Les jeunes prisonniers du centre de détention Pacora ont troqué leurs armes pour des pinceaux. Les jeunes prisonniers du centre de détention Pacora ont troqué leurs armes pour des pinceaux.  

Au Panama, de jeunes prisonniers en quête de rédemption

Ils ne pourront se joindre aux milliers de jeunes présents pour le chemin de croix, la veillée ou la messe de clôture des JMJ. Le Pape ira lui-même à leur rencontre. Les mineurs du centre de réhabilitation de Pacora, situé à une quarantaine de kilomètres de Panama City, prieront avec François le temps d’une liturgie pénitentielle.

Manuella Affejee - Panama City

Dans le centre de réhabilitation pour mineurs de Las Garzas de Pacora, l’heure est aux préparatifs. Dans la grande cuisine, les jeunes s’affairent à préparer un pain typique argentin. «Nous allons l’offrir au Pape, il en est très friand!», nous confie le «chef», ravi de confier cette anecdote.

Sauver les jeunes de la violence et de la drogue

Des notes de musique s’échappent d’une salle attenante. L’on y découvre une petite chorale en pleine répétition en vue de la liturgie pénitentielle que le Pape célébrera avec eux. Les visages sont concentrés sur les partitions, les doigts enchainent péniblement les accords, et les voix ne sont pas toujours justes, mais l’ardeur et la motivation de ces jeunes détenus ne peuvent qu’attendrir. Ils ont 14, 16, 18, ou 25 ans. Qui pourrait croire, en voyant ces sourires timides et enfantins, ces gestes hésitants et maladroits, que ces jeunes garçons ont volé, violé et même tué? Beaucoup ont grandi dans un environnement familial chaotique, sans éducation, sans tendresse, sans amour; la violence et la drogue ont été les seuls chemins qui leur ont été proposés. 

 

Le centre de réhabilitation dans lequel ces 143 jeunes garçons purgent leur peine, -qui peut aller d’un à douze ans de détention-, veut les arracher à cette spirale mortifère, les insérer dans un «processus de resocialisation», et leur donner les moyens, une fois libres, de mener une vie digne et honnête. Derrière les murs et les fils barbelés, leur temps se partage entre ateliers de mosaïque, de tapisserie, de menuiserie, sous l’œil vigilants de professeurs, de psychologues, et du personnel encadrant. Les visites des familles sont autorisées une fois toutes les deux semaines.

Le Pape confessera 3 jeunes détenus

La venue du Pape François suscite une joie incrédule parmi les jeunes, même si beaucoup, en réalité, ne sont pas catholiques mais évangéliques. Seuls 80 d’entre eux pourront participer à la liturgie pénitentielle de vendredi; ils seront rejoints par plusieurs autres détenus issus de divers centres du pays. Le Pape en confessera trois: deux garçons et une jeune fille. «Nous avons cherché des profils de vie marquants, explique Emma Alba Almeda, directrice nationale des prisons pour mineurs du Panama, ceux de jeunes qui, lorsqu’ils sont arrivés ici, rêvaient seulement de vengeance, parce qu’ils ont tué ou vu leurs proches se faire tuer. Ils pensaient seulement à sortir de prison pour se venger. Quand on leur a dit que le Pape venait ici, l’un de ces jeunes a dit qu’il voulait se confesser avec lui. Il a dit ‘j’ai besoin de transformer ma vie, j’ai besoin d’un changement’. Et maintenant ce garçon ne pense plus à se venger. Il nous dit qu’il pense et rêve tout le temps à comment se déroulera sa rencontre avec le Pape, et devant les autorités du Panama, il a déclaré qu’il voulait tourner la page».

Emma Almeda est heureuse de recevoir le Souverain Pontife dans ces périphéries meurtries de la jeunesse, fière du travail d’éducation accompli chaque jour avec ces jeunes. « De nombreuses vies ont été transformées ici», assure-t-elle, en nous confiant dans un sourire ému la devise informelle du centre: «Échange ton arme pour un pinceau».

À quelques kilomètres des gratte-ciels étincelants de Panama City, sous le chapiteau précaire d’une minuscule chapelle où trône une statue de la Vierge et une croix dépouillée, le Pape parlera à ces jeunes de pardon, de miséricorde, de rédemption, et de ce qui constitue le cœur du message évangélique: personne n’est jamais perdu aux yeux de Dieu.

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Le centre de détention pour mineurs de Pacora au Panama
25 janvier 2019, 11:11