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Afrique : La radio en période de confinement

Face aux mesures de précaution prises dans plusieurs pays africains pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, la radio se profile comme un véritable outil d’information et de formation. Si elle est bien utilisée, la radio peut rassembler plusieurs fidèles chrétiens comme l’arbre à palabre en Afrique traditionnelle.

Camille Mukoso, SJ – Cité du Vatican

En Afrique, plusieurs familles gardent encore le sens de la communauté. Le soir autour d’un aîné, les plus jeunes apprennent leur culture au moyen d’histoires, de contes ou d’autres procédés culturels tels que les devinettes, les adages ou les proverbes. Cette sagesse africaine qui emballe et enchante les auditeurs se transmet toujours après une longue journée de travail, ayant ainsi vocation d’étendre la bibliothèque vivante du village. Le travail, condition sine qua non à laquelle est attaché ce processus d’apprentissage, constitue en lui-même une leçon de vie : « Celui qui ne travaille pas, n’apprend pas non plus », dirait-on. 

Le confinement dérange nos valeurs

À l’heure actuelle où le confinement devient un enjeu de vie ou de mort, la question qui se pose est celle de savoir comment continuer d’apprendre alors que les mesures de prévention contre le Covid-19 contraignent tout le monde à rester chez soi. Apparemment, le confinement peut paraître comme une mesure encourageant l’oisiveté, se mettant ainsi aux antipodes de la culture du travail sur laquelle repose le sens même de l’apprentissage familial.

Notre problème

Sous d’autres cieux, la solution semble être trouvée. On parle de télétravail ou de l’usage judicieux des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Mais en Afrique, une telle approche charrie un problème de taille. En effet, le train-train quotidien du continent est marqué par des coupures d’électricité interminables qui, des heures durant pour le mieux ou des jours pour le pire, coupent le continent du reste du monde. À cela s’ajoute le problème d’internet, du reste très couteux et très lent.

Un palliatif !

Dans ce contexte,  il n’est pas sans intérêt que certaines parties du continent –pas toutes – (re)découvrent l’usage de la radio. Cet instrument de communication a un poids énorme dans la circulation des informations par rapport aux autres moyens de communication, vu le manque de couverture du réseau électrique qui exclue une large partie de la population de l’accès à la presse, à la télévision et à l’internet.

Plusieurs évêques africains l’ont si bien compris. Dans un message relatif à la pandémie du nouveau coronavirus, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a invité les médias diocésains à adapter leurs grilles des programmes en y incluant des célébrations eucharistiques radio-télévisées et d’autres moments de prière (chapelet, chemin de croix, adoration du très saint sacrement) pour continuer à soutenir spirituellement les fidèles. Il a même annulé la retraite préparatoire à la fête de Pâques qui a lieu habituellement dans les paroisses, encourageant à la place les animations radios et télévisions.    

C’est également ce qui se passe au Sénégal. Les messes publiques étant suspendues jusqu’à nouvel ordre pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, l’Eglise du Sénégal a pris des mesures pour vivre la communion spirituelle avec les fidèles par le biais des fréquences radios. À Thiès, par exemple, de nombreuses radios locales diffusent les célébrations liturgiques et les commentaires de tous les textes liturgiques de la semaine. La même approche a été adoptée à Dakar par la radio catholique Espérance Fm. 

La radio, l’arbre à palabre

À vrai dire, l’importance de la radio en Afrique n’est plus à démontrer.  De manière assez originale, elle s’affirme comme un médiateur avec d’autres médias, notamment la presse écrite. Tout en tenant compte des préférences des auditeurs dans le choix des formats à retenir, la radio couvre de nombreux sujets et reflète également les aspirations et les besoins du public. En ce moment particulier de l’histoire marqué par la pandémie du nouveau coronavirus, la radio devient en quelque sorte l’arbre à palabre qui réunit tout le village, mais chacun restant chez soi. Cependant, il faut l’avouer : Il n’y a pas de recette magique pour  en tirer profit. Le défi consiste à savoir ce que l’on veut et désire. C’est ici que le rôle de la famille comme « église domestique » trouve tout son sens. Il s’agit de donner une orientation aux activités familiales en ouvrant la possibilité de s’unir avec d’autres chrétiens au moyen des ondes. De même qu’il est possible d’écouter de la musique pour détendre l’esprit, de même aussi il est possible de réciter le chapelet en famille, tout en suivant le programme adapté pour cette fin. 

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31 mars 2020, 17:13