Des fidèles catholiques à la Basilique de Suyapa, principal sanctuaire marial du pays, à Tegucigalpa, capitale du Honduras - le 2 février 2019. Des fidèles catholiques à la Basilique de Suyapa, principal sanctuaire marial du pays, à Tegucigalpa, capitale du Honduras - le 2 février 2019.  

Noël au Honduras: l’appel des évêques à garder espoir malgré la crise

Vivre la Nativité du Christ comme un signe d'espérance capable de changer le cours de l'Histoire du pays. Telle est l’invitation des évêques du Honduras aux fidèles catholiques dans leur message de Noël 2019, à l’heure où le pays affronte de graves problèmes politiques et sociaux.

«Nous vivons des temps difficiles à cause de la situation politique et économique, de l'insécurité et du manque d'emploi et il n'est pas surprenant qu'une grande partie de la population affirme avoir perdu la foi et ne plus espérer, ni en rien ni en personne», reconnaît la Conférence épiscopale hondurienne dans cette lettre distribuée le dernier dimanche de l'Avent. Toutefois, peut-on lire, Noël «ne doit pas servir à oublier les graves problèmes et difficultés que nous connaissons, mais plutôt nous aider à prendre conscience de ce que le Seigneur nous demande de faire pour transformer notre monde en un lieu de respect des droits de l'homme, et pour vivre dans la justice, la vérité, la paix et la solidarité».

Vers un changement de dirigeants? 

D'où l'exhortation des évêques à redécouvrir «le vrai sens de Noël». Comme l'a rappelé le Pape François dans sa Lettre apostolique Admirabile Signum, la naissance de Jésus à Bethléem est «un événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l'histoire». «Si nous sommes éclairés par les valeurs que le Christ nous enseigne, soulignent à leur tour les prélats honduriens, nous pourrons nous aussi changer le cours de l'histoire au Honduras».  

Dans l'Évangile du troisième dimanche de l'Avent, expliquent-ils, Jésus nous invite à ne pas nous scandaliser de son engagement envers les pauvres, pour qu’ils connaissent eux aussi la justice, la vérité, la liberté et la solidarité. Dans le cas du Honduras, la vraie cause de scandale sont plutôt les actions menées par les pouvoirs de l'État: la corruption, l'impunité, et les attaques contre ceux qui combattent ces deux fléaux. L'indignation de la société civile face à ce scandale est un signe d'espoir pour le pays, estiment les évêques. Les dirigeants actuels pourraient ainsi comprendre que l'opinion publique ne leur fait plus confiance et qu'ils seront remplacés par «de nouveaux dirigeants non contaminés par la corruption et non complices du crime organisé et du trafic de drogue».

La Sainte Famille, modèle pour les Honduriens

«Noël nous aide aussi à convertir nos cœurs et à nous libérer du consumérisme auquel le néolibéralisme veut nous soumettre», lit-on en conclusion de ce message. Marie et Joseph sont en ce sens «un modèle pour toutes les familles honduriennes», car ils incarnent «l'espoir dont elles ont besoin pour faire face à la pression économique, aux coûts abusifs des services publics, à l'émigration et ses conséquences, et à bien d'autres difficultés».

Le Honduras connaît sa pire crise sociale et politique depuis le coup d'État mené contre l'ancien président Manuel Zelaya en 2009. La pauvreté et les inégalités sociales endémiques, alimentées par la corruption et la collusion des dirigeants politiques actuels avec le narcotrafic, entretiennent le mécontentement populaire. Ces derniers mois, de violentes manifestations de rue ont éclaté contre le régime de Juan Orlando Hernández, réélu lors des dernières élections présidentielles en 2017. Les évêques avaient déjà évoqué la crise dans leur message pour le Mois missionnaire extraordinaire en octobre dernier, exhortant les Honduriens à ne pas céder à la résignation et à travailler ensemble pour le changement.

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23 décembre 2019, 07:46