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Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince et d'autres villes du pays Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince et d'autres villes du pays 

Crise haïtienne: les évêques tancent l'irresponsabilité des dirigeants

La colère ne faiblit pas à Haïti, où des milliers de personnes ont manifesté ce vendredi dans plusieurs villes de l’ile, -dont la capitale-, pour demander la démission du président Jovenel Moïse. Dans un message publié à l’issue de cette journée de contestation, la conférence épiscopale haïtienne déplore un état de «guerre fratricide» dont sont responsables les élus et dirigeants du pays.

Manuella Affejee - Cité du Vatican

Cette journée de mobilisation nationale a donné lieu à des protestations de rue, mais aussi à de violents affrontements entre policiers et manifestants, -un commissariat a d’ailleurs été pris pour cible-, à la construction d’imposantes barricades et à des pillages en règle de magasins. Les Haïtiens, excédés par l’impasse politique et économique, n’ont pas été convaincus par la proposition de «trêve historique» lancée par le président Moïse cette semaine, et continuent d’exiger sa démission. Car le chef d’État est également impliqué dans une vaste affaire de corruption.

 

La situation du pays, déjà dramatique, s’est détériorée il y a près de quatre semaines, avec une pénurie inédite de carburants; l’ile s’en est trouvée paralysée, ajoutant un peu plus au chaos ambiant.

Devant cette «détresse indescriptible», les évêques refusent de se voiler la face: si l’ile a atteint ce point de non-retour, c’est à cause du comportement de ses dirigeants. «Ce n’est plus le moment de clamer que nous sommes tous coupables. Ce n’est pas la vérité. Ni de dire que nous condamnons la violence, d’où qu’elle vienne : elle a une origine». Et de poursuivre, avec non moins de sévérité: «Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins».

«Existe-il une violence plus atroce que celle de vivre constamment dans l’insécurité ? Y-a-t-il pire que la misère noire qui enlève tout espoir?», se demande l’épiscopat pour qui les hommes politiques, et en premier lieu le président de la République, doivent assumer leurs responsabilités au service du bien-être de la population, car, rappellent-ils avec force, «aucun peuple ne doit accepter la misère, la pauvreté, la violence de manière défaitiste». «Si le pays est à feu et à sang, c’est à cause de leur irresponsabilité, assènent-ils. Comment peuvent-ils ne pas savoir ce que tout le monde sait ?» L’heure est donc à un «sursaut de conscience», afin que ces élus puissent mesurer «l’ampleur de leurs échecs et en tirer les conséquences».

Les évêques s’adressent enfin à toute la population: qu’elle s’unisse pour «dérouter l’insécurité, la corruption, l’impunité, la violence et tous les germes de mort». «Dieu nous a créés pour la vie. Pour cela, nous avons le droit d’exister et de vivre dignement», conclut le communiqué.

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28 septembre 2019, 12:37