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À Panama, de jeunes séropositifs espèrent un message de miséricorde

Ce sera l’un des moments les plus émouvants du voyage du Pape au Panama: sa visite à la Casa Hogar du Bon Samaritain, en périphérie de la capitale, qui accueille des malades du sida. La petite communauté de résidents se prépare activement à la venue du Souverain Pontife.

Manuella Affejee, envoyée spéciale à Panama City

«J’étais malade et vous êtes venu me visiter». Comment ne pas penser à ce verset évangélique en arrivant à la Casa Hogar, quelques jours seulement avant la venue de l’évêque de Rome. Ses murs peints de couleurs vives, son joli jardin orné de magnifiques bougainvilliers et d’un potager entretenu avec soin, respirent une étonnante sérénité.

Eric Rodriguez, l’administrateur du centre nous accueille. Ce solide Panaméen explique que les préparatifs sont en cours: «On espère que tout sera fini avant dimanche», lâche-t-il en esquissant un bref sourire, avant de montrer la toute petite salle où se reposera le Pape en arrivant, ainsi que l’image de la Vierge Marie, peinte pour l’occasion par les résidents.

Isolement et marginalisation des malades du sida 

Une centaine de personnes seront présentes dimanche 27 janvier pour rencontrer le Pape. Parmi eux, les 18 malades du centre, -12 hommes et 6 femmes. La Casa Hogar, gérée par l’Église panaméenne, a été créée en 2004. Bien plus qu’un toit, c'est un foyer, une famille qu’elle veut offrir à des jeunes souvent rejetés par leurs proches et la société qui perçoivent le sida comme un châtiment divin ou une sorte de malédiction. Selon des chiffres officiels, le Panama compterait environ 30 000 porteurs de la maladie, mais ils seraient en réalité beaucoup plus, entre ceux qui ignorent tout de leur état et ceux qui le cachent, par honte.

Il existe au Panama d’autres centres de ce type, plus grands, plus équipés; alors pourquoi le Pape a-t-il choisi de venir ici? Eric Rodriguez sourit: «Le Seigneur cherche toujours l’humilité du cœur… Le Pape aussi». La structure dont il a la charge est en parfaite osmose avec le magistère du Pape sur la miséricorde, assure-t-il.

Avec ses pauvres moyens, la fondation accueille sans distinction, même si des critères bien précis président à «l’admission» des résidents. L’on regarde tout d’abord la situation familiale du malade: son éventuelle solitude et isolement s’avèreront déterminants. Il ne doit souffrir d’aucune autre pathologie potentiellement contagieuse, doit démontrer d’une vraie volonté de s’intégrer à la communauté, et accepter de se soumettre à un accompagnement psychologique rigoureux. La Casa Hogar se voit parfois contrainte de refuser ceux qui se trouvent en phase terminale. La structure étant très petite et ses capacités étant limitées, elle privilégie ceux qui ont encore «l’espérance de s’en sortir». «C'est toujours une décision très difficile à prendre», commente gravement Éric.

Raul, celui qui témoignera devant le Pape

Un des malades du centre s’avance vers nous. Raul , 31 ans. Il se déplace péniblement à l’aide de béquilles. Ce jeune autochtone porte les stigmates d’une vie broyée par la drogue et la toxicodépendance. Il nous regarde avec timidité et réserve, mais son visage s’éclaire lorsqu’il nous parle de la visite prochaine du Pape. Et pour cause: il aura l’honneur de témoigner devant le Saint-Père, et il est peu de dire que Raul en ressent de la fierté et de la joie.

«Le centre m’a aidé à dépasser la discrimination de la société et le refus de ma famille. L’appui inconditionnel de la fondation et la Parole de Dieu  me donnent la force pour continuer à avancer.  Ici, tu dois suivre les règles, tu découvres que tout n’est pas facile et que tout ce que tu peux faire a des conséquences. Je suis heureux, je n’aurais jamais pensé que le Pape vienne dans un centre aussi petit! François vient là où même ma famille ne vient pas», nous raconte-il simplement, avant d’ajouter qu’il offrira au Pape un petit sac qu’il a confectionné de ses mains.

Sa joie est partagée par les autres pensionnaires de la Casa Hogar et son administrateur, Éric, qui espère que cette visite du successeur de Pierre contribue à sensibiliser les cœurs à une réalité dramatique, qui ne concerne pas seulement le Panama. Avant notre départ, Éric nous confie sa devise, devenue celle de la Casa Hogar: «Ici, il est interdit de mourir, il faut vivre avec joie car le Christ est vivant et Il est avec nous».

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La Casa Hogar en périphérie de Panama City
24 janvier 2019, 10:54