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Méditation du dimanche de la Sainte famille : Jésus membre d'une famille bien concrète

Le Père jésuite Antoine Kerhuel, SJ, nous introduit à la méditation avec les textes liturgiques du dimanche de la Sainte Famille.

En ce dernier dimanche de l’année 2019, nous célébrons la fête de la Sainte Famille. Nous nous rappelons que ce Jésus dont nous venons de célébrer avec joie la naissance le jour de Noël appartient à une famille bien concrète vivant à un moment précis de l’histoire et dans un lieu bien déterminé du globe.
Comme tous les parents de la terre, Marie et Joseph ont le souci de protéger leur nouveau-né. Lorsque Joseph apprend que le roi Hérode cherche à faire mourir leur enfant, il n’hésite pas longtemps. L’évangéliste Matthieu nous apprend que, avec Marie et l’enfant, il s’enfuit en Egypte. Ensemble, Marie, Joseph et Jésus vivent cet exil jusqu’à ce que le danger soit écarté. Alors, et alors seulement, ils rentrent dans leur pays, mais par prudence, lorsqu’ils apprennent que le fils d’Hérode règne sur la Judée, ils s’installent en Galilée, à Nazareth, plutôt qu’en Judée. Deux mille ans nous séparent de ce récit, mais comment ne pas penser en cette fête de la Sainte Famille à tous ces parents qui – dans tant d’endroits différents du monde – se voient contraints de fuir leur pays d’origine, un pays qu’ils aiment pourtant, afin de préserver l’avenir de leurs enfants. Beaucoup le font dans des circonstances dramatiques, parce que la guerre, la famine, les violences ethniques ou les calamités naturelles ne leur donnent guère le choix : malgré tous les dangers qui se présentent sur la route de l’exil, partir est une nécessité. Découvrir dans l’Evangile un récit qui rejoint de si près les épreuves traversées par tant de familles aujourd’hui est un réconfort : Dieu ne saurait être insensible à nos épreuves car, en Jésus, Dieu lui-même les a vécues.
Nous pouvons aussi remarquer combien, dans le texte de l’Evangile lu aujourd’hui, Joseph se tient à l’écoute du Seigneur. Joseph est un homme qui, dans l’exercice de sa responsabilité paternelle, demeure attentif aux signes que le Seigneur lui donne. Loin de se comporter comme s’il savait, par lui-même, tout sur tout, il veille. Pour lui, il est essentiel d’accueillir la manière dont le Seigneur passe dans sa vie. Sans doute Joseph avait-il d’autres projets avec Marie, et sans doute ne s’imaginait-il pas devoir quitter son pays pour devenir un exilé en Egypte. Les différents récits évangéliques restent discrets – c’est le moins que l’on puisse dire – sur la vie de Joseph, mais ils nous laissent entrapercevoir un homme tout à l’écoute du Seigneur et disposé à suivre, dans la discrétion, le chemin que le Seigneur lui montre. Il est, lui aussi, un modèle pour nous.
En cette fête de la Sainte Famille, le récit évangélique ne s’arrête pas sur la figure de Marie. Matthieu la présente comme la mère de l’enfant menacé par le roi Hérode et comme l’épouse disposée à suivre un mari qui prend les mesures nécessaires pour protéger leur enfant. Elle agit, bien sûr (comment ne le ferait-elle pas dans un exil qui se présente dans des circonstances aussi dramatiques), mais elle agit en silence. Elle ne se met pas elle-même au centre de l’action, mais sans elle l’enfant n’aurait pas été protégé. Dans le silence, elle fait ce qui est nécessaire pour que se déploie l’œuvre de salut que le Seigneur accomplit dans le monde.
En cette fête de la Sainte Famille, la liturgie nous donne certes à entendre des textes qui honorent les vertus familiales (ce sont les première et deuxième lectures de ce dimanche). Mais la liturgie nous plonge aussi - avec l’Evangile de Matthieu – dans la radicalité du service de Dieu que toute famille est appelée à rendre : un service d’écoute, vécu au quotidien, pour que le Seigneur poursuive son œuvre de vie en tout nouveau-né. Puisse-t-il en être ainsi dans chacune de nos familles !

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28 décembre 2019, 17:58