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Notre-Dame de Paris, le 17 juillet 2019, trois mois après l'incendie. Notre-Dame de Paris, le 17 juillet 2019, trois mois après l'incendie.  

Mgr Chauvet : « Notre-Dame de Paris ne sera jamais un musée »

Le 15 avril dernier, la cathédrale Notre-Dame de Paris était ravagée par un terrible incendie. Un spectacle déchirant et presqu’irréel, qui s’est déroulé sous les yeux horrifiés du monde entier. Trois mois après, où en est-on de la sécurisation de l’édifice?

Entretien réalisé par Manuella Affejee - Cité du Vatican

Sa noble et majestueuse silhouette trône toujours au milieu de l’île de la Cité, même si les stigmates de l’incendie, et ils sont nombreux, se donnent toujours à voir. Le parvis n’est, par exemple, toujours pas accessible; l’intérieur de l’édifice est, quant à lui, le théâtre d’un spectaculaire et titanesque chantier.  Deux robots s’échinent à déblayer et enlever les gravats qui encombrent la nef centrale, tandis que des filets de protection ont été déployés de part et d’autre de la cathédrale afin de prévenir les éventuelles chutes de pierre du toit, percé d’un trou béant.

Les travaux avancent néanmoins rapidement, assure-t-on. Le ministre français de la Culture, Franck Riester, s’en est d’ailleurs félicité après sa visite de la cathédrale, au lendemain de l’adoption au Parlement d’un projet  de loi de restauration, controversé au demeurant. De restauration ou de reconstruction pourtant, il n’en est pas encore question. Trois mois après l’incendie, l’heure est encore à la sécurisation de l’édifice, cruciale, au vu des risques d’effondrement de la voûte. L’on estime que la phase de restauration proprement dite pourrait commencer au début de l’année 2020.

Le recteur, garant de la transmission de Notre-Dame

Le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet met un point d’honneur à veiller avec soin au bon déroulement des travaux. «Ma mission est une présence», affirme-t-il. Elle rappelle aux autorités que l’Église demeure l’affectataire de Notre-Dame, laquelle se trouve être en l’occurrence la cathèdre de l’archevêque de Paris, mais plus encore, «un lieu vivant de célébrations, de prière et de louange» et non un musée ou un simple monument national.

Entretien avec Mgr Chauvet, recteur de Notre-Dame

Comme recteur, Mgr Chauvet est aussi garant «de la transmission de Notre-Dame». A cet égard, précise-t-il, l’ensemble de la reconstruction devra respecter la structure du XIIe siècle, qui, fort heureusement, a pu être préservée. Il n’est donc pas envisageable de donner corps aux projets parfois extravagants qui ont pu être proposés dans ce cadre. L’éventuelle touche de modernité pourrait concerner la flèche qui remplacera celle d’Eugène Viollet Le Duc, consumée par l’incendie. D’aucuns appellent à «un geste architectural contemporain», d’autres prônent une reconstruction à l’identique. Pour le recteur de la cathédrale, cette nouvelle construction, quoi qu’il en soit, ne devra «pas choquer les yeux» et plutôt s’harmoniser avec le reste de l’édifice. Quant aux monumentales statues du toit, déplacées peu avant l’incendie pour restauration, elles devront aussi retrouver leurs places respectives.

Un incendie qui a réveillé la foi

Le 15 avril 2019, les foules médusées contemplaient avec impuissance la violence des flammes qui assaillaient la cathédrale. A ses pieds, des Parisiens à genoux priaient avec ferveur la Mère de Dieu, tandis que les pompiers, engagés dans une lutte sans merci contre l’incendie, tentaient de sauver celle qui veille sur Paris depuis 850 ans. Les images auront fait le tour du monde en quelques secondes. Spectacle dantesque, apocalyptique et lourd de sens. Se déroulant à l’orée de la Semaine Sainte, dans un contexte ecclésial plus que délicat, le drame est aussitôt interprété comme un un signal de «réveil», analyse Mgr Chauvet. Les nombreux témoignages qu’il reçoit depuis cette inoubliable nuit l’attestent d’ailleurs bel et bien. Cet incendie a touché au cœur; mais il n’a pas ébranlé la foi. Il l’a réveillée.

Lui-même garde un souvenir ému, vivace de cette soirée. Il est l’un des premiers à s’avancer sur le seuil de l’édifice en feu. À apercevoir la croix du maître-autel, debout, lumineuse au milieu des décombres noircies et fumantes, ainsi que la Pietà, intacte elle aussi. Mgr Chauvet confesse avoir fait l’expérience de la «désolation», du désert, mais aussi de l’abandon, de la confiance en Dieu. Même si, inévitablement, point cette question «pourquoi ?». «Je n’ai pas encore la réponse… je l’aurais peut-être un jour !»

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22 juillet 2019, 07:01