Recherche

2021.09.20 Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation 2021.09.20 Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation 

Mgr Fisichella: incarner l’Évangile dans la culture contemporaine

«L'Église ne peut être efficace dans son travail d'évangélisation si elle oublie deux aspects essentiels: comment entrer dans la culture et comment créer l'histoire», a souligné Mgr Rino Fisichella lors de la conférence sur "L'évangélisation et la vocation" à Maynooth, en Irlande, le mardi 25 avril. Pour le pro-préfet du dicastère pour l'Évangélisation, incarner l’Évangile dans la culture contemporaine, notamment la culture numérique est un défi majeur pour l’Église

Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican

L'un des aspects distinctifs du christianisme est sa capacité à s'intégrer dans l'histoire et la culture des sociétés dans lesquelles il se répand. C’est ce qu’a déclaré Mgr Rino Fisichella, dans son intervention à la conférence sur "L'Évangélisation et la vocation" qui se tient dans la ville irlandaise de Maynooth. «Comment entrer dans la culture et comment créer l’histoire», sont les deux aspects essentiels dont l'Église doit tenir compte dans sa mission évangélisatrice, a souligné le pro-préfet du dicastère pour l'Évangélisation de la section pour les questions fondamentales de l'évangélisation dans le monde. 

L’inculturation, un défi permanent pour l’Église

Prenant la parole au collège Saint-Patrick de Maynooth, Mgr Fisichella a parlé de la nécessité «d’observer les phénomènes qui obligent l'Église à repenser son travail d'évangélisation». Sans cela, l’Église perd le contact avec l’histoire. Tout comme l'Église s'est inculturée dans le passé en s'adaptant au contexte culturel de la Grèce et de Rome, et en atteignant les cultures les plus éloignées lors des grandes missions d'évangélisation au Mexique, en Afrique, au Japon et en Chine, elle est aujourd'hui confrontée au défi d'inculturer l'Évangile dans la culture numérique émergente.

Repenser l’évangélisation à l’ère d’internet

Selon le pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, si Internet offre des possibilités de dialogue, de rencontres, d'échanges d'informations et de connaissances, la véritable question «n'est cependant pas de savoir comment utiliser les nouvelles technologies pour évangéliser, mais comment devenir une présence évangélisatrice dans le monde numérique». Ainsi, précise-t-il, l'évangélisation doit offrir des espaces pour des expériences de foi basées sur la rencontre interpersonnelle, plutôt que de se virtualiser simplement, avec le risque d’être faible et inefficace. «Sans mission, il n'y a pas d'Église», a rappelé Mgr Fisichella. La mission est essentielle et implique la proclamation de la vérité du salut apporté par Jésus-Christ, «avec la responsabilité de la maintenir dynamiquement intacte jusqu'à la fin des temps». Sans mission, a-t-il ajouté, l'Eglise perd sa force et risque de s'appuyer uniquement sur ses structures sans la passion de l'annonce de l'Evangile. Pour que la mission ait un sens, explique le prélat, il est nécessaire de redécouvrir la valeur de la vérité de la foi chrétienne, sa nouveauté et son originalité. 

Au cœur de l’évangélisation, la rencontre avec le Seigneur

«L'évangélisation se fait à la lumière d'une rencontre», a rappelé Mgr Fisichella. La vocation repose également sur cette expérience personnelle de la rencontre avec le Seigneur. Et le prélat d’inviter chacun à s’interroger:

«Y a-t-il vraiment eu une rencontre? Quand ai-je rencontré le Seigneur? Qu'est-ce que cette rencontre a produit en moi? sur nos propres avons-nous vraiment fait une rencontre avec lui?»

Ces questions, a-t-il précisé, nous invitent à revenir à nos origines, à comprendre notre vocation et notre raison d'être en tant que ministres du Seigneur dans son Église, un ministère qui est avant tout rendu possible par la puissance de l'Esprit Saint.

Le récit de l'appel des disciples, dans l'Évangile de saint Luc, montre  qu'une rencontre personnelle avec le Seigneur est nécessaire pour vivre sa vocation et son ministère. Car, a souligné Mgr Fisichella, c'est sur la base de cette rencontre et de la confiance en la parole de Jésus que Pierre et les autres disciples répondent à son appel et se lancent à sa suite, abandonnant leurs filets et leurs activités de pêche pour devenir pêcheurs d'hommes.

L’accompagnement des jeunes

Poursuivant, le pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation a insisté sur le fait que l'Église n'évangélise pas uniquement en réponse aux défis de la sécularisation, mais parce qu'elle obéit au commandement du Seigneur d'apporter son Évangile à tous. Cela signifie que l'évangélisation doit être une responsabilité centrale de l'Église dans cette période historique particulière. En ce qui concerne les vocations, Mgr Fisichella rappelle la nécessité d'un grand travail d'accompagnement des jeunes, qui exige de porter une attention particulière à chaque personne engagée dans le discernement vocationnel. «Cela demande de l'écoute, et donc le silence nécessaire à l'écoute pour saisir l'intimité et la profondeur de la personne qui parle».

Cependant, «l’accompagnement n’est pas à sens unique», a clarifié le prélat. «Celui qui accompagne est aussi accompagné par celui qu'il accompagne, et il ne peut en être autrement. Le voyage s'accomplit ensemble, ou bien il est voué à l'inefficacité». En outre, rappelant les paroles du Pape Paul VI, il a souligné l’importance du témoignage de vie pour l’accompagnement dans le processus d’évangélisation: «l'homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins» ("Evangelii Nuntiandi", 41).

Accompagner, a explicité Mgr Fisichella, consiste à conduire une personne vers la liberté en conjuguant la vérité de l'Évangile avec les besoins profonds de son être intérieur. L’accompagnement conduit ainsi à «découvrir la présence d'un appel à la vérité, clé de voûte de la réalisation de la liberté», et se confier pleinement à un mystérieux projet de Dieu qui donne un sens à notre existence personnelle. Elle permet enfin de découvrir une vocation authentique qui ouvre des horizons insoupçonnés et permet le dépassement de soi. 

Rester connecté à Dieu

Au terme de son intervention, Mgr Fisichella a proposé de relire le "Journal d'un curé de campagne" de Bernanos. «Il est intéressant de noter que le curé de campagne n'a pas de nom», a-t-il relevé. Bien qu'anonyme, il est soigneusement décrit dans son caractère, sa façon de penser et d'agir, et dans ses relations avec les autres. Il devient une véritable icône de la vie sacerdotale, représentant la grâce de Dieu par sa compassion pour les autres, sa proximité avec les membres de sa paroisse et son dialogue intime avec Jésus dans son journal, a précisé l’archevêque.

Revenant en particulier sur l’union du curé de campagne avec Jésus, Mgr Fisichella a souligné la valeur de la prière pour les prêtres, un outil essentiel qui les aident à rester connectés à Dieu et à vivre leur vocation avec audace et coherence, notamment en face des nombreux défis auxquels ils sont confrontés, tels que l'indifférence, l'athéisme ou l'abandon du sacerdoce. Et le prélat de conclure en rappelant les mots du théologien, "Urs von Balthasar": «le succès d'un prêtre est toujours un miracle de la grâce»; la vanité et l'égoïsme doivent donc être évités. Les prêtres doivent donc se laisser transformer par la grâce et se tourner constamment vers Dieu afin de rester ancrés dans leur mission pastorale.

 

 

 

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

25 avril 2023, 14:37