2020.04.28 Pere Francois Buando, SJ 2020.04.28 Pere Francois Buando, SJ  

RD Congo / COVID19 : Témoignage d’un curé de paroisse

Le quotidien des congolais comme celui de la plupart de populations du monde, a reçu un sacré coup suite à la pandémie du Covid-19. Le père jésuite congolais François Buhando, curé de la paroisse Saint Esprit et aumônier de l’université de Lubumbashi partage son expérience.

Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican

La pandémie du nouveau coronavirus n’a pas épargné la République démocratique du Congo. Le premier cas a été enregistré dans ce pays le 10 mars 2020. Le président congolais, Felix Tshisekedi, avait ainsi décrété l'état d'urgence sur toute l'étendue du pays le 23 mars 2020. Une série de mesures barrières pour limiter la propagation de la pandémie du Covid-19 s’en est suivies : la fermeture des lieux de culte, des écoles et des universités, le lavage des mains, distanciation sociale.

«Je dis la messe en communion avec le monde entier»

Alors que la période de confinement se poursuit, le Père Buhando partage son expérience. La vie du curé, de l’ aumônier et du religieux en cette période n’a pas manqué de subir quelques réajustements : « ma vie, comme d'ailleurs celle de beaucoup d'habitants sur la planète, s'en trouve profondément affectée ». Aussi confie-t-il : « Je dois avouer que maintenant, j'ai beaucoup plus de temps de prière personnelle, de lecture, aussi du sport ». S'agissant de sa vie spirituelle, le Père Buhando souligne qu’il est vraiment intéressant de réaliser, surtout en ce qui concerne la célébration de l'Eucharistie que, comme prêtre, il dit la messe, non pas pour lui-même, mais pour le monde entier. Quand je dis la messe seul, dit-il, « je la dis en communion des cœurs et d'esprit avec le monde entier et surtout, évidemment, avec les paroissiens et les étudiants de la paroisse et aumônerie universitaire dont j'ai la charge ».

Rapport avec les paroissiens dans ce contexte

« Il faut dire que malgré la fermeture de la paroisse, je n'ai pas coupé le pont entre les paroissiens et moi. Je garde un contact régulier avec les différents responsables des communautés ecclésiales vivantes de base, CEVB », indique le prêtre jésuite.

Il fait également observer que ses paroissiens n'ont pas arrêté de prier quoi qu’ils vivent douloureusement ce temps, ne pouvant pas participer à l'eucharistie et surtout, pendant la Semaine Sainte et les festivités pascales. Ils continuent à prier, car « leur foi n'est nullement confinée ».
A la paroisse Saint Esprit, comme dans toutes les autres paroisses de l'archidiocèse de Lubumbashi, les cloches sonnent trois fois par jour : à 6 heures et à 20 heures, pour réciter le chapelet en famille ; à 12 heures pour l'Angélus ou Regina Coeli pendant ce temps de Pâques. Les familles se sont bien appropriées de ce programme de prière. A en croire les parents, témoigne le curé, ce sont les enfants plutôt qui sont les plus attentifs au retentissement des cloches de la paroisse pour rappeler aux autres membres de la famille l'heure de la prière familiale.

Le confinement, temps de croissance de sprituelle

« Quelles que soient les frustrations de ce confinement, ce temps accroît l'intensité et même l'importance de la prière familiale et personnelle », affirme le père Buhando qui estime que c’est vraiment le moment d'une adoration en esprit et en vérité. A Lubumbashi, dit-il, chaque dimanche, deux messes sont dites en swahili et en français. Elles sont retransmises en direct dans deux chaînes de radio et télévision de la place.

De l’encadrement des étudiants

La paroisse est certes fermée pour respecter les mesures prises par les autorités. Mais, la solution alternative était de visiter les étudiants dans les homes de l’université pour les saluer. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux et n'ont pas de famille sur place. Ces visites, rassure le père aumônier, se réalisent dans le strict respect des mesures d'hygiène et de distanciation sociale en vigueur.

Toutefois, d'autres étudiants sont « insérés dans les communautés ecclésiales vivantes de base de la juridiction paroissiale et bénéficient de l'un ou l'autre service pastoral minimum qui est maintenu actuellement ». En outre, la coordination des étudiants passe de temps en temps sur les cités universitaires pour prendre les nouvelles des uns et des autres.

Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever

« C'est un message d'espoir et d'espérance » déclare le père Buhando qui souligne que quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever. Nous sommes pendant le temps de Pâques, exhorte-il, gardons confiance. « Jésus Christ ressuscité est au cœur de ce temps de troubles, où le monde est comme dans une barque en plein ballottement des vents contraires », encourage le curé aumônier de la paroisse Saint Esprit. Et comme nous le rappelle le Pape François, conclut-il, le Christ est là pour nous dire « c'est moi, n'ayez pas peur ».

Père Buando, SJ

 

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28 avril 2020, 14:15