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Maurice : le Conseil des religions critique les règlements anti-Covid

Face à la recrudescence de l'épidémie de Covid19, le gouvernement mauricien a annoncé de nouvelles restrictions qui sont entrées en vigueur depuis vendredi 12 novembre 2021. Au nombre des mesures figurent notamment l'accès aux paroisses limité à 10 personnes et la fermeture des lieux de culte où la surveillance n'est pas possible. Ces décisions ont été prises sans l'avis des chefs religieux, qui ont émis un communiqué invitant au dialogue..

Les prêtres pourront célébrer les messes et autres sacrements en dehors des églises et un maximum de 50 personnes pourra y assister. C'est ce que prévoit l'amendement n° 3 du règlement sur le Covid-19, expliqué par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à la population avant son entrée en vigueur. Dans un communiqué, le père Jean Maurice Labour, administrateur du diocèse de Port-Louis en l'absence de l'évêque, le cardinal Maurice Piat, a déclaré que jusqu'à ce que de nouvelles directives de l'État soient publiées, les fidèles doivent d'abord s'inscrire auprès des secrétariats des paroisses pour pouvoir participer aux célébrations eucharistiques le dimanche et en milieu de semaine. Le catéchisme pour les enfants a également été suspendu, conformément à ce qui a été décidé pour les écoles primaires et secondaires, qui ont cessé de suivre les cours. Face à ces restrictions, le Conseil des religions (CoR), dans une déclaration publiée sur le portail du diocèse de Port-Louis, exprime son mécontentement face aux décisions prises sans consulter les responsables religieux.

Les représentants religieux appellent au dialogue avec le gouvernement

«Le Conseil apporte son soutien à toute action qui vise à faire reculer la pandémie», indique le communiqué.  Par ailleurs, «tout en soulignant qu'un gouvernement doit gouverner, le Conseil tient toutefois à rappeler que gouverner dans le dialogue demeure la formule préférée des Mauriciens». Le CoR, qui promeut la coexistence multiculturelle et multiethnique, reconnaît que la situation actuelle est grave, qu'il y a toujours des pertes en vies humaines, que de nombreuses familles vivent plusieurs deuils et que la tristesse et la peur sont les sentiments les plus courants en ce moment. Mais tout en reconnaissant la nécessité de mesures restrictives pour briser la chaîne de transmission du virus, l'organisme critique les dernières réglementations gouvernementales. «Il y a un amalgame qui traduit un manque de sensibilité culturelle et religieuse», poursuit le communiqué. «Notre but n'est point de polémiquer. Notre souhait serait que les rassemblements religieux type prière au temple, à la mosquée, les messes et les cultes soient autorisés pour un maximum de 50 personnes et que ces lieux soient bien ventilés et aérés, et que les rencontres soient organisées dans l'application stricte des règles sanitaires», précisent les chefs religieux.

La solidarité avant tout

Dans l'archipel de Maurice, les mesures anti-Covid ont imposé la fermeture des bars et des clubs ; les activités culturelles et les concerts sont interdits ; les spectateurs ne sont pas autorisés à assister aux compétitions sportives ; seules les personnes vaccinées peuvent aller au restaurant ; un test Covid négatif est requis pour entrer dans les îles. Les personnes vaccinées ayant un test antigène récent peuvent séjourner dans les hôtels et autres établissements, tandis que les personnes non vaccinées doivent d'abord observer 14 jours de quarantaine. Pour le Conseil des religions, chaque responsable religieux devrait être chargé de faire appliquer les réglementations anti-Covid. «Nous avons besoin de dialoguer et nous rencontrer, politiciens, opérateurs économiques, acteurs de la société civile, religieux, etc. », souligne le Conseil des religions. En ces jours où la souffrance et l'espoir se rencontrent au quotidien, poursuivent les chefs religieux, il serait souhaitable de se laisser gagner par la compassion, la compréhension et la conciliation dans la lutte contre l'ennemi invisible. «Aux premiers jours du Covid, nous avions redécouvert l'Autre. Nous ne nous regardions pas avec nos filtres communautaires, sectaires ou religieux. Nous avions appris la Solidarité. Nous partagions le peu que nous avions. Avant de manger, l'on s'inquiétait de savoir si le voisin avait de quoi se mettre sous la dent... Soyons davantage gardien de nos frères et laissons notre prochain respirer dans les lieux d'espérance!», conclut le communiqué.

Actuellement présidé par le père Philippe Goupille, le Conseil des religions a été officiellement créé en 2001 à la suite d'un appel lancé par les Nations unies aux chefs religieux de chaque pays pour qu'ils travaillent ensemble à la promotion de la paix. Composé de onze membres exécutifs représentant les principales confessions présentes sur les îles et les différentes dénominations chrétiennes (catholique romaine, anglicane, presbytérienne), les activités du CoR comprennent la sensibilisation à la lutte contre le sida et la gestion de la faculté de dialogue interconfessionnel de l'université locale.

 

 

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19 novembre 2021, 12:06