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La façade de la cathédrale Sainte-Marie à Oloron dans le sud-ouest de la France La façade de la cathédrale Sainte-Marie à Oloron dans le sud-ouest de la France 

L'Avent, temps de reconstruction pour les fidèles d'Oloron-Sainte-Marie

Les actes de vandalisme et de profanation visant les églises se multiplient en France. La cathédrale d’Oloron Sainte-Marie, attaquée à la voiture bélier dans la nuit du 3 au 4 novembre, en est un exemple spectaculaire. Ce temps d’Avent constitue, pour les paroissiens de cette commune, un temps de reconstruction.

Priscille Pavec – Cité du Vatican

«Ça a été un choc pour tout le monde (…) cette cathédrale, c’est un lieu où tous les grands événements de la vie se passe, c’est un lieu de référence, donc les gens ont eu l’impression qu’on leur volait leur trésor». Le père Jean-Marie Barennes, curé de la cathédrale Sainte-Marie, se souvient de la grande émotion qu’a suscité le vol d’objets liturgiques au sein de la commune d’Oloron-Sainte-Marie. C’est en effet un véritable trésor qui a été dérobé: des ciboires et des calices du XVIIIème siècle, un ostensoir très précieux… Très vite, cependant, l’hébétude a cédé la place à l’action. Les paroissiens ont disposé des bougies allumées devant la cathédrale fermée, «pour manifester leur émotion et le fait qu’ils voulaient partager ensemble ce moment», raconte le père Barennes.

Le véritable trésor: la solidarité

Finalement, cet événement a été l’occasion pour les fidèles de se demander «où est vraiment notre trésor?», explique le curé. Selon lui, la solidarité et l’attention aux autres sont plus précieuses que n’importe quel objet, aussi coûteux et ancien soit-il. Il cite l'épisode de la vie de saint Laurent lorsque celui-ci était diacre à Rome au IIIème siècle. Le préfet de la ville lui réclama alors les trésors de l’Église, et saint Laurent fit venir les pauvres dont il s’occupait. S’appuyant sur cet exemple, le père Jean-Marie Barennes conclut: «L’amour de Dieu se teste dans notre amour des gens plus que des choses».

Une violence due à l’ignorance

Selon un rapport du ministère de l'Intérieur, dont les conclusions ont été dévoilées en avril dernier, 1 063 actes anti-chrétiens ont été recensés en 2018 sur le territoire français. Ce chiffre est en augmentation depuis dix ans, notamment en ce qui concerne les lieux de culte et de sépulture. En 2008, 129 atteintes à des édifices chrétiens et 146 à des symboles dans les cimetières avaient en effet été comptabilisées.

Dans le cas de la cathédrale Sainte-Marie, le curé de la paroisse tient à préciser qu’il n’y a pas eu profanation mais «tout simplement un vol». Selon lui, la cause de ces actes de violence est à chercher dans l’ignorance des gens. La culture chrétienne n’est plus transmise aujourd’hui. Beaucoup de personnes se retrouvent donc dans des églises comme «dans des lieux inconnus et qui n’ont pour eux aucune signification». Le langage chrétien leur est «une langue étrangère, ils n’y comprennent rien». Or, «ce qui a été volé à la cathédrale d’Oloron, ce ne sont pas uniquement de beaux objets anciens, ce sont des objets de culte qui ont une signification mais (…) leur sens pour les commanditaires ou pour les voleurs a quelque peu disparu».

Transmettre le message du Christ

La nécessité aujourd’hui, c’est donc de transmettre le message du Christ. Selon le curé d’Oloron-Sainte-Marie, la culture chrétienne pourrait être enseignée d’un point de vue culturel, «même à l’école publique». Les prêtres se chargeraient ensuite d’en expliciter «le sens». Le plus important est de «rencontrer les gens, être proches d’eux, pour délivrer de façon positive notre message». Quel meilleur moment pour cela que la période de Noël? Le 24 décembre, «nos églises sont toujours trop petites, on doit rajouter des chaises. Quel que soit l’horaire qu’on propose, les églises sont remplies». Le père Jean-Marie Barennes compte profiter de cette affluence: «On se demande parfois comment aller à la rencontre des gens. Le soir de Noël, ils sont nombreux à avoir les oreilles et le cœur disponibles. À nous de faire passer un message simple, profond et audible»

Entretien avec le père Jean-Marie Barennes

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14 décembre 2019, 08:45