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Le cardinal Barbarin, ici lors de l'ouverture de son procès, le 7 janvier 2019. Le cardinal Barbarin, ici lors de l'ouverture de son procès, le 7 janvier 2019. 

Le cardinal Barbarin va présenter sa démission au Pape

Le tribunal correctionnel de Lyon a rendu ce jeudi son verdict dans le procès Barbarin, condamnant l’archevêque de Lyon à six mois de prison avec sursis. La présidente du tribunal l'a «déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements» envers un mineur entre 2014 et 2015, dans l'affaire impliquant le prêtre Bernard Preynat. Le cardinal Barbarin n’était pas présent lors de l’annonce du verdict, mais ses avocats ont aussitôt annoncé qu’ils faisaient appel de cette condamnation. Il remettra sa démission au Pape François ce lundi 18 mars.

À l’issue des débats lors du procès au mois de janvier, la procureure n'avait requis aucune peine à l'encontre du Primat des Gaules, ni des cinq anciens membres du diocèse poursuivis avec lui. «La motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utile», a indiqué Me Jean-Félix Luciani, l’avocat principal du cardinal. Me Luciani a par ailleurs évoqué la pression médiatique «avec des documentaires, un film» qui ont relaté les abus du père Preynat et les accusations portant sur le cardinal. L’avocat a par ailleurs évoqué «de vraies questions sur le respect de la Justice».

Du côté des victimes du père Preynat qui avaient lancé le procès contre l’archevêque de Lyon, le président de l’association "La Parole libérée", François Devaux, s’est réjoui du verdict, saluant dans cette condamnation un « grande victoire pour la protection de l'enfance ».

Le troisième évêque condamné en France

Dix victimes du père Preynat avaient poursuivi le cardinal et son entourage pour ne pas avoir dénoncé le prêtre à la justice et avoir tardé à l’écarter de ses charges pastorales. Aumônier scout dans les années 1970 et 1980 dans la banlieue lyonnaise, le prêtre aurait abusé de plus de 70 jeunes scouts, au sein d’une troupe qui n’était pas affiliée aux mouvements scouts officiels. L’ampleur du scandale a eu une onde de choc bien au-delà du diocèse lyonnais, et a secoué l’Église de France.

«Je n’ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles» avait déclaré l’archevêque de Lyon dans une déclaration lue lors de la première journée d’audience devant le tribunal correctionnel, le 7 janvier dernier. Le 31 août 2015, le cardinal Barbarin avait démis de ses fonctions le père Preynat, en accord avec le Vatican. «J’ai fait exactement ce que Rome m’a demandé» avait-il affirmé. Il a cependant reconnu avoir été «imprudent» quand il a nommé en 2013 le père Preynat responsable d’un doyenné près de Roanne. «J’aurais mieux fait de lui dire de rester dans l’ombre», avait-il concédé.

Le cardinal Barbarin est le troisième évêque français à être condamné dans un dossier concernant les abus sexuels sur mineurs. En 2001, Mgr Pierre Pican, l’évêque de Bayeux-Lisieux, avait été condamné à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’atteinte sexuelle sur mineurs. Plus récemment, le 22 novembre dernier, Mgr André Fort, ancien évêque d’Orléans, a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’actes pédophiles par le tribunal correctionnel d’Orléans. 

La démission du cardinal Barbarin

Dans une courte intervention devant la presse à la maison diocésaine de Lyon, ce jeudi à 13h, le cardinal Barbarin a annoncé qu'il allait se rendre à Rome dans les prochains jours afin de remettre sa démission au Pape François. «Je prend acte de la décision du tribunal. Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire d'abord ma compassion pour les victimes et toute la place qu'elles et leurs familles gardent dans ma prière. J'ai décidé d'aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission. Il me recevra dans quelques jours», a déclaré le cardinal.

Dans un communiqué diffusé après cette annonce, «la Conférence des évêques de France prend acte de la décision de justice rendue aujourd’hui à l‘encontre du cardinal Barbarin pour non dénonciation. Elle ne commentera pas cette décision. La CEF rappelle que, comme tout citoyen français, le cardinal Barbarin a le droit d’utiliser les voies de recours à sa disposition. C’est ce qu’il a fait et nous attendons l’issue de cette nouvelle procédure.

Quant à sa décision de présenter sa démission au Pape François, elle relève de sa conscience personnelle. Elle aussi n’appelle pas de commentaire de la part de la CEF. Il appartiendra au Pape de lui donner la suite qu’il jugera opportune.

La CEF réaffirme sa volonté de lutter avec détermination contre toutes les agressions sexuelles commises par des clercs sur des mineurs.»

Le cardinal Philippe Barbarin sera reçu par le Pape François le lundi 18 mars. 

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07 mars 2019, 11:09