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Un militaire ukrainien prépare un drone de reconnaissance Furiia avant de survoler les positions des troupes russes près de la ville de Bakhmut, sur la ligne de front. Un militaire ukrainien prépare un drone de reconnaissance Furiia avant de survoler les positions des troupes russes près de la ville de Bakhmut, sur la ligne de front. 

À l’ONU, le Saint-Siège appelle à réguler les «robots-tueurs»

Alors que la première session de 2024 du groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létales autonomes (SALA) s’est ouvert ce lundi 4 mars, Mgr Ettore Balestrero, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU, a rappelé que les armes autonomes devaient toujours rester sous la supervision humaine, et a insisté sur la nécessité d'une réglementation internationale de ces armes.

Vatican News

«La recherche sur les technologies émergentes dans le domaine des “systèmes d’armes létales autonomes” -SALA-, y compris l’utilisation belliqueuse de l’intelligence artificielle, est un grave sujet de préoccupation éthique.» Dans son message de 2024 pour la Journée mondiale de la paix, le Pape François s’est inquiété des recherches actuelles sur les nouvelles technologies dans le secteur des armes létales autonomes, aussi appelées «robots-tueurs».

Ce lundi 4 mars, depuis Genève, Mgr Ettore Balestrero, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU, a cité ce message pour la paix du Pape assurant que le développement et l’utilisation de ces armes de contrôle à distance engendrent une «perception plus faible de la dévastation causée et de la responsabilité de leur utilisation, contribuant à une approche encore plus froide et détachée de l’immense tragédie de la guerre».

Une absence de jugement

La première session de travail du groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létales autonomes a débuté ce lundi 4 mars à Genève, et se poursuivra jusqu’à ce vendredi 8 mars. Mgr Ettore Balestrero est revenu dans son discours sur la distinction fondamentale entre les armes autonomes et les soldats.

«Les systèmes d'armes autonomes n'ont pas la capacité de comprendre les conséquences de causer des "souffrances excessives ou inutiles", de tuer sans discrimination ou de respecter les principes d'humanité», rappelle-t-il. Ces principes d’humanité, qui permettent de réguler la guerre et font partie du droit international humanitaire «nécessitent de l’interprétation, de la bonne foi et un jugement prudent, qui sont autant de caractéristiques humaines irremplaçables et uniques».

Devant les experts du groupe des Nations unies, le représentant du Pape a rappelé que les armes autonomes pouvaient seulement «exécuter des instructions et simuler un comportement humain», sans possibilité de juger ou de décider par elles-mêmes. «Elles ne peuvent avoir le dernier mot sur les humains», a-t-il poursuivi.

Mgr Ettore Balestrero, représentant du Saint-Siège auprès des agences des Nations unies à Genève, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Mgr Ettore Balestrero, représentant du Saint-Siège auprès des agences des Nations unies à Genève, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La nécessité d’un traité international

Alors que le monde entier constate l’augmentation de l’utilisation des SALA, plusieurs grands pays comme la Chine ou la Russie s’opposent à une réglementation internationale. Au contraire, le Saint-Siège reste en faveur d’une réglementation internationale des armes autonomes, ainsi qu’un moratoire immédiat sur leur utilisation. «Au vu du rythme des progrès technologiques, il est urgent d’obtenir des résultats concrets», assure Mgr Ettore Balestrero, qui insiste auprès du groupe d’experts pour qu’ils travaillent sur la portée des interdictions et des régulations de ces armes en fonction de leur degré d’autonomie.

En conclusion, le Saint-Siège a réaffirmé «sa forte conviction quant à la nature fondamentalement inhumaine des armes» et appelle de ses vœux une abolition de la guerre. «Le développement d'un armement de plus en plus sophistiqué, même dans le but de réduire les dommages collatéraux, n'est pas une solution à long terme», a terminé Mgr Ettore Balestrero.

Le mardi 5 mars, les Nations unies célèbreront la Journée internationale de sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération des armes dans le monde.

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04 mars 2024, 16:37