Scène de la vie quotidienne dans une maison de Gaza. Scène de la vie quotidienne dans une maison de Gaza. 

Le cri d’alarme de la Caritas pour la Palestine

Pour ce carême, la fondation Caritas Internationalis a lancé un appel pressant à aider les Palestiniens de la Bande de Gaza, qui vivent dans des conditions de vie extrêmes sur le plan à la fois économique et sanitaire.

Colombe de Barmon – Cité du Vatican

Cette année, l’appel de Carême de la Caritas, confédération catholique regroupant 160 antennes réparties partout dans le monde, se concentre sur les difficultés économiques et sanitaires que connaissent les Palestiniens à Gaza. Sur cette bande de terre de 40 km de long et de 6 à 12 km de large, ce sont 900 000 personnes sur les 2 millions d’habitants qui ont besoin de soins immédiats. Rachel Felgines, du département des urgences de Caritas International, nous éclaire sur la «situation extrême» sur la bande de Gaza.

Une crise sanitaire sans précédent

C’est surtout en terme de santé que la Caritas s’inquiète. Avec trois centres hospitaliers et plusieurs équipes mobiles, le programme d’aide sanitaire est une des principales missions de la Caritas de Jérusalem, en plus des missions d’assistance sociale, juridique, de la formation, du microcrédit et de la sécurité alimentaire. Mais la Caritas de Jérusalem s’inquiète de ne plus pouvoir être à la hauteur de son programme de santé. En novembre 2018, la ministre de la santé dénonçait le fait que 39% des médicaments en stocks seraient écoulés en un mois seulement. En plus de cela, la Caritas souligne d’importantes ruptures de stock : 57% des médicaments utilisés dans les soins de santé primaires manquent cruellement, estimaient les cliniques ministérielles.

Les hôpitaux nationaux sont bondés, incapables de prendre en charge les blessés causés par les forces israéliennes lors des manifestations. Beaucoup de personnes se tournent donc vers les hôpitaux tenus par Caritas. Un grand nombre des blessures sont dues aux heurts violents avec les forces israéliennes. Selon l’ONU, 44% des blessés enregistrés dans les divers hôpitaux ont des blessures par balles. La Caritas le rappelle : durant les récentes protestations contre le blocus, plus de 250 Palestiniens ont été tués et 26 000 blessés par les troupes israéliennes. La confédération estime le coût des hauts besoins sanitaires des communautés les plus vulnérables à 32 millions de dollars sur la zone. Pour Rachel Felgines, il s’agit véritablement d’ «une tragédie humaine»

Des causes multiples

Tout d’abord, Gaza ne peut pas répondre à la croissance rapide de la population, à raison de 5,7 naissances par femme en moyenne. Avec deux millions d’habitants sur une si petite surface, selon Rachel Felgines, le territoire est «surpeuplé».

La Banque mondiale, quant à elle, explique l’effondrement économique de la zone par le blocus imposé par Israël et l’Égypte depuis 2007. Ainsi, à une pauvreté palpable, s’ajoute un fort taux de chômage, conduisant au chiffre impressionnant de 80 % des habitants de Gaza qui vivent sous le seuil de pauvreté.

De plus, les aides humanitaires internationales diminuent. L’Agence américaine pour le développement international (USAID), début février, a mis fin à son assistance aux Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. L’an dernier déjà, des centaines de millions de dollars d’aide, que Washington attribuait aux Palestiniens, ont été retirés. Les groupes humanitaires qui étaient financés par l’USAID sont en difficulté. Selon les experts, précise l’appel de la Caritas, cette coupure des aides aura des « conséquences fatales sur la vie déjà précaire de la population de Gaza.» Rachel Felgines va dans ce sens : «la situation risque de s’empirer dans les mois à venir», nous confie-t-elle.

Visant treize zones marginalisées, le projet élargi de Caritas toucherait une population de près de 220 000 personnes au total. À cause du retrait de l’aide de l’USAID, trois nouvelles zones ont été ajoutées.

Le Carême propice à une prise de conscience

Pour la directrice de la Caritas de Jérusalem, Sœur Bridget Tigle, le principale ennemi est l’indifférence au vu d’une situation qui dure. «Ces faits sont bien connus, dit-elle dans l’appel de la Caritas. Si bien connus qu’avec les années, la conscience du monde s’y est habituée et s’est immunisée contre les horreurs d’un peuple occupant et en dépossédant un autre pendant plus de cinquante ans.» Rachel Felgines abonde, «on s’est habitué à cette situation, on l’a oubliée».

Le Carême étant un «temps de partage», il est l’occasion de «s’ouvrir à cette population» souligne Rachel Felgines.

Entretien avec Rachel Felgines

 

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14 mars 2019, 12:02