Cameroun : les adieux au Cardinal Tumi

L’Eglise du Cameroun a célébré, le 20 avril 2021, les obsèques de l’archevêque émérite de Douala, le Cardinal Christian Tumi, décédé des suites d’une maladie, dans la nuit du 2 au 3 avril 2021 à Douala.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ* (avec Sr Paule Valérie Mendogo) - Cité du Vatican

Des délégations venues des Etats-Unis d’Amérique, de la République du Congo, de la République démocratique du Congo, du Nigeria, du Burkina-Faso, du Togo, du Gabon, et de la Centrafrique, ont pris part à la messe d’inhumation, présidée par l’archevêque de Ouagadougou et Président en exercice du symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, SCEAM, le Cardinal Philippe Ouédraogo, en présence du Nonce apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale, Mgr Julio Murat, de tous les évêques du Cameroun, ceux du Gabon, du Togo, des deux Congo, des milliers de prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs. On a aussi remarqué la présence de plusieurs ministres, et personnalités politiques, religieuses et traditionnelles, parmi lesquels le premier Ministre chef du Gouvernement, Joseph Dion Nguté, représentant personnel du chef de l’Etat Paul Biya, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji ; le Sultan Roi des Bamoun, Mbombo Njoya ; Ni john Fru Ndi et Cabral Libii.

Elever une action de grâce à Dieu

C’était la mobilisation générale, dans le pays pour accompagner ce pasteur dans l’éternité. Ce dernier, tout en servant Dieu en son Eglise, aura grandement contribué à l’amélioration de   la vie sociopolitique et économique de son pays. Le Cardinal Christian Tumi repose désormais dans le caveau des archevêques de Douala, à l’intérieur de la Cathédrale Saints Pierre et Paul, aux côtés de ses prédécesseurs Mgr Simon Tonyè Bell, Mgr Thomas Mongo, Mgr Pierre Bonneau et Mgr Mathurin le Mailloux.

Au nom du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, le Premier ministre, Joseph Dion Nguté, a décerné au Cardinal Christian Tumi, à titre posthume, le grade de Commandeur de l’Ordre national de la valeur.

Dans son homélie, le Nonce apostolique, Mgr Julio Murat, a indiqué que « l’Eglise veut élever son action de grâce à Dieu pour lui avoir donné une personne comme le Cardinal Christian Tumi ». Pour sa part, l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo, a salué la figure d’un pasteur ferme dans sa foi, engagé pour le bien-être et la réconciliation du peuple. De son côté, le Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou et président du SCEAM, a souligné l’importante contribution du Cardinal Tumi à l’Eglise famille de Dieu en Afrique et à Madagascar, ainsi que son engagement dans la lutte pour la démocratie en Afrique. Le Cardinal Ouédraogo a profité de cette occasion pour inviter au dialogue, les parties en conflits dans la crise dite anglophone, en vue de la réconciliation, de la protection de la vie et de la restauration de la paix dans tout le Cameroun. « L’Afrique en a assez de ces Caïn qui tuent leurs frères sans aucune raison », a-t-il déclaré.

De son côté, le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, Mgr Abraham Komè, a souhaité que la semence de justice, de réconciliation et de paix que le Cardinal Christian Tumi a jetée en terre, et pour laquelle il a, sans doute, donné sa vie,  puisse germer pour la joie du peuple camerounais qu’il a tant aimé.

“Le Cardinal Tumi aidait tous ceux qui frappaient à sa porte”

L’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, quant à lui, a relevé la grande piété du Cardinal Tumi, son très grand détachement par rapport aux biens matériels et son endurance à combattre toute forme d’injustice sociale. Tous ont assuré au Cardinal Tumi, devant sa dépouille, que son précieux combat mené jusqu’à sa mort pour le Cameroun et pour l’Afrique, se poursuivra.

Des divers témoignages et autres allocutions délivrés à cette occasion, l’on retient que le Cardinal Tumi a marqué les hommes et femmes de son temps par sa grande générosité. Mgr Julio Murat a noté que « le Cardinal Tumi aidait tous ceux qui frappaient à sa porte, et ceux qu’il savait dans le besoin. Pour lui, tout était pour l’Eglise et de l’Eglise, il était un homme de foi doté d’un amour passionné pour le Christ et son Eglise.

Les membres de la société civile ont pris la décision solennelle de perpétuer les valeurs d’unité, de dialogue, d’écoute, de courage, et de respect, valeurs chères au Cardinal Tumi qui les a toujours encouragés dans leurs initiatives en faveur de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de l’amélioration du climat sociopolitique national. Les populations de la zone anglophone, venues également en masse, ont signifié que le Cardinal est leur patriarche ainsi que leur icône d’unité, d’impartialité et d’intégration culturelle et nationale.

Depuis l’annonce du décès du Cardinal Tumi, des témoignages, des messes d’action de grâce, des concerts de musique religieuse et traditionnelle, ainsi que des veillées de prière se sont enchainés pour atteindre leur pic le 20 Avril 2021. 

Une vie consacrée à Dieu

Le Cardinal Christian Tumi était né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki par Kumbo, région du Nord-Ouest Cameroun. Il a été ordonné prêtre le 17 avril 1966, pour le compte du diocèse de Buéa, à Soppo, par Mgr Julius Peeters. Par la suite, le Cardinal Tumi a été nommé évêque de Yagoua le 6 décembre 1979, avant d’être nommé, le 19 novembre 1982, archevêque coadjuteur de Garoua pour succéder à Mgr Yves Plumey à la tête de l’archidiocèse de Garoua. Le 31 Août 1991, Mgr Tumi est créé cardinal par le Pape Jean-Paul II et nommé archevêque de Douala. Il a pris sa retraite le 17 novembre 2009 et est décédé le 3 avril 2021 à l’âge de 90 ans.

Son parcours académique révèle qu’il obtient sa Maîtrise en philosophie à l’université de Lyon en France en 1969, et son Doctorat en philosophie, en 1973 à l’université de Fribourg en Suisse. Comme prêtre, il est curé de la paroisse Sacré-Cœur de Fiango, à Kumba en 1966. En 1973, il devient le recteur- fondateur du grand séminaire Saint Thomas d’Aquin de Bambui, à Bamenda. Comme Cardinal, il est, tour à tour, membre de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, membre de la congrégation pour l’éducation catholique ; membre de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements ; membre du Conseil pontifical « Cor Unum » pour la promotion humaine et chrétienne ; et membre du Conseil pontifical pour la famille.

Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va

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21 avril 2021, 15:28