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Église Saint-Joseph à Ayutthaya Église Saint-Joseph à Ayutthaya 

Le triste exode des chrétiens du nord-est vers Bangkok

35 ans après Jean-Paul II, le Pape François foule le sol thaïlandais, première étape de sa 4ème tournée en Asie du Sud-Est, qui le conduira ensuite au Japon. En Thaïlande, le Saint-Père encouragera les catholiques à être «disciples et missionnaire», sur les traces des premiers évangélisateurs. L’Église locale compte 400 000 fidèles, soit 0,58% de la population. Mgr Louis Chamniern Santisukniran, archevêque de Thare et Nonseng dans le nord-est, nous parle de son diocèse.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

Dans cette monarchie constitutionnelle, tous ou presque sont bouddhistes comme le roi Rama X que François rencontrera en privé. 90% des Thaïlandais se revendiquent bouddhistes, confession et partie prenante de l’identité thaïe. Dans cet océan, les chrétiens représentent 1% de la population, dont 0,58% de catholiques. Le pays compte 662 prêtres répartis dans 436 paroisses installées dans neuf diocèses et deux archidiocèses.

Le Pape viendra soutenir son petit troupeau pour que ses membres deviennent «disciples et missionnaires» comme l’indique le thème de ce voyage, sur les traces des dominicains portugais puis des prêtres des Missions étrangères de Paris qui évangélisèrent le pays. Cette année, et c’est l’une des motivations de ce déplacement en Thaïlande, l’Église locale célèbre le 350ème anniversaire du premier vicariat apostolique du Siam, institué en 1669 par le Pape Clément IX pour stabiliser l’œuvre missionnaire dans le pays.

Mgr Louis Chamniern Santisukniran, est l’archevêque d’un des onze diocèses du pays, celui de Thare et Nonseng, dans le nord-est de la Thaïlande, près de la frontière avec le Laos.

Entretien avec Mgr Chamniern Santisukniran

L’Église est vivante. Nous avons 460 communautés de base et chaque soir, il y a toujours des groupes qui prient, qui lisent l’Évangile et partagent la Parole de Dieu. Cette année, nous célébrons le centenaire de la naissance de l’évêque qui fonda chez nous la mission.

Si les communautés de base sont nombreuses, y a-t-il pour autant beaucoup de conversion ?

À travers les mariages mixtes. Des hommes et des femmes sont mariés avec des catholiques, souvent ils sont convertis. Et, comme nous avons huit écoles, alors là on évangélise. On parle de Dieu aux enfants. Les jeunes connaissent Jésus Christ, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de conversion. Ce n’est pas comme au temps des missionnaires. À chaque fois qu’ils arrivaient dans un village, ils faisaient boire leurs chevaux. Ils en profitaient pour parler aux gens venus chercher de l’eau. Ils ont parlé avec eux, et aussi ils sont restés longtemps dans les villages. Il y a cent ans, on a converti beaucoup de gens. Ainsi, on peut dire maintenant que la plupart des paroisses ont été érigées par les Missions étrangères.

Les catholiques de votre diocèse sont-ils les descendants des personnes s’étant converties à l’époque ?

Oui, on peut dire cela. Beaucoup des ancêtres des chrétiens d’aujourd’hui ont été convertis par les pères des Missions étrangères, c’est vrai.

Quelles sont les problématiques de votre diocèse actuellement ?

Actuellement, la situation économique n’est pas bonne. Ces jours-ci, beaucoup d’entreprises ont fermé. Que va-t-on faire ? La moitié des gens encore jeunes est allée à Bangkok, au centre du pays, pour aller chercher du travail. Ça fait mal. Ca fait très mal pour l’église local maintenant parce que dans chaque village quand nous allez dans un village vous voyez que les jeunes familles ne sont pas là. Ça fait mal à la famille. On risque de perdre les relations interfamiliales, de perdre aussi la culture, de perdre aussi la religion. C’est une catastrophe on peut dire.

Est-ce que les jeunes qui vont dans la capitale vont à l’église ; est-ce une Église telle qu’ils la connaissent ?

Les gens qui se rendent à Bangkok sont là pour gagner leur pain, mais la plupart vont à l’église encore tous les dimanches. C’est un espoir pour l’Église.

Selon le nonce en Thaïlande, il n’est pas toujours facile d’être chrétien dans le pays, le christianisme étant perçu comme une religion étrangère. Est-ce votre sentiment ?

C’était le cas dans le passé, aujourd’hui grâce aux écoles catholique tout le monde sait que nous sommes égaux au bouddhiste Malheureusement la sécularisation est très forte que ce soit chez les chrétiens, les bouddhistes ou les musulmans. Ils sont moins religieux qu’avant. Par exemple, chez nous, les églises étaient pleines chaque dimanche. Aujourd’hui, elles ne sont qu’à moitié remplies. Mais à Bangkok, les églises sont encore pleines, pleines, pleines…

Avec quel espoir pour votre église attendez-vous le Pape ?

Le Pape, c’est une personne que les Thaïlandais aiment beaucoup. La visite pastorale du Pape après 30 ans est très significative. Le Pape renforcera la foi en Dieu des chrétiens et le témoignage de Jésus Christ parmi les citoyens, surtout cette année alors que nous célébrerons les 350 ans des premières missions au Siam.

La visite pastorale du Pape est souvent présentée par les médias. Beaucoup veulent suivre son activité et entendre sa parole à la télévision, etc. Ils sont attirés par son humilité et par son amour pour les pauvres. Récemment, certains officiels bonzes ont été reçus au Vatican par le Pape.

Donc, l’Église de Thaïlande est très content que le représentant de Jésus-Christ soit parmi nous. Certains chrétiens, prêtres et religieuse représenteront leurs groupes et communautés à Bangkok. Je pense que cet évènement sera plein de sens pour les chrétiens comme pour les bouddhistes.

 

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20 novembre 2019, 08:42