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Des enfants transportent de l'eau dans un campement improvisé de déplacés internes au nord-ouest du Yémen, le 18 février dernier. Des enfants transportent de l'eau dans un campement improvisé de déplacés internes au nord-ouest du Yémen, le 18 février dernier.  

Au Yémen, les catholiques vivent Pâques sans Eucharistie

À la veille de la solennité de la Résurrection du Seigneur, Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique de l’Arabie méridionale, évoque la condition des rares catholiques présents au Yémen. Dans ce pays ravagé par la guerre et les épidémies et dépourvu de prêtres, les fidèles se rassembleront dans quelques lieux abrités, pour un simple temps de prière.

Gabriella Ceraso / Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

«Une horrible réalité»: c’est ainsi que Mgr Paul Hinder qualifie la situation actuelle au Yémen. Dans ce pays de la péninsule arabique, la guerre civile entamée en 2015 a considérablement dégradé les conditions de vie de la population. Onze millions de personnes – près de la moitié du total – sont menacées par la famine, 85% de la population survit grâce aux rares aides humanitaires qui parviennent sur le terrain, 18 millions de personnes sont privées d’accès à l’eau potable. Une situation propice à la propagation du choléra, qui se répand à toute vitesse: 2500 personnes ont été contaminées chaque jour en mars dernier.

Une situation précaire, sans amélioration imminente

En tant que vicaire apostolique d’Arabie méridionale, Mgr Paul Hinder a la responsabilité de veiller sur les fidèles catholiques des Émirats Arabes Unis, du sultanat d’Oman et du Yémen. Cette année, il célèbre le Triddum Pascal à Abu Dhabi, mais cela ne l’empêche pas de garder son cœur uni à celui des croyants dispersés ailleurs, en particulier sur le territoire yéménite.

Là-bas, les catholiques «vivent Pâques comme ils le peuvent parce qu’il n’y a aucun prêtre au Yémen», explique Mgr Hinder au micro de Vatican News. «Alors ils se rassemblent pour la prière comme ils le peuvent, pour des raisons de sécurité et aussi à cause de la distance, parce qu’il y a peu de fidèles. Mais je sais que dans quelques villes, comme à Sanaa, ils essayent de le faire et de se réunir à quelques endroits précis. Je ne veux pas entrer dans les détails, parce que ma préoccupation est de protéger notre peuple», poursuit-il, avant d’inviter à ne pas oublier «ceux qui ont la foi, la faim du Mystère de l’Eucharistie, et qui ne peuvent pas le vivre comme nous le pouvons, nous». Par ailleurs, Mgr Hinder déplore le fait que les organisations humanitaires n’obtiennent que rarement la permission d’entrer au Yémen. «Nous retrouvons devant un désastre dont personne, me semble-t-il, ne sait comment sortir», relève-t-il.

Après la visite du Pape, un changement d’état d’esprit

Le vicaire apostolique d’Arabie méridionale revient également sur la visite du Pape François aux Émirats Arabes Unis, qui s’est tenue du 3 au 5 février dernier. «Ce que le Pape nous a dit, son encouragement à vivre la foi dans la simplicité des Béatitudes, a laissé une empreinte dans le cœur de nos fidèles. Ils ont accueilli cette présence du Saint-Père comme une reconnaissance de leur existence, parce que très souvent ils ne se sentent être “personne”, comme quelque chose d’oublié», souligne Mgr Hinder. Cette visite du Souverain Pontife leur a donc donné «comme une impulsion». Un voyage apostolique marqué également par la signature du Document sur la fraternité humaine, par le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar. Mgr Hinder remarque déjà un «esprit plus ouvert qui vaut pour tous, pour les chrétiens comme aussi pour les musulmans», quelques prémices d’un «changement (…) de la mentalité des gens». Mais reste à voir «à long-terme ce que cela changera, parce que je ne m’attends pas à des résultats du jour au lendemain», confie le prélat.

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20 avril 2019, 16:12