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Des nigérians lisant la presse nationale le jour d'un report d'élections - Lagos, 16 février 2016 Des nigérians lisant la presse nationale le jour d'un report d'élections - Lagos, 16 février 2016 

Séminaristes enlevés au Nigéria: les criminels profitent d'une situation «chaotique»

Quatre jeunes séminaristes ont été kidnappés par des hommes armés le 8 janvier dernier. Les recherches ont été lancées pour les retrouver, mais on ignore encore leur localisation et l'identité de leurs ravisseurs. L'Aide à l'Église en Détresse reconnaît que les «chrétiens nigérians traversent l’enfer depuis des années» et appelle à une action rapide du gouvernement pour assurer la protection des 190 millions d'habitants du pays.

Le quadruple enlèvement s'est déroulé le 8 janvier dernier entre 22h30 et 23h00 heures locales.

Le raid a eu lieu au grand Séminaire du Bon Pasteur à Kaduna, dans l'État du même nom, situé dans le nord du pays. «Les ravisseurs sont passés par-dessus la clôture entourant le dortoir des séminaristes et ont envahi le bâtiment. Ils ont tiré dans tous les sens, ont volé quelques objets de valeur et ont emmené de force quatre séminaristes», comme l'explique un communiqué de l'Aide à l'Église en Détresse (AED) publié ce 13 janvier. «Après le comptage des étudiants avec les agents de sécurité, quatre séminaristes ont été déclarés disparus. Veuillez dire une prière pour leur libération» a transmis à The East African l’un des prêtres responsables du séminaire. La police locale a assuré que tout était fait pour retrouver les séminaristes enlevés.

Des victimes très jeunes

Les quatre séminaristes sont: Pius Kanwai (19 ans), Peter Umenukor (23 ans), Stephen Amos (23 ans) et Michael Nnadi (18 ans). Ils sont originaires de différents diocèses du nord du Nigeria et commençaient leurs études. Depuis l’enlèvement, ils n’ont donné aucun signe de vie, et leur localisation n’est pas connue. L’identité et les motivations des ravisseurs ne sont pas non plus connues.

Selon l’AED, l’enlèvement ne semble pas avoir d’arrière-plan directement religieux, même s’il n’apparaît pas clairement si les ravisseurs ont ou non présenté une demande de rançon aux familles des kidnappés. La situation en matière de sécurité dans la région du Nigeria dont fait partie Kaduna est en tout cas très précaire, en raison des nombreuses attaques commises par des membres de l’ethnie des nomades peuls sur des villages majoritairement chrétiens. Là-bas, d’innombrables personnes sont en fuite. Dans le nord-est du pays, le groupe terroriste islamiste Boko Haram continue d’opérer.

Une situation sécuritaire «catastrophique»

Le président exécutif de l’AED, Thomas Heine-Geldern, «horrifié par cet enlèvement», estime que «la situation en matière de sécurité au Nigeria est catastrophique. Les bandes de criminels profitent de la situation chaotique, ce qui aggrave la situation». Le gouvernement doit de toute urgence prendre des mesures pour protéger la vie et les biens des gens, a-t-il. Selon lui, il est du devoir du gouvernement d’assurer la sécurité du pays et de la population. Sinon, le Nigéria risque de devenir un «État failli». «Les enlèvements et les meurtres me rappellent la situation en Irak avant son invasion par les troupes de l’État Islamique. Déjà à l’époque, des chrétiens avaient été enlevés, volés et assassinés, parce que là-bas l’État n’assurait aucune protection des citoyens. Ce sort doit être épargné aux chrétiens du Nigeria. Le gouvernement doit agir avant qu’il ne soit trop tard», explique Thomas Heine-Geldern.

Prier pour leur libération 

Le président de l'AED espère que les otages seront libérés prochainement: «Cet acte de violence contre de jeunes séminaristes innocents est cruel. Deux d’entre eux n’ont même pas 20 ans. Nous en appelons à la conscience des ravisseurs, pour qu’ils libèrent ces jeunes hommes. En même temps, nous demandons à tous de se joindre à nos prières afin que les quatre séminaristes soient sains et saufs et puissent être rapidement libérés».

Thomas Heine-Geldern a évoque les familles des personnes enlevées et les quelque 270 autres élèves et enseignants du séminaire de Kaduna. «Ils traversent une période terrible. Les chrétiens nigérians traversent l’enfer depuis des années, mais leur foi ne faiblit pas», souligne-t-il.

Mise à jour: 13 janvier 2020 à 16h18

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11 janvier 2020, 18:46