il se cache. Nous sommes remplis de peur», a reconnu Mgr Paganelli.

Mais l’administrateur apostolique a aussi relevé que cette atmosphère de peur engendre des tensions et de la violence dans le pays. Il a donc lancé un appel à la paix et à l'arrêt immédiat des messages de haine qui circulent sur les réseaux sociaux.

«Malheureusement, le coronavirus n'a pas seulement apporté la peur, la pauvreté et la mort, mais il a également renforcé les divisions dans le pays», a ajouté Mgr Paganelli, avant d’appeler le gouvernement à enquêter rapidement sur de récentes émeutes qui ont éclaté en Sierra Leone.

Au moins quatorze personnes auraient en effet été tuées et d'autres blessées lors d'une émeute qui s’est déroulée fin avril dans une prison de Freetown, la capitale. Les raisons restent floues. Certains prisonniers en ont accusé d’autres de tenter de s'échapper de la prison lorsque la rumeur s'est répandue qu'un détenu nouvellement arrivé avait contracté la Covid-19. D'autres ont souligné l'aggravation des tensions politiques dans le pays en raison de l'arrestation de membres du principal parti d'opposition, dont un ancien ministre de la défense et des affaires intérieures, détenus dans la même prison.

Ne pas alimenter la vengeance et les divisions

Mgr Paganelli a en tous cas estimé que les Sierra-Léonais avaient suffisamment souffert et ne voulaient pas d'un autre conflit alimenté par ceux qui se nourrissent du chaos et de la division.

«Notre histoire a été gâchée par le tribalisme, la vengeance et la guerre civile, alors que les pauvres et les vulnérables portent le poids de notre folie, a-t-il déploré. Je condamne toute personne, toute institution, tout parti politique qui incite au chaos et au chaos et qui en fait l'apologie. Je condamne les arrestations et les détentions arbitraires sans procédure légale régulière. L'État de droit doit prévaloir à tout moment. J'appelle les partis politiques à ne pas attiser les flammes du tribalisme, du régionalisme, de la vengeance et de la division, mais les supplie d’agir de manière responsable pour promouvoir le bien commun. J'appelle toutes les personnes de bonne volonté à s'engager dans un dialogue responsable sur les questions d'État, de sécurité et de bien-être de tous les Sierra-Léonais, a ensuite demandé le prélat. Si nous voulons construire une nation solide, nous devons rechercher le bien commun par la justice et la paix. Il n'y a pas d'autre moyen. Chercher la justice et la paix ! Nous sommes frères et sœurs, enfants du même Dieu. Je vous encourage, en tant que votre pasteur dans la foi, à apporter l'espoir, la vie et la justice dans nos communautés», a-t-il conclu, ajoutant que toute vie est sacrée et doit être protégée.

Mgr Paganelli a aussi prié pour que Marie, Notre-Dame de Fatima, bénisse le peuple sierra-léonais et intercède pour eux.

En Sierra Leone, 408 cas positifs à la Covid-19 sont recensés au 15 mai, et 26 décès. 

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15 mai 2020, 16:57