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L’Église de Macédoine, isolée dans l’orthodoxie mais en dialogue avec les autres confessions

Ce mercredi, le Pape poursuit son 29e voyage apostolique dans un petit État des Balkans, frontalier de la Bulgarie. La Macédoine du Nord est, elle aussi, une terre de confession majoritairement orthodoxe. L’Église autocéphale de Macédoine du Nord a une histoire singulière. Soutenue pendant les persécutions soviétiques, elle reste aujourd’hui proche des autorités mais totalement isolée dans le monde orthodoxe.

Entretien réalisé par Marie Duhamel, envoyé spécial à Skopje

La Constitution du pays souligne le caractère laïc de l’État mais reconnaît actuellement cinq groupes religieux: l’Église catholique et sa minorité multiethnique, la communauté juive presque complètement exterminée pendant la Seconde guerre mondiale, les méthodistes bien implantés dans le sud du pays, les musulmans albanais ou kosovars qui représentent un tiers de la population et l’Eglise orthodoxe de Macédoine. 65% des Nord-Macédoniens, d’ethnie essentiellement slave macédonienne, en seraient membres.

L’Eglise orthodoxe de Macédoine compte 1 200 églises organisées en 10 éparchies dont les évêques forment le Saint Synode, présidé par Mgr Stefan, archevêque d’Ohrid. Le Pape le rencontre ce mardi avec les principaux chefs religieux dans le mémorial dédié à Mère Teresa.

Evangélisés par les saints Cyrille et Méthode au IXe siècle, la présence chrétienne, orthodoxe depuis le schisme, est séculaire. L’acte de naissance de l’Eglise orthodoxe de Macédoine est beaucoup plus récent.

Paradoxalement, après la Seconde guerre mondiale, alors que les chrétiens subissaient le joug des autorités communistes, la Macédoine, un espace géographique qui n’est pas encore un État, vit une situation différente.

Goran Sekulovski est professeur en patrologie à l’Institut orthodoxe de théologie Saint-Serge à Paris et enseignant en géographie de l’espace post yougoslave à l’Inalco. Il vient de publier «L’échiquier macédonien : religion, politique, territoire» aux éditions du Cerf.

Entretien avec Goran Sekulovski

Pour ancrer leur futur nation dans l’histoire, le Front communiste de libération populaire de Macédoine soutenu par le maréchal Tito décide alors d’encourager la fondation de l’Église orthodoxe de Macédoine, profitant de la présence du très ancien patriarcat d’Ohrid présent sur le territoire de la nation qu’ils appellent de leurs vœux. Le coup est dur pour l’Eglise orthodoxe de Serbie, les orthodoxes vivant dans l’actuelle Macédoine du Nord étant sous sa juridiction depuis 1913.

Peu à peu, l’Église orthodoxe de Macédoine s’émancipe de l’Eglise de Serbie, avant de proclamer son autocéphalie en 1967. Elle est depuis totalement en dehors de la communion des églises orthodoxes.

Élément déterminant pour la construction de l’Etat macédonien, l’Eglise reste très fortement implantée et en lien étroit avec les autorités de Macédoine du Nord. Elle entretient de bons rapports avec les autres communautés. Chaque année et dès qu’ils en éprouvent le besoin, le Patriarche Stefan, l’évêque catholique de Skopje et le plus grand dignitaire sunnite du pays se retrouvent au sein d’un conseil interreligieux.

Les liens entre l’Eglise orthodoxe et la minorité catholique sont solides. Chaque année, le 24 mai, une délégation mixte se rend à Rome sur la tombe des saints Cyrille et Méthode. Le Pape les reçoit également en audience. C’est dire leur joie de pouvoir aujourd’hui, à leur tour accueillir François

L' oecuménisme en Macédoine du Nord

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07 mai 2019, 09:15