Le Pape François recevant le cardinal Ramazzini lors d'une réunion au Vatican le 22 mai 2017. Le Pape François recevant le cardinal Ramazzini lors d'une réunion au Vatican le 22 mai 2017. 

Pauvres et migrants au Guatemala, les priorités du futur cardinal Ramazzini

Au lendemain de sa nomination, interviewé par la section hispanophone de Radio Vatican, l’évêque de Huehuetenango au Guatemala affirme les priorités auxquelles son pays doit faire face. Il s’inquiète d’une réalité à laquelle il faut mettre fin : celle des “descartados”, les “rejetés de la société”.

Griselda Mutual – Cité du Vatican

Les trois priorités du futur cardinal guatemaltéque

Le peuple fidèle de Dieu au Guatemala fête son nouveau cardinal, Álvaro Ramazzini, évêque de Huehuetenango, au sud-ouest du pays. Son épiscopat a été marqué par son soutien aux migrants d’Amérique centrale et sa lutte contre la pauvreté dans son pays.

Dès ses premiers mots, l’évêque de Huehuetenango, et futur cardinal, souligne avec aplomb ses priorités actuelles au Guatemala : répondre à la problématique des migrants, lutter contre la pauvreté structurelle et établir un dialogue dans le pays pour abolir la polarisation existante. 

Une nomination surprise

Le futur cardinal témoigne tout d'abord de sa «profonde reconnaissance» de la confiance accordée par le Pape : «J'ai de la gratitude en mon cœur pour sa confiance en moi de m'acquitter de cette responsabilité», a-t-il déclaré. Puis il raconte quelles furent ses premières émotions après l'annonce :

«J’ai d’abord été surpris, car je ne m'attendais pas du tout à cela. Ensuite, après avoir vérifié si les informations étaient vraies, j'ai réfléchi et, ma première réaction fut : "Voici un plan de Dieu pour ma vie qui s’est manifesté ainsi". J'ai toujours cherché à découvrir et à faire ce que Dieu me demande.»

Les migrants, au coeur des préoccupations

«Selon moi, les priorités de mon pays restent, en premier lieu, le problème des migrants : tous ceux qui ont été expulsés et ce qui leur arrive aux États-Unis», explique le futur cardinal de ce pays dans lequel l’administration Trump compte sous-traiter les dossiers des migrants affluent de toute l’Amérique latine.

«Aujourd’hui, j’ai lu un reportage sur une descente de police qu’ils viennent de faire dans l’Etat du Mississippi. Ils ont arrêté plus de 300 personnes, et ont de nouveau  séparé les parents des enfants. Ils séparent des familles, et maintenant, on ne sait pas où est le père, s’il est en prison ou non. De surcroit, beaucoup n’ont pas de papiers d’identité, ce qui aggrave encore leur situation. Donc pour moi cela reste une priorité, la question des migrants», explique le futur cardinal guatemaltèque.

Pauvreté structurelle, le combat de tous

Mgr Ramazzini met directement en lien la question des migrants à une autre priorité:  «éradiquer la pauvreté structurelle et permanente dans le pays». Il appelle de ses vœux à ce que disparaisse «la violence d’être contraint de quitter le pays  par la force, car ici [au Guatemala] il n'y a pas de conditions de vie décente».

«Maintenant, au Guatemala, nous ne parlons plus de la violence du conflit armé, mais nous continuons de parler de ce que Saint Paul VI  appelait " la violence de la pauvreté ", c’est-à-dire de la pauvreté structurelle».

Le dialogue comme solution de crise

La troisième priorité pour le futur cardinal est celle du dialogue : «que nous réussissions à entamer un dialogue pour de bon dans ce pays pour que tous ensemble nous allions de l’avant, car ce pays est très polarisé». Il ajoute qu’il s’agit d’une polarisation «qui a des raisons historiques» mais «qu’il faut changer», «car il n’est pas possible de continuer à vivre de cette manière».

«C’est une priorité que nous réussissions pour de bon à établir  un dialogue où tous les secteurs qui veulent du changement dans le pays s’assoient à la meme table, négocient et planifient ces changements ensemble».

Les «descartados»,  les rejetés à reconsidérer

Mgr Ramazzini termine son propos par des paroles de Saint Jean Chrysostome et de Saint Laurent, diacre de Rome:

«La richesse de l'Église ce sont les personnes et parmi les personnes, les préférées de Jésus ont toujours été les plus exclues», explique le futur cardinal. Le terme “descartados” est devenu “classique” depuis la Conférence d’Aparecida en 2007, dont le cardinal Bergoglio avait été l’une des principales chevilles ouvrières, en œuvrant à une meilleure insertion de l’Église dans les couches populaires de la société. «Le Pape utilise souvent ce terme. Pour moi, c’est vraiment une question réelle à laquelle il faut donner une réponse», conclut-il.

 

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03 septembre 2019, 18:19