Une vue de Panama City Une vue de Panama City  

Le Panama, un «pays à deux visages» en attente du Pape François

Le Pape François prend ce mercredi la route du Panama où son avion devrait atterrir vers 16h30 (heure locale). Le petit pays centraméricain accueille les 34e Journées mondiales de la jeunesse que le Souverain Pontife présidera à partir de jeudi soir. C’est un climat d’enthousiasme et de joyeux désordre qui règne dans la capitale à quelques heures de l’arrivée du Saint-Père.

Manuella Affejee, envoyée spéciale à Panama City

Les rues de la capitale s’emplissent d’heure en heure de petits groupes de pèlerins, portant avec fierté les drapeaux de leur pays sur leurs épaules, chantant à tue-tête, s’amusant à prendre des selfies devant la cathédrale de Santa Maria di Antigua ou sur la Cinta Costiera, cette magnifique promenade longeant l’Océan Pacifique. Comme à chaque JMJ, la vue de ces jeunes offrant sans complexe le spectacle de leur joie débordante et communicative touche au cœur et agit comme un stimulant. Et rien, ni les imprévus ou ratés de l’organisation, ni la chaleur parfois assommante, ni le trafic dantesque de Panama City ne sauraient l’altérer ou l’assombrir.

Des jeunes accueillis dans un climat hospitalier

Ils sont venus d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Australie et des Amériques. Ils ne se connaissent pas, ne parlent pas souvent la même langue; et pourtant, ils se saluent avec effusion lorsqu’ils se croisent, prient et dansent ensemble, conscients de partager les mêmes aspirations, d’être unis par leur foi en Jésus-Christ et d’avoir répondu à un même appel, celui du Pape François qui les enjoint à «sortir de leurs canapés», à ne pas s’enfermer dans de lénifiantes certitudes, à ne jamais se complaire dans une médiocrité de bon aloi, mais à se mettre toujours en route, à tendre sans relâche vers le Vrai et le Bien, à «changer le monde», lentement mais sûrement. Cet appel exigeant résonne particulièrement chez les jeunes latino-américains, -Salvadoriens, Péruviens, Guatémaltèques, Uruguayens ou Brésiliens-, qui constituent le gros des troupes.

Tous ont été accueillis à bras ouverts dans les 6 diocèses du Panama, ainsi qu’au Costa Rica voisin. Pendant une semaine, ils ont pu goûter aux réalités locales, hébergés dans des familles souvent modestes qui ont partagé sans restriction leur vie, leur pain et la richesse de leurs traditions. Une expérience inoubliable pour de nombreux pèlerins européens qui témoignent avec émotion de ces rencontres. Dans la capitale même, des communautés juives et musulmanes ont ouvert leurs portes aux pèlerins catholiques en un geste d’amitié et de fraternité.

Voici donc ce qui attend le Pape François, qui à partir de jeudi se joindra à tous ces jeunes lors de la cérémonie officielle d’ouverture des JMJ. Mais le Souverain Pontife aura également à cœur de rencontrer ceux qui ne pourront se déplacer, ni participer aux événements prévus comme le Chemin de croix, la veillée du samedi ou la messe de clôture. Vendredi, il célébrera une liturgie pénitentielle avec les mineurs d’un centre de réhabilitation; dimanche, il se rendra dans une maison d’accueil de jeunes malades du sida… Autant d’histoires de déchirures et d’exclusion, de détresse sociale et familiale, de dureté et de tristesse, mais aussi d’espérance et de rédemption. Jeunes prisonniers, jeunes malades: ces JMJ sont aussi les leurs.

Le Panama, une terre «à deux visages»

Pour la 5e fois en 34 ans, les JMJ se tiennent donc en terre américaine. L’archevêque de Panama City l’avait affirmé bien avant le début de ce grand rendez-vous: les pèlerins «découvriront un pays à deux visages». Et de fait, outre une flore admirablement luxuriante, sa prégnante dualité est l’une des premières choses qui frappe le visiteur arrivant au Panama, et surtout dans sa capitale. La ville qui donne sur l’océan Pacifique s’enorgueillit de son charmant petit centre historique de style colonial, de son bord de mer prisé des touristes, de ses banques et de ses flamboyants gratte-ciels.

Ce vernis de modernité et d’opulence peine à cacher une autre réalité, et il n’est point besoin de trop s’éloigner pour s’en rendre compte. Les tours de verre qui s’élancent vers le ciel avoisinent des bâtiments délabrés et décrépits. Les sièges de banques se trouvent à quelques rues seulement de quartiers populaires où la pauvreté et la précarité se laissent voir sans aucune fioriture.

A l’image de sa capitale, le Panama est une terre de contrastes et représente aujourd’hui l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Les profits générés par le fameux canal, -pivot de l’économie du pays-, ne profitent malheureusement qu’à un petit nombre. Injustice sociale, misère, exclusion de certaines franges de la population, corruption, problèmes de drogue et de violence: les maux dont souffre le Panama sont partagés par de nombreux pays de la région. Il va sans dire que le Pape est très attendu sur ces sujets, d’autant qu’ils concernent les jeunes de près; des jeunes qui tentent de résister à la tentation du désespoir, de faire fructifier leurs talents et comptent immanquablement sur les paroles du Pape pour les y encourager.

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23 janvier 2019, 07:06