Recherche

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, se recueillant en 2018 devant les tombes des prêtres tués lors de l'attentat du 31 octobre 2010. Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, se recueillant en 2018 devant les tombes des prêtres tués lors de l'attentat du 31 octobre 2010. 

Irak: les martyrs de 2010 en chemin vers la béatification

Neuf ans après l’attentat qui avait fait 48 victimes de la communauté syriaque catholique de Bagdad, la cause de béatification des morts et deux déclarations de martyre de prêtres achève sa phase diocésaine. Le 31 octobre 2010, un commando d’Al-Qaïda s’était introduit dans la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours, pour y faire un véritable carnage.

Cécile Mérieux – Cité du Vatican

C’est au cours d’une messe de veille de la Toussaint, le 31 octobre 2010, qu’un groupe terroriste islamiste a pénétré dans la cathédrale syriaque catholique, tuant deux prêtres et 46 fidèles, et en blessant 56 autres. Des familles entières ont été prises en otage puis assassinées, des laïcs de tout âge, notamment une fille de 11 ans, un garçon de 3 ans, un nourrisson de seulement 3 mois et une femme enceinte. Un troisième prêtre est mort des suites de ses blessures.

L’attaque a été revendiquée par un groupe de la mouvance d’Al-Qaïda. Le groupe a ensuite donné un ultimatum de 48 heures à l’Église copte d’Egypte pour libérer des musulmanes «emprisonnées dans des monastères» de ce pays, des rumeurs lancées par les islamistes fondamentalistes en Égypte.

Une atrocité dans la maison de Dieu

Ce massacre, l’un des plus meurtriers contre les chrétiens en Irak, a soulevé une vague d’indignation et de condamnations dans le monde. Dès l’annonce de la prise d’otage, le Saint-Siège a exprimé sa plus vive préoccupation. Benoît XVI a dénoncé cette attaque contre des chrétiens : «Je prie pour les victimes de cette violence absurde, d’autant plus féroce qu’elle a touché des personnes sans défense, réunies dans la maison de Dieu, qui est maison d’amour et de réconciliation.»

«Devant les atroces épisodes de violence, qui continuent à déchirer les populations du Moyen-Orient, poursuivit Benoit XVI, je voudrais enfin renouveler mon appel affligé pour la paix : celle-ci est un don de Dieu, mais aussi le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales. Que tous unissent leurs forces afin que se termine toute forme de violence !»

Valoriser et soutenir les chrétiens d’Irak

Les causes de béatification et de déclaration de martyre ont maintenant terminé leur phase diocésaine à Bagdad. La béatification concerne tous les fidèles catholiques ayant trouvé la mort au cours de cette messe de veille de Toussaint 2010. Deux prêtres font l’objet de déclarations de martyre : le père Thaer Abdal et le père Wassim Kas Boutros. Ils sont morts tous deux dans leur tenue de messe, essayant de s’interposer aux terroristes, en tentant le dialogue et pour permettre la libération des fidèles.

L’Église irakienne souligne l’importance de voir les chrétiens rester sur la terre d’Irak, et voit dans ces procédures, une reconnaissance des souffrances des communautés chrétiennes d’Irak et un soutien pour ces fidèles.

Une minorité menacée


Cette attaque d’octobre 2010 s’était inscrite dans une série d’agressions contre la minorité catholique irakienne. Les chrétiens, qualifiés par certains groupes islamistes de «polythéistes idolâtres»,  sont devenus la cible d’attaques atroces, facteurs de beaucoup de souffrances pour la communauté.

Le 1er août 2004, l’église Notre-Dame du Perpétuel secours avait déjà été visée par des attaques terroristes, de même que cinq autres lieux de culte chrétiens, faisant plusieurs morts et blessés. Les chrétiens n'ont pas été les seules cibles de ce déferlement de violence, puisque les jours suivants l’attentat de 2010, au moins 57 personnes ont péri et 320 ont été blessées dans onze attentats à la voiture piégée coordonnés dans plusieurs quartiers chiites de Bagdad.

La prise d’otage du 31 octobre 2010 était intervenue une semaine après la fin de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient. Pendant les dix jours du Synode, la question des violences à l’encontre des chrétiens, notamment d’Irak, avait été au cœur des discussions. «Nous n’avons pas peur de la mort et des menaces», avait lancé le cardinal Emmanuel III Delly, alors patriarche de l’Église chaldéenne, suite à ce massacre Cependant, de nombreux chrétiens témoignaient leur souhait de quitter le pays. Depuis l’attentat, plus des deux tiers des chrétiens du diocèse ont quitté Bagdad.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

29 octobre 2019, 17:19