Monseigneur José Luis Escobar, archevêque de San Salvador Monseigneur José Luis Escobar, archevêque de San Salvador 

Un archevêque salvadorien s’élève contre l’accord États-Unis-Mexique sur l’immigration

Mgr José Luis Escobar, archevêque de San Salvador et président de la Conférence épiscopale d'El Salvador, s'est exprimé sur le phénomène migratoire en Amérique centrale lors d'une conférence de presse tenue ce dimanche 9 juin. Il a notamment rappelé que la gestion de la migration passe par la lutte contre la pauvreté dans les communautés de départ.

Manuel Cubías - Cité du Vatican

À la fin de la semaine dernière, les gouvernements des États-Unis et du Mexique ont conclu un accord pour éviter l'imposition - de la part des États-Unis - de droits de douane sur les importations de produits mexicains. L'accord cherche en fait à empêcher les migrations vers les États-Unis et prévoit l'adoption de mesures telles que la militarisation de la frontière sud du Mexique et la participation de la Garde nationale à la détention des migrants.

L'archevêque salvadorien a critiqué la décision du gouvernement mexicain, qui renforce les mesures visant à bloquer l'entrée sur son territoire des migrants cherchant à atteindre les États-Unis.

Des décisions injustes et inhumaines

Lors de la conférence de presse qui s'est tenue après la messe dominicale, Mgr Escobar a notamment pointé la décision du Mexique de déployer plusieurs milliers de soldats de la nouvelle Garde nationale, dans le but de renforcer la sécurité de la frontière sud et d’empêcher ainsi le passage de milliers de migrants venant d'Amérique centrale.

L'archevêque, se référant aux migrants, a déclaré: «Cela me fait beaucoup de peine qu’ils soient ainsi. Il est dommage qu'ils soient considérés comme des criminels et qu'ils soient arrêtés avant même leur arrivée dans le pays de destination». «Il est triste, a-t-il ajouté, que le Mexique, qui avait tendu la main, - je pense en particulier à M. le Président (Andrés Manuel) López Obrador, que nous avons vu agir avec une telle humanité -, semble maintenant plier le bras lorsqu'on lui fait pression avec des taxes».

Le prélat a insisté sur le fait que les mesures adoptées ne résolvent pas le problème de la migration, car elles ne visent pas à en résoudre les causes. C'est pourquoi il a qualifié ces mesures d'«efforts inhumains, injustes et attentatoires aux droits de la personne». Il a également affirmé que «l'Église sera toujours en faveur des migrants». En outre, il a remercié les Églises et les personnes qui travaillent pour faciliter le passage des migrants par le territoire mexicain.

S'attaquer aux causes de la migration

Mgr Escobar a également appelé les gouvernements du Mexique et des États-Unis à aider à résoudre les problèmes de pauvreté dont souffre El Salvador. «Au lieu de faire des efforts de millionnaires pour arrêter les migrants», a-t-il déclaré, ces pays devraient investir dans les communautés d'où partent les personnes, dans divers domaines (éducation, santé), dans la lutte contre la violence, et pour générer la création d'emplois. De cette façon, les gens n'auraient pas à migrer, a-t-il expliqué.

Selon des données non officielles, plus de 300 personnes quittent El Salvador chaque jour. Toutes n'arrivent pas aux États-Unis, victimes par exemple de réseaux de traites des personnes, d'enlèvements, de crimes... d'autres meurent en chemin, notamment en traversant le désert, en territoire américain.

À l'heure actuelle, des milliers de Centraméricains restent bloqués à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. L’effectif le plus important a été atteint en mai dernier, et les autorités américaines ont déclaré qu'elles n'avaient ni les fonds ni les ressources nécessaires pour s'occuper de ce nombre croissant de parents et d'enfants entrant dans leur pays.

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10 juin 2019, 17:53