Avril 2018. Médecins légistes et militaires portent le corps d'un homme assassiné à Acapulco dans l'État du Guerrero, un des plus durement touchés par la criminalité organisée Avril 2018. Médecins légistes et militaires portent le corps d'un homme assassiné à Acapulco dans l'État du Guerrero, un des plus durement touchés par la criminalité organisée 

Le diocèse de Mexico prend la plume contre la corruption

Plus de 33 300 homicides ont eu lieu au Mexique en 2018. Une spirale de violence et de corruption ancrée dans la société qui s’aggrave d’année en année. Le diocèse de Mexico lance un cri d’alarme, et appelle à combattre ce fléau.

«Nous entendons pléthore de discours sur la corruption ces dernières années, mais qui ose réellement la combattre et l’affronter? Il apparaît plus facile de publier des petites phrases sur Internet, de la critiquer avec mondanité ou de la représenter dans des fictions, au lieu d’être ferme au moment idoine». Ainsi commence le sévère éditorial à l’égard de la corruption, publié par le diocèse de Mexico City dans sa revue hebdomadaire «Desde la Fe» (De la foi).

La corruption, un vice de l’âme

L'éditorial rappelle à plusieurs reprises les paroles du Pape François prononcées il y a un an à bord de l’avion le reconduisant à Rome, après son voyage au Pérou: «Je n’ai pas peur du péché, mais j’ai peur de la corruption, parce que la corruption est un vice de l’âme et de la chair. Un homme corrompu est si sûr de lui, si endurci, qu’il ne peut faire marcher arrière».

«Le corrompu est celui qui pèche et ne s’en repent pas, celui qui pèche et feint d’être chrétien, et dont la vie est scandaleuse. Le corrompu ignore l’humilité, ne considère pas qu’il a besoin d’aide et mène une double vie», écrivait le Pape dans son livre-entretien «Le nom de Dieu est miséricorde», paru en janvier 2016.

«Il y a urgence» 

«Nous sommes à un tournant pour mettre fin à cette plaie de la corruption qui a tant abîmé notre pays et qui gangrène notre jeunesse», poursuit l’éditorial du diocèse de la capitale mexicaine, avant d’éprouver d’amers regrets sur la délinquance enracinée dans le pays: «Nous voyons défiler ces images de jeunes assaillants, de jeunes meurtriers, qui depuis leur enfance ont oublié la grâce d'aimer, de respecter et de valoriser le sens de la vie». 

Or, dit le Pape François, la corruption ne se combat pas par le silence. Et le diocèse de Mexico d’achever: «Nous devons en parler, la comprendre pour montrer la volonté d’affirmer la miséricorde avant la méchanceté. Nous devons nous unir en cette cause difficile. Il y a urgence!»

Le diocèse de Mexico appelle ainsi à une autocritique à tous les niveaux: politique, ecclésial, social et citoyen, afin de combattre ce mal endémique de la corruption, liée à la violence.

2018, année record de violences

En 2018, sur les quarante religieux, religieuses et prêtres tués dans le monde, six l’ont été au Mexique, rapportait l'agence Fides le 29 décembre dernier.

Pour la presse, le Mexique est le deuxième pays le plus dangereux au monde, après la Syrie, avec plus de 100 journalistes tués depuis 2000, selon Reporters sans Frontières. En 2018, 10 journalistes ont été assassinés dans différentes régions du pays. Et le directeur d'une radio a été tué dans l'État de Basse-Californie du Sud, dans le nord-ouest du Mexique, ce 22 janvier. Il devient le premier journaliste tué en 2019 dans ce pays.

Au niveau national, le Mexique a enregistré 33 341 homicides en 2018, soit le nombre le plus élevé depuis le début des statistiques en 1997, ont annoncé les autorités le 21 janvier 2019.  L'année 2017 avait déjà connu un record avec 28 866 homicides.

Constante augmentation depuis une décennie

Le nombre de meurtres dans le pays a considérablement augmenté depuis la fin de l'année 2006, lorsque le gouvernement du président Felipe Calderon (2006-2012) a lancé une offensive militaire controversée contre le crime organisé. 

Au cours du mandat de son successeur, Enrique Pena Nieto (2012-2018), ces crimes n'ont cessé d'augmenter. 

En décembre, lors du premier mois de mandat du nouveau président de gauche Andrés Manuel López Obrador, 2 842 homicides ont été enregistrés, soit une hausse de près de 10% par rapport à décembre 2017. 

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22 janvier 2019, 16:31