File d'attente devant une banque à Bogota, la capitale colombienne, le 13 avril 2020. File d'attente devant une banque à Bogota, la capitale colombienne, le 13 avril 2020. 

Colombie: entre pandémie et pauvreté, l'Église en première ligne

En Colombie, la fraternité et la solidarité semblent l’unique manière de surmonter toutes les difficultés liées à l’épreuve de la pandémie, qui a déjà fait plus de 100 morts. Mgr Héctor Fabio Henao Gaviria, directeur du Secrétariat national de la pastorale sociale en Colombie, ne cesse d’y inviter, en particulier face à la violence et à la pauvreté.

Entretien réalisé par Gabriella Ceraso - Cité du Vatican

Les actions pastorales menées l'Église catholique colombienne dans le contexte de la crise sanitaire actuelle ont été rassemblées dans un nouvel espace web conçu par le Secrétariat permanent de la conférence épiscopale du pays. Ce site héberge les déclarations, les actions et les communiqués des institutions de l'Église catholique, soit en Colombie, soit au niveau latino-américain et mondial. En Colombie, de nombreuses initiatives ont marqué cette Pâque et continuent de servir les plus démunis, de la pastorale des familles à la solidarité avec les personnes âgées, les personnes seules, sans travail ou sans logement. Il y a aussi la 39e édition de la campagne "Partage chrétien des biens", lancée par l'Église colombienne, et qui cette année est consacrée à l'urgence du coronavirus. Mgr Héctor Fabio Henao Gaviria, directeur du Secrétariat national de la pastorale sociale, nous en parle:

«L'Église colombienne a lancé un appel pour exhorter tout le pays et toute la société à la solidarité avec ceux qui sont dans une situation de pauvreté et qui souffrent le plus de la pandémie. Nous avons ensuite décidé de diviser les diocèses en quatre groupes en fonction des actions les plus pertinentes à entreprendre. Le premier est lié à la situation alimentaire. Nous savons qu'il y a beaucoup de gens qui ont faim et qui ne peuvent pas aller travailler. Ensuite, un groupe important de diocèses a pris la décision d'apporter de la nourriture aux familles qui en ont le plus besoin, et ensuite d'essayer en tant qu'Église d'être présente et proche des personnes en situation de pauvreté.

Une deuxième action est menée en faveur de toutes les personnes qui vivent dans la rue: dans de nombreuses villes, en particulier dans les petites et moyennes villes de Colombie, elles n'ont nulle part où aller et se trouvent donc dans une situation de risque très élevé d'être infectées. Les diocèses ont donc ouvert différents centres pour accueillir ces personnes et tentent de le faire en garantissant des situations de sécurité. Ensuite, nous faisons également une grande campagne pour faire connaître l'impact de la violence familiale: c'est-à-dire que nous faisons un travail d'attention et de proximité psycho-sociale et de présence pastorale dans ces familles dont nous savons qu'elles vivent une souffrance particulière en leur sein.

Quelles sont les préoccupations les plus fortes que vous avez dans votre cœur?

La plus grande inquiétude que j'ai concerne les personnes qui n'ont pas de tissu social autour d'elles et qui se sentent vraiment abandonnées. Ce sont souvent des personnes âgées ayant des problèmes économiques.

Mgr Henao, est-il vrai que, malgré la crise, la violence, surtout contre les leaders sociaux, n'a jamais cessé?

Oui, il y a des affrontements entre les guérillas et les trafiquants de drogue, un groupe important de leaders sociaux est menacé de mort et d'autres ont été assassinés. La situation humanitaire liée au conflit et à la violence continue de nous préoccuper. Les deux situations sont mêlées: la violence d'une part et une pandémie d'autre part. Cette année, c’est une Pâque au cours de laquelle beaucoup de gens souffrent, beaucoup marchent sous la croix, mais ils doivent alors trouver la résurrection, ils doivent trouver le Christ ressuscité.»

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14 avril 2020, 09:46