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Le Pape de l'Eglise Copte, Tawadros II, le 6 janvier 2018 lors d'une messe de la nativité. Le Pape de l'Eglise Copte, Tawadros II, le 6 janvier 2018 lors d'une messe de la nativité.  

Égypte : l’Église copte prône une plus grande discipline monastique

En Égypte, le patriarcat copte-orthodoxe veut reprendre le contrôle sur les nombreux monastères qui parsèment le pays. Objectif: préserver une discipline monastique parfois sujette à certaines dérives.

Manuella Affejee- Cité du Vatican

Le 3 août dernier, le Saint-Synode de l’Eglise copte-orthodoxe publiait à l’adresse des moines égyptiens une série de mesures assez restrictives, parmi lesquelles l’interdiction de recevoir des donations personnelles de fidèles ou d’intervenir dans les médias sans l’accord préalable de leur supérieur, une meilleure règlementation de l'accès aux monastères pour les visiteurs et pèlerins, ou encore la suspension pour un an de l'ordination de nouveaux moines. Enfin, autre mesure symbolique: l’invitation faite aux moines et moniales de fermer leurs comptes sur les réseaux sociaux. Et le pape Tawadros II de donner lui-même l’exemple, en annonçant la fermeture de son propre compte Facebook, pourtant suivi par de nombreux fidèles.

Un contexte douloureux 

L’annonce de ces mesures est intervenue dans un contexte bien particulier. Quelques jours auparavant en effet, l’on apprenait la mort, dans des circonstances troubles, de l’évêque Epiphanius, père abbé du monastère St Macaire, situé dans la région désertique de Wadi Natrun, au nord-ouest du Caire. Au terme de l’enquête, la police procédait à l’inculpation pour meurtre d’un ancien moine du couvent, déjà sous le coup d’une expulsion, -pour comportement «en désaccord avec les principes du monachisme»-, et qui était depuis des mois en conflit avec son supérieur.

Relâchement de la discipline monastique

Le recours à ces mesures obéit quoi qu’il en soit à une volonté manifeste d’accroitre le contrôle du patriarcat sur les monastères, nombreux et florissants en Egypte, et de préserver la règle de vie monastique, mise à mal depuis un certain temps par certaines dérives. La grande attractivité qu’exercent ces monastères auprès des fidèles aurait ainsi altéré la dimension érémitique intrinsèque au monachisme et affecté la vie spirituelle des moines. De même, les donations parfois importantes des visiteurs ont considérablement enrichi les monastères, éveillant une certaine âpreté au gain chez plusieurs moines, et instituant un rapport parfois malsain à l’argent et à l’opulence. Une problématique qui, somme toute, n’a jamais été étrangère à l’Histoire des Eglises d’Orient et d’Occident.

Divergences au sein de l’Eglise copte

En appelant les moines et évêques à plus de réserve sur les réseaux sociaux et internet, le patriarcat semble également vouloir canaliser les oppositions qui s’expriment parfois avec une grande virulence sur ces plateformes, et qui témoignent des divergences de vues qui traversent cette Eglise orientale, la plus importante du Moyen-Orient en terme numérique. L’arrivée au siège de Marc de Tawadros II, pape réformateur et ouvert à l’œcuménisme, a suscité en effet quelques réticences au sein de l’épiscopat et du clergé coptes.

L’éclairage de Christian Cannuyer, professeur à la faculté de théologie de l’université catholique de Lille, et spécialiste des coptes.

Interview de Christian Cannuyer, professeur à la faculté de théologie de l’université catholique de Lille, et spécialiste des coptes

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20 août 2018, 08:32