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Afrique: la COP 15 sur la désertification et la sécurité alimentaire au Sahel

Du 9 au 20 mai prochains se tiendra à Abidjan, en Côte d’Ivoire, la COP 15 sur la désertification et la sécurité alimentaire, particulièrement au Sahel. Ahmed Pathé SENE, responsable régional environnement et changement climatique au Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), a expliqué à Vatican News les tenants et les aboutissants de cette conférence.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

La COP 15 est la 15ème édition de la Conférence des parties, c’est-à-dire des États signataires d’un accord multilatéral sur la désertification et la sécheresse. Elle va regrouper du 9 au 20 mai 2022, à Abidjan en Côte d’Ivoire, au moins 5 000 participants de plus de 160 pays. Au moins 15 chefs d’États sont également attendus à ces assises. Ils traiteront des questions liées à l’environnement, à la désertification au Sahel, à la fertilité du sol et à la sécurité alimentaire dans certaines zones du continent africain, comme le Sahel et la Corne d’Afrique.

Désertification et sécurité alimentaire au Sahel

Pour M. Sene, le Sahel est actuellement l’une des zones les plus fragiles au monde en ce qui concerne le changement climatique et la désertification, qui entrainent l’infertilité des sols. Il s’ensuit la baisse des rendements agricoles; ce qui crée l’insécurité alimentaire et pousse les populations à migrer vers d’autres endroits beaucoup plus hospitaliers. Outre le changement climatique, indique M. Sene, l’action de l’homme et le surpâturage sont aussi en grande partie responsables de cette situation: «la hausse des températures, la pluviométrie qui augmente ou qui arrive avec beaucoup d’intensité, des pluies diluviennes en un laps de temps, combinées à l’effet de l’homme : (l’agriculture anthropique, la monoculture, des pratiques agricole non indiquées contribuent à ce qui arrive)».

Des méthodes endogènes pour lutter contre l’insécurité alimentaire

Pour lutter contre la désertification qui cause l’insécurité alimentaire au Sahel, M. Sene rassure qu’il existe des solutions alternatives endogènes, en plus de celles qui proviennent d’ailleurs. Il y a par exemple la régénération naturelle assistée, une technologie qui permet de produire dans des zones extrêmement arides où le stress hydrique est très élevé. Elle est déjà pratiquée dans certains pays comme le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. La technique de demi-lune permet, quant à elle, de garder l’eau pendant des périodes où la pluviométrie est faible. D’autres techniques d’intensification sont liées à la production en dehors de la saison pluviale, a-t-il indiqué, en mentionnant l’irrigation au niveau des bassins d’eau, les techniques de gestion de couloir de pâturages, etc. Toutes ces méthodes sont «des techniques d’adaptation au changement climatique», qui donnent déjà des résultats satisfaisants permettant d’augmenter le rendement des cultures, a déclaré Pathé Sene.

Beaucoup de promesses non tenues

Pour M. Sene, la solution au changement climatique passera aussi par la justice climatique, car ce sont les pays qui polluent le moins qui subissent le plus les impacts et les dégâts. Malheureusement, constate-t-il, il y a beaucoup de promesses d’une COP à une autre depuis Paris, mais les financements sont encore en-dessous des attentes, s’agissant particulièrement de l’adaptation, pour lequel les pays africains ont plus besoin de s’investir. «On attend 100 milliards de dollars par an pour pouvoir inverser la tendance… malheureusement ce qui arrive est encore faible. Et quand ça arrive, c’est dans des mécanismes de financement où tous les pays ne peuvent pas accéder à cause de la technicité…», a révélé le responsable régional environnement et changement climatique au FIDA.

Des avancées attendues à l'issue de la COP 15

A l’issue de la COP 15 est attendue une déclaration politique qui devra guider les orientations et décisions des programmes qui vont être développés dans les pays. Il est également attendu un programme dénommé «Abidjan legacy program» – programme héritage d’Abidjan –, qui sera annoncé par le gouvernement ivoirien et qui portera sur la pratique de «l’agriculture durable et résiliente au changement climatique, qui a en son sein la gestion des terres et de la désertification», a indiqué M. Sene. C’est un exemple qui pourra être mis en œuvre dans la sous-région et dans le monde, surtout pour des cultures de rente comme le cacao et l’acajou, dont la pratique a aussi contribué à la désertification du sol, a-t-il indiqué.

Le responsable régional environnement et changement climatique au FIDA espère une mise en œuvre des accords, afin de parvenir à la mobilisation des financements, pour renfoncer la résilience des communautés des plus vulnérables.

Il existe trois types de COP dédiées respectivement à la désertification, au changement climatique et à la biodiversité. Elles ont été créées en 1992 après le sommet des Nations Unies de Rio sur la Terre. La COP sur la désertification concerne les questions de désertification et de sécurité alimentaire. Elle se tient tous les deux ans. Celle sur le changement climatique, dont la 26ème édition s’est tenue à Glasgow, en Ecosse, en novembre 2021, se tient chaque année. En 2022, elle se tiendra à Charm El-Cheikh, en Égypte. La COP sur la biodiversité s’organise également tous les deux ans.

Suivre l’interview accordée à Vatican News par M. Amath Pathé Sene

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07 mai 2022, 12:25