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Côte d'Ivoire: les évêques appellent à la construction d'une paix durable

A l’occasion de la 26è journée nationale de la paix, célébrée le 15 novembre, l’épiscopat de Côte d’ivoire a invité tous les ivoiriens à s’engager pour la construction d’une paix durable dans le pays. Les évêques rappellent aux autorités l’urgence de la redistribution des richesses nationales, les invitant à intensifier la lutte contre l’orpaillage clandestin et l’accaparement des terres agricoles.

Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican

L’Église-famille de Dieu en Côte d’Ivoire a célébré le 15 novembre la 26è journée nationale de la paix. A cette occasion, les évêques du pays ont tenu à «exhorter la communauté nationale et interpeler la conscience de chacun sur la valeur de la paix et la nécessité de faire sa promotion».

Construire une nation plus unie et solidaire

Dans le message présenté par Monseigneur Bruno Yedoh, évêque de Bondoukou et président de la commission épiscopale de la pastorale sociale et pour le service du développement humain intégral, les évêques soulignent qu’après les crises et conflits qui ont affecté le pays, tous les ivoiriens aspirent à une paix durable. «Chacun a le devoir sacré de relever le défi de construire dans la paix une Nation plus unie, plus solidaire, pour les générations présentes et à venir», a rappelé l’épiscopat ivoirien. Ce défi ne sera relevé, insistent les évêques, «que dans un environnement politique apaisé et par une pratique inventive du jeu politique débarrassé de toutes formes d’arrogance et de condescendance». 

Encourager la consolidation de la paix

Les évêques ivoiriens apprécient les «avancées politiques notables» dans le pays, saluant notamment la tenue de la cinquième phase du dialogue politique, qui s’est tenue du 16 décembre 2021 au 4 février 2022, à l’initiative du président de la République, Alassane Ouattara. Ce dialogue a permis une décrispation politique marquée notamment par la rencontre, le 14 juillet dernier, de M. Ouattara avec ses prédécesseurs, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.

Pour l’épiscopat ivoirien, la grâce accordée à M. Gbagbo, la liberté provisoire accordée à certains détenus militaires et les conditions favorables au retour des exilés sont des gestes qui constituent un «gage de renforcement de la cohésion sociale et de l’unité de tous les enfants» du pays. 

Lutter contre l’orpaillage clandestin

Tout en saluant les performances économiques, les prélats soulignent que «beaucoup reste à faire». Il y a encore «des situations humaines préoccupantes» qui rappellent «l’impérieuse urgence de la redistribution des richesses nationales à travers des investissement sociaux accrus». Les évêques évoquent en particulier le phénomène de l’orpaillage clandestin qui prend de l’ampleur ces dernières années.

«La ruée anarchique des assoiffés du métal jaune n’est pas sans conséquences sur les localités dans lesquelles ils s’installent», s’inquiète l’épiscopat ivoirien. Cette exploitation illégale de l’or impacte négativement l’environnement, provoquant «l’excavation des terres agricoles, la pollution et la destruction du lit des cours d’eaux due à l’utilisation du mercure, la déforestation et la destruction du couvert végétal». Elle constitue par ailleurs un problème de santé publique, alertent les évêques, qui invitent le gouvernement à «intensifier la lutte contre cette activité». 

L’accaparement des terres

Le message de l’épiscopat ivoirien fustige également l’achat massif de terres agricoles par les multinationales; une «menace pour le développement et la sécurité alimentaire» du pays. Cette nouvelle forme d’agro-colonialisme «prive les paysans de leur moyen de production» et asphyxie ainsi l’agriculture familiale, dénoncent les évêques. Ils invitent le gouvernement à «prendre le parti des paysans en se disant qu’ils sont aussi créateurs de richesses et, par conséquent, doivent bénéficier de la protection publique».

Le 15 novembre a été institué journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire par l’ancien président Henri Konan Bédié, à travers le décret n° 96-205 du 7 mars 1996. C’était au lendemain des troubles de l’élection présidentielle de 1995, qui avaient occasionné officiellement une trentaine de morts.

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18 novembre 2022, 15:03