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Mgr Lionel Gendron (à gauche), lors d'une rencontre avec le Pape François au Vatican, le 6 décembre 2018 Mgr Lionel Gendron (à gauche), lors d'une rencontre avec le Pape François au Vatican, le 6 décembre 2018  

Protection des mineurs: Mgr Gendron favorable à une coopération entre les diocèses

Au lendemain de la messe et du discours du Pape concluant la Rencontre pour la protection des mineurs au Vatican, le président de la Conférence épiscopale canadienne livre ses impressions, conscient de la complexité de la situation et de la diversité des compétences des diocèses en matière de lutte contre les abus sur mineurs.

Propos recueillis Sean Patrick Lovett / avec Marie Duhamel – Cité du Vatican

Mgr Lionel Gendron est l’évêque de Saint-Jean-Longueuil dans la province de Québec, et président de la Conférence épiscopale du Canada. Il revient sur ses échanges en cercles mineurs lors de la rencontre, aux côtés d’évêques d’autres continents n’ayant pas l’expérience de son Église face aux abus. Il partage aussi de nouvelles clés de lecture et de nouvelles idées, tant pour accompagner les victimes d’abus que pour mettre en place ou améliorer des protocoles d’actions et de prévention au sein de leur Église et pays.

Témoignage de Mgr Lionel Gendron, président CECC

Éclairage: l’engagement de l’Église canadienne dans la lutte contre les abus sur mineurs

Au Canada, l’Église catholique fut accusée de maltraitance, notamment d’abus sexuels, dès la fin des années 1980 et poursuivie en justice – tout comme l’État canadien et les Églises anglicane, unie, ou presbytérienne- une décennie plus tard par des autochtones, d’anciens pensionnaires d’écoles ou orphelinats tenus par ces Églises, chargées de participer à la politique gouvernementale d’assimilation des Amérindiens, Inuits et métis.

On estime que plus de 100 000 enfants ont fréquenté ces pensionnats. Selon des chiffres du journal La Croix, sur les 76 pensionnats recensés en 1946, 45 étaient sous la responsabilité de l'Église catholique, 19 de l'Église anglicane, 10 de l'Église unie et 2 de l'Église presbytérienne.

Dès 1992, l’Église catholique canadienne a publié un premier document, «De la souffrance à l’espérance», donnant de premières lignes directrices au niveau national pour lutter contre les abus. Il fut suivi de deux autres textes: «Orientations» publié en 2007 et, onze ans plus tard, le 4 octobre dernier, «Protection des personnes mineures contre les abus sexuels: Appel aux fidèles catholiques du Canada pour la guérison, la réconciliation et la transformation». Une actualisation était nécessaire au regard des modifications des lois canadiennes et des dernières normes édictées en 2010 par le Saint-Siège quant à la réponse canonique à donner dans les cas d’abus.

Dans cet ultime document de 200 pages, nourries du travail d’experts et de professionnels en psychologie, en travail social, en protection des droits de l’enfance ou en lois civiles et canoniques, les évêques reviennent sur les leçons apprises de leurs expériences passées, proposent des lignes directives pour répondre aux crimes commis et offrent une liste de ressources utiles en cas de besoin (adresses d’ONG ou d’institutions étatiques).

D’abord et avant tout, les évêques s’intéressent aux victimes, insistant sur la nécessité de bien les accueillir et de saluer leur courage. Ils examinent aussi les mesures prises contre les membres du clergé qui auraient commis des abus. Il leur est demandé de rendre publiquement des comptes.

Les évêques se sont engagés à utiliser le document pour mettre en pratique les différents protocoles et politiques en place. En adoptant le document, les évêques ont également convenu de former un comité spécial pour aider la Conférence des Évêques Catholiques du Canada à maintenir ses politiques à jour et à faire des recommandations sur les questions qui surgiront.

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25 février 2019, 10:50