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Dans une rue de Srinagar, capitale d'été de l'État du Jammu-et-Cachemire, le 6 août 2019 Dans une rue de Srinagar, capitale d'été de l'État du Jammu-et-Cachemire, le 6 août 2019 

Au Cachemire, l’Église locale demande «un geste de réconciliation» à New Delhi

La révocation par le gouvernement central de l’autonomie constitutionnelle du Cachemire indien fait craindre un soulèvement populaire et une escalade des tensions entre l’Inde et le Pakistan voisin. Dans ce contexte potentiellement explosif, la communauté catholique tente de faire entendre sa voix, prônant la réconciliation et la retenue.

 «La situation au Cachemire est délicate et demande l’effort de tous, en faveur de la paix et de la réconciliation, afin qu’elle ne dégénère pas: aujourd’hui, nous l’accompagnons par notre prière», a déclaré à l’agence Fides Mgr Théodore Mascarenhas, évêque auxiliaire de Ranchi et ancien secrétaire général de la Conférence épiscopale indienne. Au nom de la communauté catholique de l’Inde, il exprime sa «proximité envers la population du Cachemire qui vit à nouveau des jours de tension et de souffrance», espérant «une évolution pacifique» et priant «pour la paix au Cachemire et dans l’ensemble de l’Inde».

Le 5 août dernier, par une mesure approuvée par la Chambre basse du Parlement indien, l’Union indienne a révoqué le statut spécial reconnu à l'État du Jammu-et-Cachemire par la Constitution de 1947. La région du nord-ouest de l’Inde, unique État du pays à majorité musulmane – 68% des 14,5 millions d’habitants – deviendra un “territoire de l’Union”, administré donc par le gouvernement fédéral à travers un représentant de l’exécutif.

L'appel au calme d'un représentant de l'Église du Cachemire

Cette décision a provoqué de vives protestations et des tensions dans toute la région concernée. Selon le père Shaiju Chacko, porte-parole du diocèse de Jammu-Srinagar - le seul du Cachemire -, cela «pourrait générer un sentiment de distance et d’aliénation encore plus important chez la population locale vis-à-vis du gouvernement central, augmentant l’instabilité interne et les risques de radicalisation violente, en particulier des jeunes», dans une zone où les groupes djihadistes et extrémistes ont déjà perpétré de nombreux attentats.

Les forces de sécurité indiennes, soit 50 000 militaires envoyés par le gouvernement en renfort des 60 000 déjà présents, ont arrêté plus de 500 personnes depuis le début de la semaine, afin de prévenir le risque d’autres manifestations et d’attaques terroristes. Quelques 20 000 pèlerins et touristes ont été éloignés du Cachemire, et la région est de plus en plus coupée du monde extérieur. Dans ce climat particulièrement instable, «l’Église locale invite à la prudence, à ne pas céder à des dérives violentes et à garder le calme, souligne le père Shaiju Chacko. Nous continuons à travailler au niveau pastoral et social pour le bien de la population. Nous demandons au gouvernement de New Delhi un geste rassurant et de réconciliation en direction de la population locale qui n’a déjà que trop souffert», implore-t-il.

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08 août 2019, 15:16