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Des manifestants contre l'adoption du projet de loi dépénalisant l'avortement, en face du palais présidentiel de Buenos Aires, le 30 juillet 2018. Des manifestants contre l'adoption du projet de loi dépénalisant l'avortement, en face du palais présidentiel de Buenos Aires, le 30 juillet 2018. 

Argentine: le projet de loi légalisant l’avortement bientôt au Sénat

Le 8 août prochain, le Sénat argentin doit examiner le projet de loi dépénalisant l’avortement. Les manifestations pour défendre le droit à la vie se multiplient dans les villes du pays, mais le texte ne devrait pas être adopté par la Chambre haute, réputé plus conservatrice que celle des députés.

La Chambre des députés argentine avait adopté, le 14 juin dernier, à une courte majorité (129 voix pour, 125 contre) le texte de loi sur la légalisation de l’avortement  durant les 14 premières semaines de grossesse. Le texte passe désormais par le Sénat la semaine prochaine, où il ne devrait pas être adopté. 

Infléchir le texte

Face à cette probabilité de rejet sénatorial, une troisième voie se dessine, celle «de Cordoba» - du nom de la province d'origine des trois sénateurs qui proposent ces aménagements. L’idée est d’« apporter au moins cinq modifications au texte pour l'assouplir et le rendre plus digeste pour certains réticents. S'il y a des retouches, le texte repassera devant les députés, qui peuvent soit conserver le texte d'origine, soit accepter les modifications», écrit par exemple le quotidien buenos-airien, Clarin.

L’objection de conscience

Le 26 juillet dernier, l’épiscopat argentin avait donc publié une lettre ouverte pour prévenir contre l’adoption d’un tel projet de loi. Les évêques, particulièrement ceux de la province de Cordoba dont sont originaires les sénateurs désireux de modifier la loi sur l’avortement dans le pays, reconnaissent d’abord «l’opportunité d’inclure expressément l'objection de conscience institutionnelle», faisant remarquer plusieurs points que les sénateurs, selon eux, se doivent de prendre en compte.

«Légitimer l’injustifiable»

À commencer par l’accompagnement des femmes abandonnés ou violées qui vivent une grossesse non désirée. Deuxième point, et c'est le plus décisif selon les évêques signataires: la manière dont on pourrait légitimer «la mort injustifiable d'un innocent».

Et l’épiscopat de clamer que cette défense de la vie dépasse de loin toute prise de position d’ordre purement religieux, pour rejoindre un ordre «humaniste et rationnel, au-delà des croyances religieuses personnelles de chacun».

Le refus de l’arbitraire

Selon eux, une démocratie qui ne respecte pas toute vie humaine peut verser de manière plus ou moins visible dans la dictature de ceux qui détiennent le plus de pouvoir, dès lors que la vie du plus faible n'est plus respectée, et que la liberté devient occasion de domination et d'arbitraire.

Le Créateur, rappelle les évêques, a confié la vie à l'homme, non pas pour qu’il en dispose arbitrairement, mais pour «qu’il la garde avec sagesse et l'administre avec fidélité et amour».

Mercredi 8 août prochain, jour du passage du texte de loi devant le Sénat, une grande «Messe pour la vie» aura lieu en la cathédrale de Buenos Aires, présidée par le cardinal Mario Poli, archevêque de Buenos Aires et primat d'Argentine. La messe sera concélébrée par Mgr Oscar V.Ojea, évêque de San Isidro et président de la conférence épiscopale du pays.

En Argentine, l’interruption volontaire de grossesse est interdite, sauf en cas de risque pour la santé de la mère ou en cas de viol.

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01 août 2018, 16:52