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Des réfugiés Rohingyas fuyant au Bangladesh, le 2 novembre 2017 Des réfugiés Rohingyas fuyant au Bangladesh, le 2 novembre 2017 

Birmanie: Les évêques alertent sur la «contre-productivité» des sanctions internationales

À quelques semaines de la visite du Pape François dans le pays, l'Église birmane redoute l’effet «contre-productif» des sanctions internationales imposées au pays suite à la repression de la communauté rohingya.

Par Delphine Allaire

Les évêques birmans redoutent l’effet «contre-productif» des sanctions internationales imposées à leur pays pour la vaste campagne de répressions menée depuis août envers la minorité musulmane des Rohingyas, ont-ils fait savoir à l’agence de presse asiatique UCAnews, le 30 octobre.

«La Birmanie a besoin d’une aide internationale pour se reconstruire, les sanctions ne représentent pas la meilleure solution» a expliqué Mgr Alexander Pyone Cho, évêque de Pyay (ouest du pays).

«Les États-Unis et la communauté internationale devraient envisager une autre approche en tentant de collaborer avec le gouvernement  Suu Kyi au lieu de faire pression et d’imposer des sanctions dans un pays en pleine transition démocratique » a-t-il ajouté. 

La ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement Aung San Suu Kyi, est ainsi fortement discréditée par cette crise humanitaire mais s’avère toutefois soutenue par l’évêque de Pyay. Mgr Pyone Cho assure qu’elle a «fortement encouragé le développement du pays».

Quant au directeur de la communication de la conférence des évêques birmans, le père Mariano Soe Naing, il estime ces sanctions internationales «contre productives” car celles-ci « freineront les reformes amorcées pour développer la croissance et endiguer la pauvreté du pays».

Depuis août 2017,  près de 600 000 Rohingyas ont fui au Bangladesh, selon l'ONU. Le 23 octobre, les Etats-Unis ont donc annoncé leur intention de réduire davantage leur aide aux unités et officiers birmans impliques dans les violences a l’égard de la minorité Rohingya. «Nous exprimons notre plus grande inquiétude face aux récents événements dans l'État Rakhine et aux violents abus traumatisants que les Rohingyas et d'autres communautés ont endurés», déclarait Heather Nauert, porte-parole du département d'État, dans un communiqué en annonçant une série de mesures punitives. 

La suspension des visas et des avoirs des chefs militaires impliqués dans la répression est notamment à l’étude par les autorités américaines. Si la Birmanie avait déjà fait l’objet de sanctions américaines en 1997 lorsque la junte militaire était au pouvoir, mais celles-ci avaient été levées en octobre 2016 par le président Barack Obama.

Une des craintes majeures soulevées par ces nouvelles sanctions serait la remise en orbite de la Birmanie par la Chine, qui a des intérêts économiques croissants dans le pays, d’après le père Soe Naing. «Ce n’est pas la meilleure option pour garantir une transition démocratique».

Contrairement aux précédentes sanctions américaines, celles-ci ne devraient cibler que les militaires. Néanmoins, la question demeure délicate. «La communauté internationale devrait exiger l’amélioration des droits humains chez les militaires, au lieu d’exercer des pressions constantes. Cela fragilise le lien essentiel à la transition démocratique qui unit militaires et société civile…», jauge Yan Myo Thein, analyste politique basé à Yangon. 

Le Pape François est attendu en Birmanie le 27 novembre, il se rendra également au Bangladesh voisin, jusqu’au 2 décembre. 

(DA) 

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02 novembre 2017, 19:37