Cardinal Czerny: les évangélisateurs du Congo, témoins de l’amour

Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

«Des forêts jusqu’à la savane, des savanes jusqu’à la mer, comme un seul peuple nous venons rendre grâce à Dieu pour la joie de l’Évangile», a déclaré le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral à l’entame de son homélie, citant un passage de l’hymne nationale «la congolaise». Cette messe a été célébrée en présence du président de la République congolaise, des membres du gouvernement, des autorités militaires et civiles ainsi que des hôtes venus des pays voisins.

Hommage aux pionniers de l’évangélisation

«Depuis 1883, grâce au zèle missionnaire des pères Antoine-Marie-Hippolyte Carie et Prosper Philippe Augouard de la Congrégation su Saint-Esprit, «la joie de l’Évangile remplit le cœur et la vie de ceux qui rencontrent Jésus» ici au Congo», a rappelé le représentant du Pape.

Tout en saluant la mémoire des premiers ouvriers de cette moisson, le préfet du dicastère pour le développement humain intégral a rendu un grand hommage aux «vaillants catéchistes qui ont su faire corps avec cette recommandation du Christ» d'évangéliser tous les peuples. Il a rassuré par ailleurs que cette joie qui se vit à Brazzaville aujourd’hui est celle de l’Église universelle, voyant la détermination des fidèles chrétiens qui, après avoir accueilli l’Évangile proposé par les missionnaires, restent «assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières».

Le cardinal Czerny n’a pas manqué de mentionner à titre illustratif une multitude de «groupes fondés par vos propres missionnaires et orientés vers une intelligence intériorisée de la foi, grâce à l’utilisation de tous les éléments culturels capables d’exprimer la foi et l’agir des chrétiens, un ferment évangélique puissant». Voilà le motif de la joie des hommages pour les œuvres accomplies par les missionnaires «relayés aujourd’hui par un clergé local créatif, courageux et missionnaire dont les efforts sont à saluer et à encourager, sans oublier les consacrés». La célébration de ces 140 ans de l’évangélisation au Congo marque une station importante vers les 150 ans, a ajouté le cardinal polonais. Il s’agit entre autres d’«ouvrir davantage nos cœurs au Christ dans une dynamique synodale, en prenant encore plus en compte les démunis, les plus pauvres».

Les évangélisateurs du Congo, apôtres de l’amour

Commentant les textes de l’évangile de ce dimanche de la solennité de la sainte Trinité, le cardinal a rappelé le sens de l’amour qui se dégage de la relation qui unit le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Pour lui, ils sont «Un parce qu’ils sont amour, cet amour qui est plus fort que le mal». C’est cet amour trinitaire qui a animé les missionnaires. Car, ils «devenus des disciples missionnaires de la miséricorde, témoins de l’amour infini de Dieu lui-même». Ainsi, cette œuvre mérite d'être poursuivie afin de toujours communiquer cet amour trine qui est «toute l’essence du christianisme, parce que c’est l’essence de Dieu lui-même».

C’est dans ce sens qu’il a invité ceux qui sont ordonnés prêtres d’avoir ce «même regard d’amour qu’est né votre appel au sacerdoce». Le porteur du message du Pape François les a invités à «devenir le personnel de la maison de la Miséricorde». Car, a-t-il poursuivi, «dans un monde souvent brisé par des attentes déçues, le prêtre écoute, il parle, il guérit et soigne, au nom de Jésus». Cet amour, a-t-il assuré, «est indispensable pour rendre les hommes heureux». Aussi faut-il savoir accompagner le peuple de Dieu dans leur cheminement vers Dieu en participant à leur vie, ce qui est la caractéristique de la vie du disciple. Car, «les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, doivent être aussi les joies et les espoirs, les tristesses et angoisses des disciples du Christ».

Poursuivre l’évangélisation avec zèle et respect

En invitant les nouveaux prêtres à emboiter les pas des missionnaires qui ont apporté la Bonne Nouvelle, le préfet du dicastère pour le développement humain intégral les a exhortés à donner «au Congo l’élan et l’enthousiasme qui dérivent de votre expérience de foi vivante, une expérience qui ne porte pas atteinte aux attentes du vivre humain, mais les exalte dans la participation à l’expérience même du Christ». Il leur a demandé d’être à l’image de la Trinité Sainte, et de «travailler pour l’unité de la Nation et du Corps du Christ».

Par ailleurs, le cardinal Czerny les a invités, non seulement à être des porteurs de l’Évangile, mais de vivre les valeurs évangéliques en témoignage de leurs engagements et de leur appartenance au Christ. «Lisez et méditez assidûment la Parole de Dieu afin de croire ce que vous avez lu, d'enseigner ce que vous avez appris dans la foi, de vivre ce que vous avez enseigné», a-t-il demandé.

Dieu, source de l’unité

Avant de conclure son exhortation, le représentant du Pape a invité les fidèles du Congo à fonder leur unité en Dieu qui en est la vraie source. «Cette unité est à rechercher sans relâche car l’unité est une particule identitaire du chrétien que nous sommes», a-t-il poursuivi, fustigeant des «attitudes partisanes, ethniques et claniques même au sein de l’Église» qui constituent un frein à cette unité. Au Congo, l’Église du Christ est «unique et inclusive, rassemblant tous les fils et filles de Dieu sans distinction de races, d’ethnies et couleurs» a insisté le cardinal Czerny, citant l'encyclique Fratelli Tutti du Pape François. Il a invité dans ce sens les chrétiens catholiques du Congo à prêcher «l’unité et l’amour». Pour finir, il a rappelé les recommandations du Saint-Père lors de son dernier voyage apostolique en Hongrie: «une bonne pastorale est possible si nous sommes capables de vivre cet amour que le Seigneur nous a commandé et qui est un don de son Esprit».