Cérémonie du Feu sacré (Archives 2019) Cérémonie du Feu sacré (Archives 2019) 

Pâques orthodoxe : à Jérusalem, la cérémonie du Feu sacré sans fidèles

Une semaine après les catholiques et les protestants, c’est au tour des Églises orthodoxes de célébrer la Résurrection du Christ ce dimanche. Prémice de la Vigile pascale, la cérémonie du Feu sacré s’est tenue comme de coutume à Jérusalem, mais en très petit comité et sans la présence des fidèles, si essentielle à cet événement unique.

C’est peut-être une première en 17 siècles : la cérémonie du Feu sacré, point d’orgue de la Semaine Sainte orthodoxe à Jérusalem, s’est tenue dans une Basilique du Saint Sépulcre déserte, en présence d’une dizaine de chefs religieux représentant les diverses dénominations orthodoxes.

Les Églises de toutes confessions ont dû s’ajuster aux mesures contraignantes induites par la pandémie de coronavirus. A l’instar de nombreux pays, Israël et la Palestine ont été placés en confinement ; l’annulation des rassemblements, la suspension des messes et la fermeture des Lieux saints ont obligé les Églises à s’adapter pour la célébration de la fête de Pâques. Les fidèles ont ainsi pu suivre les diverses liturgies de ces jours saints en direct sur internet ; cela a également été le cas pour la cérémonie du Feu sacré.

Une cérémonie unique

En temps normal, cet événement offre un spectacle à nul autre pareil. Celui de dizaines de milliers de personnes -dont de nombreux pèlerins-, emplissant les ruelles labyrinthiques de la vieille ville, dans une atmosphère d’ardente et démonstrative ferveur. Coptes, grecs, syriaques ou arméniens, munis de bougies et de croix, s’accommodent d’une longue attente dans l’espoir de pénétrer dans la basilique du Saint Sépulcre (ou Anastasis) et d’assister au «miracle».

Selon la tradition -attestée depuis l’Antiquité-, le patriarche grec-orthodoxe entre dans l’édicule qui abrite le tombeau de Jésus et se met en prière. C’est alors qu’une lumière scintillante jaillit ; le patriarche allume ses cierges, puis sort de l’édicule, afin que la flamme de la résurrection puisse être propagée parmi les fidèles. La foule, rassemblée de manière compacte, éclate en cris de joie, tandis que les bougies s’allument fébrilement, transformant en quelques secondes la basilique plongée dans la pénombre en un magnifique océan de lumière. Au son des cloches, la lumière venue du tombeau vide se répand dans toute la vieille ville, et de là, gagne le reste des territoires israélien et palestinien et même au-delà.

Voyage du Feu sacré

Car habituellement, des émissaires de plusieurs pays à majorité orthodoxe (Russie, Grèce, Roumanie, Bulgarie, etc.) viennent à Jérusalem chercher un flambeau et le ramènent chez eux pour la Vigile pascale de la nuit. Cette année, ces envoyés ne sont pas sortis de leur avion ; la flamme leur a été apportée directement à l’aéroport.

En Roumanie par exemple, où la feu sacré arrivera dans l’après-midi, l’Église orthodoxe est parvenue à un accord avec le gouvernement : des volontaires pourront le distribuer aux fidèles cette nuit, ainsi que du pain béni.

Le Patriarcat œcuménique de Constantinople diffusera en direct ce soir la Divine Liturgie de Pâques depuis le Phanar, son siège à Istanbul ; le Patriarcat de Moscou fera de même. Pour les fidèles qui ne pourront se rendre à l'église et participer aux célébrations, le Patriarche Kirill leur permet de bénir eux-mêmes les paskhas et les koulitchs, savoureuses pâtisseries typiques de ce temps pascal, avec de l’eau bénite.

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18 avril 2020, 13:01