Vue sur une des coupoles du Saint Sépulcre Vue sur une des coupoles du Saint Sépulcre 

La Résurrection déjà fêtée à Jérusalem: homélie de Mgr Pizzaballa

L’annonce de la Résurrection du Christ a déjà résonné à Jérusalem. La Vigile pascale s’est tenue ce samedi matin en la Basilique du saint Sépulcre, en raison du Statu quo en vigueur dans le lieu saint. La liturgie a été présidée par Mgr Pierbattista Pizzaballa, l’administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem.

Le chant de l’Exsultet a, une fois encore, rempli l’air de la Basilique de l’Anastasis. De nombreux fidèles venus de Jérusalem, de Gaza, -l’armée israélienne ayant accordé des permis pour ceux souhaitant célébrer Pâques dans la Ville Sainte ou en Cisjordanie-, et du monde entier ont chanté la résurrection du Christ et participé à la messe solennelle présidée par Mgr Pizzaballa, devant le tombeau vide de Jésus.

Dans son homélie, l’administrateur apostolique est revenu sur les signes et les gestes de cette nuit très sainte de la Résurrection.

Illuminer les nuits d’aujourd’hui

La nuit, tout d’abord.  Dans la Bible, elle est souvent le moment de la Révélation de Dieu, mais elle est aussi «le moment de la peur, du doute, de la solitude et du danger», dont le Seigneur vient nous délivrer. Et Mgr Pizzaballa de citer les nuits d’aujourd’hui et de nos sociétés, en particulier en Terre Sainte: celles des familles séparées à cause de l’émigration, des «calculs politiques froids et cyniques», celle des jeunes «qui peinent à trouver des perspectives d’avenir», celle des «divisions religieuses», des «nouvelles formes d’esclavage» et des multiples formes de dépendance. Il appartient au chrétien d’illuminer ces nuits avec la lumière qu’il a reçue du cierge pascal, a assuré Mgr Pizzaballa; «cette lumière, c’est nous», et «ce miracle extraordinaire ne viendra pas de l’extérieur».

Le feu et l’eau

Ensuite, le feu, qui renvoie lui aussi à la Révélation de Dieu, -notamment avec le Buisson ardent-, mais également à la purification.  Le feu béni dans la nuit pascale purifie ainsi «tous nos jugements injustes et trop rapides», «notre incapacité à apprécier et reconnaitre le bien». Cette nuit sainte appartient aux victimes de l’injustice, enfermées ou condamnées selon des jugements humains. «Leur condamnation est terminée, certifie l’administrateur apostolique, car la justice véritable est rendue».

Puis l’eau, signe de ce qui purifie, comme le feu, et surtout élément qui donne la vie. «Mais de quoi et de qui avons-nous soif ? s’est interrogé Mgr Pizzaballa. Avons-nous soif de Dieu et de sa Parole? Quelle vie cherchons-nous ?». «Cette nuit, nos sources ont été purifiées, a-t-il poursuivi. (…) nous annonçons que nous avons abandonné toute autre boisson qui ne soit pas l’eau qui coule du côté transpercé du Christ».

Devenir "pain partagé"

Enfin, le pain, avec l’eucharistie, «signe conclusif par excellence», qui est à la fois «sacrifice, don, louange, banquet, partage et fête». «Nous aurons toujours besoin de ce pain», affirme Mgr Pizzaballa qui pense à ceux qui ne ressentent pas le besoin de Dieu ou qui n’en veulent pas, ceux qui souffrent d’une «anorexie spirituelle», ceux qui sont rassasiés et se repaissent dans l’abondance ou au contraire ceux qui vivent dans la faim.

Cette nuit justement, Dieu s’est fait pain pour qu’à notre tour nous puissions le devenir. «Nous voulons devenir ce pain partagé afin que la vie que nous avons reçue de Jésus, Pain de Vie, rassasie toute faim de pain pour le corps, et toute faim de justice et de vie pour l’esprit». Là encore, ce miracle ne viendra pas de nous, mais du Christ, «car c’est à partir de cette tombe vide, de ce lieu, que tout est devenu possible», a conclu l'archevêque italien.

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20 avril 2019, 16:15