L'église de Kaya, au Burkina Faso. Le pays fait son entrée dans le rapport de Portes Ouvertes, en 28ème position. L'église de Kaya, au Burkina Faso. Le pays fait son entrée dans le rapport de Portes Ouvertes, en 28ème position.  

Dans le monde, un chrétien sur huit souffre de persécution

L’ONG chrétienne Portes Ouvertes a publié mercredi 15 janvier son index mondial de persécution des chrétiens. Un chiffre en hausse pour la septième année consécutive: le rapport estime que 260 millions de chrétiens ont été persécutés dans le monde en 2019.

Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican 

Corée du Nord, Afghanistan, Somalie… Le trio de tête ne change pas depuis plusieurs années, dans ces pays, les chrétiens sont les plus persécutés, selon l’ONG chrétienne Portes Ouvertes, qui a publié mercredi 15 janvier son index mondial de persécution des chrétiens. Viennent ensuite la Libye, le Pakistan, l’Erythrée et le Soudan. Portes Ouvertes estime qu’un chrétien sur huit est fortement persécuté en raison de sa foi, soit 260 millions dans le monde. Un chiffre en augmentation pour la septième année consécutive. 

Portes Ouvertes définit la persécution contre les chrétiens comme «toute hostilité à l’égard d’une personne ou d’une communauté, motivée par l’identification de celle-ci à la personne de Jésus-Christ». 

Radicalisation des sociétés 

Cette tendance à la hausse s’explique notamment par la radicalisation des sociétés, par exemple en Inde (10eme position dans l’Index), de plus en plus de chrétiens sont touchés par la politique mise en place par les nationalistes hindous, indique Portes Ouvertes.

Le chiffre des églises ciblées est également en hausse, 182 églises et édifices chrétiens ont été visés par semaine, un chiffre multiplié par 5 en un an. 

«Ce chiffre en hausse me fait ressentir beaucoup de douleur», explique Timothy Cho, réfugié en Europe, témoin de la persécution en Corée du Nord, il note une situation «pire en pire» dans son pays, depuis l’arrivée de Kim Jong-un au pouvoir. Toutes persécutions confondues, la Corée du Nord figure à nouveau en tête de ce classement annuel. «L'emprise totalitaire du régime sur chaque individu fait de la foi en Dieu un crime contre le régime, raison suffisante pour finir sa vie en camp de travaux forcés», selon l'ONG.

À noter cependant que si le nombre de persécutions est en hausse, le nombre de chrétiens tués est lui en diminution : 2983 dans l’Index 2020 contre 4305 dans l’Index 2019. Pour la cinquième année consécutive, c’est au Nigeria que le plus de chrétiens sont tués pour leur foi, mais ce chiffre est en baisse. Cela s’explique par un changement de tactique des éleveurs peuls, qui mettent davantage l’accent sur les enlèvements et barrages routiers et effectuent moins de raids dans les foyers et communautés chrétiennes. C’est sur le continent africain que les chrétiens sont les plus tués. 

Double langage

Cette persécution contre les chrétiens prend plusieurs formes, explique Patrick Victor, directeur de Portes Ouvertes, qui dénonce notamment la persécution invisible qui peut frapper les chrétiens : par exemple en Inde, «il y a un double langage, on veut nous dire que tout va bien pour les chrétiens, et d’un autre côté, on s'aperçoit qu’un chrétien qui est d’arrière plan hindou ne peut rester chrétien, il aura énormément de pression sur lui pour rester hindou».

Par ailleurs, les nouvelles technologies peuvent également être utilisées à des fins de persécutions, «nous observons par exemple le fichage biométrique des chrétiens», détaille Patrick Victor, «on fait rentrer les chrétiens dans une espèce de carcan dans lequel ils vont se retrouver fichés et dans lequel leur liberté religieuse est évidemment fortement limitée».

Autre constat de Portes Ouvertes, la situation reste extrêmement difficile pour les personnes qui choisissent de se convertir au christianisme. Ce sont eux qui subissent la persécution la plus forte, «dans beaucoup de pays et dans beaucoup de familles, cette conversion est vue comme un abandon, un abandon de la culture, un abandon de l’Islam, et cet abandon a souvent pour conséquences des attaques ou des meurtres sur la personne».

Interview de Patrick Victor, directeur de Portes Ouvertes

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15 janvier 2020, 18:33