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Débris d'une voiture piégée le 22 avril 2019 près de l'église Saint-Antoine de Colombo, au Sri Lanka. Débris d'une voiture piégée le 22 avril 2019 près de l'église Saint-Antoine de Colombo, au Sri Lanka. 

Sri Lanka - Cardinal Ranjith: «Nous suivons l’exemple du Christ sur la croix»

Suite aux attentats qui ont ensanglanté le Sri Lanka et notamment le diocèse de Colombo, le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de la capitale sri-lankaise, invoque la justice mais invite au calme.

Eugenio Murrali – Cité du Vatican

La tension reste très forte au Sri Lanka ce lundi, où de nouveaux attentats semblent avoir été déjoués, notamment devant l’église saint-Antoine, à Colombo, où la police a fait exploser un fourgon piégé, et près de la gare routière de la capitale où 87 détonateurs ont été retrouvés.

Dans le même temps, le bilan des attaques de dimanche s’est alourdi, on compte désormais au mois 290 morts et 500 blessés. Un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ), lié à l’idéologie de l’Etat islamique, serait derrière ces attaques perpétrées par sept kamikazes. Plusieurs églises ont été visées durant les messes de Pâques.

La section italienne de Vatican News a contacté le cardinal Albert Malcolm Ranjith Patabendige Don, archevêque de Colombo:

«Tout de suite après avoir appris la nouvelle de l’attentat, je suis allé visiter l’église à Colombo où environ 50 personnes sont mortes. C’est arrivé durant la messe du dimanche de Pâques : il y avait une foule assez consistante dans l’église et un kamikaze est entré dans l’église et s’est fait exploser en causant des morts, des blessés et de graves dommages. Ensuite, tout de suite après, nous avons eu la nouvelle d’une bombe qui avait été explosé dans une autre église, dans un village au nord de Colombo, causant plus de 120 morts et détruisant l’église elle-même. Nous ne savons comme cela est arrivé et qui en a été l’auteur. Maintenant, le gouvernement et la police sont en train d’enquêter et nous espérons qu’ils trouvent bientôt les vrais responsables.

Vous avez fait un appel au don du sang, parce qu’il y a beaucoup de blessés…

Oui, il y a environ 500 blessés. Hier, c’était le dimanche de Pâques et les églises étaient toutes pleines.

En ce moment de quoi avez-vous le plus besoin ? Vous avez aussi rappelé les médecins, en les invitant à retourner au travail…

Oui, parce que dimanche, les hôpitaux manquaient de médecins et j’ai donc lancé un appel aux médecins à se présenter pour aider les patients de façon à ce qu’aucune vie ne soit perdue. Les médecins sont alors revenus et aussi beaucoup de volontaires se sont présentés.

Quel est le sentiment de la communauté chrétienne en ce moment ? Il y a de la peur ?

Oui, il y a beaucoup de peur et aussi un peu d’insécurité parce qu’on n’a pas de nouvelles sûres : ils disent qu’il existe des cellules de ces petits groupes qui veulent tuer. Nous avons fait un appel au gouvernement et aux agences de sécurité afin qu’ils enquêtent bien pour trouver les responsables et pour faire en sorte que cette situation ne se répète pas.

Vous avez demandé une enquête « solide et impartiale »…

Oui, parce qu’ici nous devons enquêter de la manière correcte. En apparence, cela peut sembler un groupe particulier mais il se peut qu’il y ait d’autres tendances derrière ces attentats.

Quelle réponse donnera l’Église locale ?

Nous avons fait un appel au calme à toutes les communautés et à ne pas se faire justice soi-même, en garantissant que les obsèques se dérouleront dans la tranquillité. Moi j’ai fait appel aux catholiques afin qu’ils suivent l’exemple de Jésus-Christ, qui sur la Croix a pardonné ceux qui l’avaient crucifié.

Vous vous attendiez à une telle attaque ?

Non, nous avons été surpris, parce que depuis 10 ans aucun incident n’avait eu lieu. La situation était dans l’ensemble assez pacifique et les touristes étaient en train de faire leur retour dans le pays. L’économie était en train de repartir et nous avions beaucoup d’espérances. Cet attentat est un peu  étrange: il y a des tensions entre la communauté musulmane et la communauté majoritaire, mais je ne pensais pas que la situation était dramatique au point d’avoir ce type d’attentat. On voit que derrière tout cela il y des tendances internationales. Nous, nous ne pouvons pas dire quel groupe est derrière cet attentat, parce qu’on ne peut pas pointer le doigt contre une communauté particulière : nous devons être intelligents.

Comment voyez-vous le futur en ce moment ?

Si le gouvernement exerce son autorité et enquête bien sur l’affaire, peut trouver ces cellules – il s’agit de petits groupes – et les neutralise, alors la situation reviendra à la normale. Entre la communauté musulmane et les autres communautés il y a la paix et la concorde, nous pouvons mieux développer cette situation.

Vous avez pu parler avec certains fidèles qui ont subi des deuils et des blessés ?

Oui, j’ai parlé avec certaines personnes. Ce soir j’irai visiter les hôpitaux. Malheureusement certaines familles ont tout perdu : le papa, la maman, les enfants… tous morts dans le même attentat. Ces choses sont vraiment très tristes. On ne sait pas quoi dire à ces gens parce qu’ils étaient allés prier, ils étaient allés chez le Seigneur.

Que peut faire la communauté internationale ?

Je crois que la meilleure aide que la communauté internationale peut donner est de comprendre la situation, d’assister le gouvernement local et les chefs religieux locaux à trouver la solution sans mettre le doigt à l’intérieur des politiques internes du pays.

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22 avril 2019, 17:08