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Le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui en Centrafrique Le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui en Centrafrique 

Synode : Pour le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, ce Synode est une expression de l’Eglise avec plusieurs couleurs

L’archevêque de Bangui en Centrafrique, où les jeunes font face à la situation tragique que traverse leur pays, estime, au début des travaux de la XVe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques consacrée, qu’il faut ouvrir les portes aux jeunes.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ, - Cité du Vatican

« Mes premières impressions sont bonnes, car nous venons avec les joies et les peines de nos jeunes, nous venons faire rythmer les soucis des jeunes, les faire croiser avec l’Evangile et je vois les visages multiples ; l’expression de l’Eglise avec plusieurs couleurs venant d’Océanie, d’Afrique, d’Europe, d’Asie, tout ça c’est l’Eglise membre et corps du Christ », c’est ce qu’a affirmé Mgr Nzapalainga au premier jour du début des travaux de la XVe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques consacrée aux jeunes. Pour lui, les Pères synodaux et tous les autres participants sont venus avec toutes les préoccupations, les joies, les attentes pour les croiser et proposer les pistes selon l’Evangile, selon le cœur du Christ, au profit de la jeunesse qui en a tant besoin.

Les attentes de la Jeunesse en Centrafrique face à la crise sociopolitique

L’archevêque de Bangui, qui est sur tous les fronts pour ramener la paix dans son pays, soutient que les jeunes centrafricains, comme tous les autres jeunes dans le monde, attendent la paix, la sécurité, l’éducation. « On ne peut pas aller à l’école sous des balles, on ne peut pas vaquer à ses occupations quand on a des fusils qui circulent tout le temps. Nous pensons que plus que jamais, les jeunes en Centrafrique ont  besoin qu’on puisse désarmer ceux qui sont porteurs d’armes et qu’on puisse prendre maintenant les armes de la Foi, les armes du dialogue pour exprimer les attentes, les angoisses, les préoccupations et trouver les solutions en société », a déclaré le Cardinal Nzapalainga. Or, remarque-t-il, les armes, les fusils empêchent le développement, la croissance et maintiennent les jeunes dans l’obscurité, et l’analphabétisme. Selon lui, le rôle de l’Eglise comme sentinelle, ‘veilleur’ et prophète, c’est d’arriver à dire : « « Attention ! Ouvrons la porte à tous ces jeunes-là pour que la lumière de l’éducation advienne à leur cœur, pour qu’ils découvrent le Christ, pour qu’ils découvrent l’autre, pour qu’ils puissent grandir et assumer une responsabilité. Et si nous voulons avoir demain des jeunes centrafricains capables d’être responsables, de s’engager et être des ambassadeurs de leur pays, c’est aujourd’hui que nous devons les former. Et aujourd’hui avec ‘les obscurités’ que nous proposons, nous avons l’impression que nous faisons reculer cette jeunesse dans l’ombre ». D’où, son appel lancé à tous ceux qui portent des armes afin qu’ils désarment leur cœur et leur esprit, et qu’ils puissent se regarder en frères en humanité, en frères en Christ, pour bâtir une nouvelle République centrafricaine, pour donner la chance aux jeunes.

Faire entendre la situation des jeunes centrafricains

Le Cardinal Nzapalainga s’est réjoui que le Synode soit aussi une occasion de faire entendre la situation des jeunes de son pays. « Moi je pense que les jeunes de mon pays ont aussi besoin de rencontrer d’autres jeunes . Mais comment le faire si vous n’avez même pas l’opportunité de sortir, si vous n’avez pas les outils informatiques, avec le retard pris à cause de la guerre, et les destructions qui s’en suivent », a-t-il clamé. L’archevêque de Bangui pense, qu’on devrait, plus que jamais, faire des efforts pour donner la chance, l’opportunité à tous les jeunes afin de sortir et de découvrir un ailleurs, avec le Christ.

Quel avenir pour les jeunes membres des groupes armés ?

Le Cardinal Nzapalainga soutient que l’avenir des jeunes de son pays n’est pas dans les armes, comme certains d’entre eux le pensent. L’avenir d’un jeune c’est dans l’éducation. Or, on a fait miroiter à ces jeunes une vie d’urgence, une vie de l’immédiateté à travers une arme,  aujourd’hui et maintenant. « Nous voulons les inscrire dans la patience, dans  la durée. Nous voulons que ces jeunes apprennent à vivre des fruits de leurs efforts, pour pouvoir s’investir et gagner dans la dureté », a affirmé le Cardinal-archevêque de Bangui qui voudrait aussi que les jeunes de son pays étudient comme les autres, pour ne pas avoir l’impression de gagner une vie fugace. Il reconnait que ce n’est pas facile, parce que dans ce pays déchiré par la violence de plusieurs groupes armés, il y a ceux qui proposent justement aux jeunes des solutions immédiates et faciles. Et les jeunes n’hésitent pas à sauter sur ces fausses sollicitations. Et pour exister, selon leur entendement, ils n’hésitent pas à prendre des armes. Pour combattre cette tendance, le Cardinal Nzapalainga trouve qu’il faudrait sécuriser la société. « Cela veut dire désarmer ceux qui ont les armes, et leur dire de reprendre un stylo et écrire son avenir avec espérance. Il faut maintenant changer le paradigme, dire qu’on peut tronquer le fusil avec un stylo mais pour le long terme », a affirmé l’archevêque de Bangui.

Entretien du Cardinal Nzapalainga avec Jean-Pierre Bodjoko, SJ

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04 octobre 2018, 19:43