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Face à l’impasse politique, les évêques du Bénin invitent à garder espoir

Au Bénin, seulement deux partis d’une même obédience politique s’affronteront pour les élections législatives du 28 avril 2019. C’est une impasse politique que les évêques ont tenté de résoudre en vain. La machine électorale étant mise en marche, l’heure est donc à la prière en cette semaine sainte, pour éloigner « les germes et les spectres de la division ».

Cédric Mouzou, SJ – Cité du Vatican

A l’origine de cette impasse politique se trouve la nouvelle charte des partis politiques. Adoptée le 28 juillet 2018, la charte définit de nouvelles dispositions pour la création et le financement public des partis politiques dans le pays. Ainsi, seuls deux partis proches du président Patrice Talon, à savoir le Bloc républicain, BR, et l’Union progressiste UP, sont autorisés par la Commission électorale nationale autonome à participer aux élections législatives. C’est une mesure qui suscite de vives réactions de la part des partis d'opposition qui réclament des élections législatives inclusives, transparentes, démocratiques et crédibles. Les évêques n’ont cessé de dénoncer cette situation, notamment dans leur dernier message intitulé « la Paix, une fleur fragile », qui a été publié le dimanche des rameaux dernier, c’est-à-dire le 14 avril 2019.

La situation est inédite

« Après environ trois décennies d’expérience démocratique faite de hauts et de bas, le Bénin se trouve aujourd’hui devant une situation inédite, avec des élections législatives auxquelles participeraient seulement deux partis d’une même obédience politique ». C’est le triste constat de la Conférence Episcopale du Bénin. Depuis le mois de janvier, les évêques n’ont cessé d’attirer l’attention du peuple béninois et des acteurs politiques sur les tensions latentes qui risquent d’exploser si rien n’est entrepris « pour sortir notre pays, le Bénin de l’ornière de la mal gouvernance et du sous-développement ». Les évêques béninois ont fait couler beaucoup d’encre, appelant à se remémorer l’esprit de compréhension qui avait prévalu lors de la conférence nationale et souveraine des années 1990. Multipliant les rencontres les acteurs politiques, ils les ont encouragés à opter pour le consensus souhaité par la majorité des béninois. Mais hélas, les efforts des évêques du Bénin ont été vains, et la République a décidé de poursuivre le processus électoral sans les réformes. Les évêques ont tout simplement pris acte de la décision des institutions politiques.

Garder l’espérance et intensifier la prière lors du tritium pascal

L’impasse politique dans laquelle se trouve le Bénin n’est pas du tout la première, rappellent les évêques. Ils se veulent rassurants : « à plusieurs reprises, notre cher pays a été confronté à des situations à hauts risques, au bord de l’impasse. Et l’Eternel Dieu Tout-puissant nous en a toujours sortis, en accordant chaque fois la grâce d’un sursaut patriotique qui nous mobilise dans la prière, pour gérer nos crises par consensus, dans l’unique intérêt de la Nation ». Ces motifs d’espérance doivent donc stimuler les béninois à user de « leurs prérogatives pour préserver à tout prix la paix et l’unité nationale ». Reprenant les expressions du Pape François contenues dans son Message à l’occasion de la Journée Mondiale de la paix 2019, les évêques rappellent que la paix est comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence. Avec la célébration, du dimanche des rameaux et de la passion du Seigneur le 14 avril dernier, l’Eglise catholique est entrée dans la semaine sainte. La conférence épiscopale du Bénin saisit ce point culminant de la liturgie, comme une occasion pour mobiliser les fidèles du Christ à intensifier la prière pour demander au Christ victorieux de la Mort et du Mal d’éloigner du Bénin les germes et les spectres de la division, de la haine, des règlements de comptes et des intérêts égoïstes, préjudiciables au bien commun et au vivre ensemble. Eclairés par l’amour de Dieu, les béninois sont, d’après les évêques, appelés à s’abstenir « de toute provocation et de toute violence physique ou verbale pour que notre pays continue de vivre dans la paix et la concorde ».
 

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16 avril 2019, 10:58