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Une religieuse offrant un cadeau à un homme sans-abri près du Vatican à la veille de Pâques, le 11 avril 2020. Une religieuse offrant un cadeau à un homme sans-abri près du Vatican à la veille de Pâques, le 11 avril 2020. 

Mgr Hérouard : l'Europe doit faire preuve de solidarité à l’égard des personnes fragiles

Le Président de la Commission de la Comece sur les affaires sociales, Mgr Antoine Hérouard, revient sur le document de la Commission des Episcopats de l'Union européenne présenté après les décisions de Bruxelles sur le plan de 750 milliards d'euros à distribuer aux pays membres pour l'urgence coronavirus.

Giada Aquilino - Cité du Vatican

Après le lancement du Fonds de relance pour faire face à l'urgence coronavirus en Europe, la Commission des épiscopats de l'Union européenne (Comece) exhorte le Vieux Continent à faire preuve de compacité et de solidarité.

Avec le document de la Commission sur les affaires sociales, la Comece se concentre sur la question de la justice sociale : «un plan de relance ambitieux serait un signe visible que l'UE et ses États membres sont de nouveau sur la voie de la solidarité».

L'unité fraternelle

Le texte reprend la prière du Pape François lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe le 22 avril dernier, afin que «l'Europe réussisse à avoir une unité fraternelle dont ses pères fondateurs ont rêvé». Mgr Antoine Hérouard, président de la Commission des affaires sociales de la Comece et évêque auxiliaire de Lille, revient sur les priorités de cette reconstruction européenne.

«Notre appel est aussi de retrouver cet esprit des pères fondateurs, car nous avons constaté que l'Europe dans cette crise n'a pas montré au moins au début un signe d'unité, de fraternité : chaque pays a un peu agi seul, laissant derrière lui les pays les plus en difficulté, je pense en particulier à l'Italie quand l'épidémie a commencé. Notre souhait est maintenant de saluer l'effort et la volonté qui semblent se manifester par la déclaration de la Commission européenne et de la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de faire un pas très important pour créer une solidarité plus concrète au niveau économique, social et financier.

Vous soulignez l'urgence d'un plan de relance qui place la question de la justice au centre : par où commencer alors ?

Nous avons insisté sur trois points. Le premier est la justice écologique. Nous devons également changer notre façon de consommer et de produire, avec des changements profonds dans la vie quotidienne de chacun, afin d'être plus respectueux de l'environnement, selon la voie proposée par exemple par Laudato si’. La deuxième est l'attention portée à la justice sociale car cette crise, comme toutes les autres, crée de très fortes différences entre les gens : nous voyons que beaucoup de gens se retrouvent sans travail et sans argent. Par conséquent, ce besoin de justice sociale doit être placé au centre du projet d'aide aux régions et aux pays qui en ont le plus besoin. Le troisième point de cet effort concerne la question de l'argent, des impôts, et donc de la justice fiscale : comment avoir un système plus juste et dans lequel chacun paie sa propre facture et n'essaie pas de trouver un moyen de sortir de la maison pour ne pas payer d'impôts.

 

À quelles urgences pensons-nous en ce moment ? La protection de l'environnement, la pauvreté...?

Ce sont les deux priorités, notamment parce que la question de la pauvreté sera un défi très fort à relever et que nous n'avons pas encore une conscience très claire de la profondeur de la crise économique et sociale que nous rencontrons en Europe et dans le monde. Dans cette crise, nous devons donc concentrer notre attention sur les petits, ceux qui ont le plus à souffrir dans cette situation, afin d'aider chacun à avoir une vie digne.

La controverse sur l'opportunité de rouvrir les frontières dans cette nouvelle phase de l'urgence peut-elle entraver d'une quelconque manière le redressement du continent?

Nous devons être prudents, ne pas aller trop vite car l'épidémie n'est pas terminée, même si la situation sanitaire s'est améliorée. Mais il est vrai que dans le projet européen, la circulation des personnes - et pas seulement des marchandises - est une chose importante. Au niveau économique également : pour de nombreux pays dont une grande partie de l'économie est basée sur le tourisme, c'est aussi un objectif très prioritaire, mais il serait préférable de le faire dans un plan plus équilibré entre les différents États, en évitant que chacun prenne sa décision en espérant être dans une position plus favorable que les autres.

Comment la Comece voit-elle l'Europe dans l’après-pandémie?

L'espérance se situe dans une conscience plus profonde, dans le fait que notre avenir doit être commun. Et si elle le sera, cela signifie que nous devons nous aider mutuellement, en recherchant plus profondément la solidarité qui a fait défaut. La solidarité est le fondement du projet européen, car si nous nous sommes réunis pour faire certaines choses ensemble, pour partager certaines valeurs, c'est parce que nous pensons avoir quelque chose en commun. Et c'est ce que nous devons réaffirmer, redécouvrir et peut-être même mieux expliquer.»

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29 mai 2020, 18:35