Mgr Paolo Bizzeti Mgr Paolo Bizzeti 

Les chrétiens de Turquie fêtent les saints Pierre et Paul dans la communion

Le 29 juin prochain, au sud de la Turquie, catholiques et orthodoxes fêteront ensemble la solennité de saint Pierre et saint Paul. Le vicaire apostolique d’Anatolie, Mgr Paolo Bizzeti, témoigne à propos des préparatifs d’une fête traditionnellement œcuménique dans cette région.

Antonella Palermo – Cité du Vatican

Comme chaque année, la solennité sera célébrée dans l’actuelle ville turque d’Antakya, à l’extrême sud-ouest du pays, non loin de la frontière avec la Syrie. Antakya n’est autre que l’ancienne cité d’Antioche, traversée par le fleuve Oronte. Un lieu symbolique où, pour la première fois, les disciples du Christ furent appelés chrétiens, et dont saint Pierre fut l’évêque avant de venir à Rome.

Les célébrations débuteront le 28 juin au soir, avec une messe en l’église orthodoxe d’Antakia, célébrée en présence du nonce apostolique en Turquie, Mgr Paul Fitzpatrick Russell, et du vicaire apostolique d’Anatolie, Mgr Paolo Bizzeti.

Intérieur de la Grotte de Saint Pierre
Intérieur de la Grotte de Saint Pierre

Le 29 juin, jour de la solennité, sera marqué par un pèlerinage à la Grotte de Pierre, antique église rupestre sise sur le mont Silpius, rouverte aux visites en 2015 après une longue période de restauration. Une cérémonie œcuménique s’y déroulera en présence du nonce apostolique en Turquie, du vicaire apostolique d’Anatolie, ainsi que de l’envoyé du Patriarche grec orthodoxe d’Antioche. Le programme de la célébration prévoit – entre autres - la lecture en turc et en arabe de passages des Évangiles et des Actes des Apôtres, la prière commune du Notre Père et du Je vous salue Marie, et la bénédiction des pains avec le chant final entonné par les orthodoxes. Dans l’après-midi, les catholiques se retrouveront dans la cour de l’église catholique d’ Antakya pour une messe solennelle célébrée par le nonce apostolique.

“La Turquie n’est pas un musée de la chrétienté”

Mgr Paolo Bizzeti livre à Vatican News quelques explications sur le déroulement des festivités et invite les pèlerins à visiter cette terre où les Églises chrétiennes sont très vivantes.

Monseigneur, dans quelle mesure ces cérémonies auront une forte dimension œcuménique?

Il s’agira d’une fête œcuménique avant tout parce que nous la célébrons avec nos frères orthodoxes. Le 28 juin au soir il y aura donc les vêpres solennelles dans l’église orthodoxe, et le lendemain après-midi, la célébration de l’Eucharistie dans l’Église catholique. Mais ce qui est intéressant, c’est que dans la matinée du 29, il y aura une célébration à caractère davantage public, davantage laïque, où seront aussi présentes les autorités de la commune d’Antioche. C’est une tradition: elle se passe auprès de la «Grotte de saint Pierre» (…). Ce sera une célébration déployée, articulée, avec une valeur œcuménique et civile. La valeur consistant à faire mémoire, et pour nous chrétiens en particulier, faire mémoire de Pierre et Paul, c’est se rappeler que ce sont deux personnes très différentes, qui ont eu des parcours différents, y compris comme disciples de Jésus. Ils ont aussi eu des manières différentes d’exercer leur ministère, et pourtant ils sont toujours restés unis, parfois même dans les différences et dans la confrontation, mais en restant toujours en pleine communion. Et le peuple chrétien, par une heureuse intuition, les a toujours associés de façon indissoluble. Voilà donc un fort message d’unité dans la diversité.

Dans quel état d’esprit peut-on aller à la redécouverte de ses racines chrétiennes sur la terre de saint Paul?

En ce moment, disons qu’il n’y a pas de problème pour les pèlerinages. Le pays est tranquille, on peut s’y rendre sans aucun problème de sécurité. L’important est que les pèlerins chrétiens ne viennent pas seulement pour voir des pierres mortes, mais rencontrent les pierres vivantes, et surtout qu’ils sortent de ce tourisme de masse un peu consumériste qui à la fin, créé seulement des divisions et des barrières entre les peuples, plutôt que des occasions de rencontres. Malheureusement, le tourisme religieux s’est très souvent adapté aux standards du tourisme plus grossier, et il ne suffit pas, pour faire un pèlerinage, de célébrer une messe dans une salle d’hôtel ou dans une église. Il faut un style différent, il faut une rencontre avec l’Église vivante. La Turquie n’est pas un musée de la chrétienté: il y a des Églises chrétiennes vivantes et très intéressantes dans leurs expériences actuelles, donc les pèlerins chrétiens sont les bienvenus. Mais les agences qui s’occupent de ces pèlerinages, y compris les agences diocésaines, doivent se renouveler dans leur style.

Avec Fides et cath.ch

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26 juin 2019, 16:54