Le Pape François s'envole pour le Maroc, samedi 30 mars 2019. Le Pape François s'envole pour le Maroc, samedi 30 mars 2019.  

Au Maroc, une Église discrète mais active

Le Pape François va à la rencontre d’une petite communauté, qui représente moins de 0,1 % de la population du pays, de tradition sunnite. Malgré un visage discret, les catholiques du Maroc participent pleinement à la vie de la société.

Olivier Bonnel - Envoyé spécial à Rabat, Maroc

Le Pape François s’envole ce samedi 30 mars au Maroc où il passera deux jours. Une visite à l’invitation du roi Mohamed VI et de l’Eglise locale, la première d’un pape depuis la visite de Jean-Paul II à Casablanca en août 1985. Un voyage apostolique, le 28 ème de son pontificat.

Cette visite au royaume chérifien a pour thème «serviteur d’espérance». Un thème qui fait écho à la lettre pastorale de la conférence épiscopale de la Région Nord de l’Afrique (CERNA), Serviteurs de l’espérance, publiée en 2014.

L’Eglise du Maroc comporte deux archidiocèses:  celui de Tanger, qui regarde l’Espagne et anciennement part du protectorat espagnol, et celui de Rabat, la capitale administrative et politique du royaume, qui faisait partie du protectorat français jusqu’en 1956.

Un visage multiculturel

Le Pape vient en effet raviver l’espérance de la petite communauté catholique du pays, qui n’excède pas 30 000 membres, dans un pays de 34 millions d’habitants, majoritairement musulmans sunnites. L’Eglise catholique du Maroc est une mosaïque d’une centaine de nationalités. Une partie est composé d’expatriés français, italiens ou espagnols, langues que l’on retrouve dans les cérémonies. Une autre est formée de migrants, à l’image de l’évolution sociologique du royaume ces dernières années.

Cette Eglise s’est en effet «africanisée» ces dernières années, au gré des arrivées de ressortissants d’Afrique subsaharienne, venus tenter soit de migrer vers l’Europe, soit de trouver du travail sur le sol marocain. Ce thème du respect des migrants a déjà été manifesté par le Pape dès ce samedi matin: avant de partir vers l'aéroport, il a reçu à la Maison Sainte-Marthe un groupe de migrants marocains accueillis en Italie par la Communauté de Sant'Egidio. Ces deux familles étaient accompagnées par l'aumônier apostolique, le cardinal Konrad Krajewski.

Témoignage de vie

Malgré sa taille modeste, l’Eglise catholique au Maroc a su se faire une place dans la société. Elle gère près de 80 instituts d’enseignement et de nombreuses œuvres de bienfaisance. Ses quinze écoles scolarisent des milliers d’élèves, la quasi-totalité étant des musulmans. L’Eglise locale se veut avant tout garante d’un «dialogue de vie» où chrétiens et musulmans vivent d’abord dans une coexistence pacifique.

Contrairement à d’autres pays où l’islam est la religion majoritaire, le Maroc fait figure de pays moderne. Commandeur des croyants, le roi a plaidé pour un islam tolérant, qui tranche avec le fondamentalisme de certaines écoles religieuses. Le Pape se rendra d’ailleurs à l’institut de formation des imams à Rabat, où sont formés de nombreux religieux.

 

Liberté de culte et liberté religieuse

En 1984, le Roi Hassan II a accordé un statut à l’Eglise catholique du Maroc, ainsi assurée de pouvoir exercer publiquement et librement sa mission spirituelle et d’assumer ses activités propres telles que le culte, le magistère, la juridiction interne, la bienfaisance, l’enseignement religieux, l’assistance aux prisonniers etc… La question de la liberté religieuse reste néanmoins un sujet épineux. Si un catholique souhaite obtenir la nationalité marocaine, il doit en effet se convertir à l’islam.

Cette visite du Pape François réjouit Mgr Christobal Lopez Romero, salésien espagnol nommé l’an dernier archevêque de Rabat, la capitale marocaine où le Pape François passera les deux jours de sa visite. Mgr Lopez nous fait part de ses attentes et nous livre le visage de cette petite communauté catholique, dont le témoignage de vie est la première mission.

Entretien avec Mgr Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat

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30 mars 2019, 10:52