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Solennité de l'Épiphanie
Épiphanie du Seigneur, BAV Chig. A. IV. 74, f. 11v

Solennité de l'Épiphanie

Épiphanie en grec signifie "manifestation". En Occident, on commémore la visite des Mages : à travers cet événement, le Seigneur se " manifeste " aux païens, et donc au monde. Dans les Eglises orientales, cette solennité met l'accent sur la "manifestation" trinitaire lors du baptême de Jésus dans le Jourdain. Si le jour de Noël est centré sur la naissance de l'Enfant, l'Épiphanie souligne que cet Enfant pauvre et faible est le Roi Messie, le Seigneur du monde. L'Épiphanie accomplit la prophétie d'Isaïe, que la liturgie a choisie comme première lecture : "Lève-toi et revêts-toi de lumière, car est venue ta lumière" (Is 60,1ss), comme pour dire : ne te renferme pas, ne te décourage pas, ne reste pas prisonnier de tes "convictions", ne te démoralise pas, réagis, "lève les yeux" ! Comme les Mages, regarde "les étoiles" et tu trouveras "l'étoile Jésus".

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. ... Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. (Mt 2, 1-12).

Les Mages

Les Mages "lèvent la tête" et se mettent en route, vont là où il était logique de "chercher" un roi, au palais. Leur arrivée crée un tel trouble qu'Hérode convoque les prêtres et les pharisiens, les experts des Écritures. Ils "savent" que le Messie doit naître à "Bethléem", mais leur "savoir" ne va pas plus loin. Elle ne devient pas vie, expérience. Ils restent bloqués. Ils ne se "lèvent" pas, ils restent en sécurité et à l'aise dans le palais. Les Mages viennent de loin et se sont mis en route : les prêtres et les pharisiens sont déjà tout près, mais ils sont bloqués par la cécité de leurs connaissances, de leurs certitudes, des positions de privilège... Il semble que Dieu se révèle là où l’on ne cherche pas à briller de sa propre lumière et non là où l’on recherche les feux de la gloire.

La crise

Les Mages suivirent l'étoile, mais à un certain moment ils ne la virent plus, tant était forte leur certitude que le roi était au palais : une certitude qui éblouit momentanément leur recherche, au point de leur faire perdre le chemin. Mais ensuite, ayant accepté de se remettre en question, de se "convertir", l'étoile est réapparue, les conduisant à leur destination. Ce passage est beau et important, car il nous fait comprendre que le drame de l'homme n'est jamais celui de tomber, de se tromper, mais celui de capituler face aux chutes. Comme les Mages, chercheurs de vérité, nous risquons parfois ou souvent de nous laisser éblouir par nos convictions, au point de nous égarer. Aujourd'hui, on nous apprend à ne pas avoir peur de remettre en question nos certitudes et nos conclusions, car un vrai "chercheur" sait admettre ses erreurs et repartir. Le cœur a de grands désirs, il a faim de justice et de vérité, de joie et d'espérance. Suivre l'étoile, c'est suivre ses propres désirs élevés, nobles, justes et beaux, ceux qui entrent dans le cœur et sont capables de faire bouger la vie, de te mettre en route, pour affronter les épreuves, les risques et les défaites, comme cela est arrivé aux Mages.

La rencontre avec l'Enfant, le Roi

Lorsque la recherche est animée par la vérité, alors on trouve ce que l'on cherche et on est capable de le saisir même à partir d'un " un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire " (Lc 2,12, messe de la Nuit de Noël). Ce passage est intéressant. Il ne suffit pas de "chercher" si l'on n'a pas un cœur pur, si l'on n'est pas libre d'intérêts partisans, si l'on n'est pas animé par des sentiments de vérité.
Hérode voulait adorer l'enfant, mais nous savons que ce désir était vicié (cf. Mt 2, 16 : " Hérode se rendit compte que les mages s'étaient joués de lui... il envoya tuer les enfants ; Lc 9, 9 : " il cherchait à le voir... ", il était curieux de ses miracles). Pris par la peur et l'ambiguïté, tellement prisonnier de son pouvoir, Hérode est incapable de voir dans l'Enfant ce qu'il est vraiment, et se laisse prendre par la peur d'avoir un concurrent dangereux.

L'Épiphanie manifeste Jésus et les cœurs

L'Épiphanie ne manifeste pas seulement Jésus, le Fils de Dieu, mais elle révèle les cœurs, montrant que le Sauveur peut être accueilli (comme ce fut le cas pour les bergers et les Mages) et aussi rejeté (Hérode). Ne nous le cachons pas, de même qu'il y a "les Mages", il y a un Hérode en chacun de nous. Il y a une partie de nous qui est toujours prête à se mettre en route, pour connaître et comprendre, pour grandir et s'améliorer, se dépasser, mais il y a aussi un Hérode qui est toujours prêt à détruire les rêves et les espoirs. Mais il y a aussi un Hérode toujours prêt à détruire les rêves et les espérances, un Hérode toujours prêt à "massacrer" tous nos désirs de bien, de beau, de juste, qui n'accepte pas que nous trouvions "l'Enfant" capable de changer la vie. Des mages qui nous apprennent que la vie est un voyage qui demande à être vécu comme Jésus, et un Hérode qui nous illusionne et nous flatte que seuls le succès et le pouvoir valent la peine pour pouvoir exister.

Les cadeaux

L'or et l'encens rappellent les cadeaux de la reine de Saba à Salomon, une référence que nous trouvons également dans le psaume. Avec l'or, on reconnaît la royauté de Jésus, avec l'encens sa divinité, avec la myrrhe son humanité, étant donné que c'est une substance avec laquelle on aspergeait les corps des défunts. La lumière de l'étoile conduit toujours à un acte d'adoration, à s’incliner devant le mystère qui s’est fait proche. Elle conduit au don, mais plus encore au don de soi. C'est précisément le "don de soi" qui empêche beaucoup de personnes de se laisser attirer par Jésus, qui conduit beaucoup de personnes à craindre de perdre des positions, un confort, une sécurité, des privilèges, et qui les empêche de changer leur vie et de se convertir.

06 janvier
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